Trait d'Union Magazine Nº 6

Palme de l'espoir | janvier 2018

Trait d'Union Magazine Nº 6

Le dernier numéro de « Trait d'Union Magazine », publié par et pour les associations des riverains des plantations SOCAPALM, des syndicats des travailleurs et des planteurs de palmier à huile, vient de sortir !

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« Les femmes ici sont beaucoup menacées du fait que la SOCAPALM n’a toujours pas pu libérer les terres. »
EXTRAIT:

Entretien avec
Madame ETONDE Marie Noël
femme rurale et Présidente des femmes de la SYNAPARCAM


La SYNAPARCAM a récemment mis sur pied une branche féminine de son association. Celle-ci est présidée par une femme dynamique et ambitieuse qui a la lourde mission de faire décoller ce nouveau mouvement. TRAIT D’UNION Magazine est allé la rencontrer pour vous.
 
TRAIT D’UNION : Mme ETONDE, merci d’avoir accepté de nous recevoir pour répondre à quelques questions que nous souhaitons vous poser concernant la condition de la femme rurale riveraine des plantations de la SOCAPALM. Tout d’abord, bien vouloir vous présenter à nos fidèles lecteurs.
 
Marie Noël ETONDE : Merci au magazine Trait d’Union de s’être intéressé à ma modeste personne pour cet exercice. Je m’appelle Mme ETONDE Marie Noël. Je suis membre de la SYNAPARCAM, plantation Fiko depuis 2015 et Présidente des femmes SYNAPARCAM. Je suis également femme rurale, mère d’enfants, etc. (rires)
 
TRAIT D’UNION : Qu’est ce qui a motivé votre organisation, la SYNAPARCAM, à créer une section féminine ?
 
Marie Noël ETONDE : Notre section a été créée par notre Président National depuis Juin 2017. Celle-ci a été créée à cause des nombreux problèmes spécifiques que nous, les femmes riveraines de la SOCAPALM, rencontrons au quotidien dans nos activités des champs.

TRAIT D’UNION : Et quels sont donc ces problèmes spécifiques que les riveraines de la SOCAPALM rencontrent ?

Marie Noël ETONDE : Les femmes ici sont beaucoup menacées du fait que la SOCAPALM n’a toujours pas pu libérer les terres. Nos mamans ici ont beaucoup de difficultés parce qu’avant que la SOCAPALM privatisée ne prenne les lieux, nos mamans travaillaient les champs dans les bas-fonds. Aujourd’hui ce n’est plus possible parce qu’ils (la SOCAPALM ndlr) ont fait des tranchées de 3m de profondeur et de 2m de large qui ne permettent plus à ce moment de traverser pour accéder à ces espaces cultivables. Il faut contourner !

Par exemple, aller juste là où leurs voitures ont accès pour aller au champ. Nos mamans font 4 à 5km de marche en matinée pour arriver sur les parcelles où elles font le champ. C’est vraiment fatiguant !

Surtout pour celles qui sont déjà vieilles.

TRAIT D’UNION : Donc, les problèmes dont vous nous faites part concernent seulement les mamans et les femmes âgées ?

Marie Noël ETONDE : Pas du tout ! En dehors de ce que je viens de vous dire là, les jeunes dames qui vont dans leurs champs sont violentées. Avant tu pouvais te lever très tôt, tu vas dans ton champs et tu fais ce que tu peux et tu rentres. Aujourd’hui, elles sont obligées d’aller en groupe pour éviter de se faire agresser par les gardiens que la SOCAPALM emploie. En plus, il y a des militaires qu’elle (SOCAPALM) amène et qui n’arrêtent pas de frapper sur les gens, notamment quand ils vous croisent avec un petit lot de fruits. Pour la SOCAPALM, nous n’avons plus droit aux noix par ici. Tout ce que les villageois peuvent avoir comme noix, pour eux, ça appartient à la SOCAPALM alors qu’avant leur arrivée, nous avions l’habitude de préparer nos repas à base de noix.
 
TRAIT D’UNION : Au problème de manque de terres cultivables, s’ajoute celui de l’insécurité. Avez-vous déjà eu l’occasion de les dénoncer ? Si oui, en quelles occasions ?

Marie Noël ETONDE : C’est vrai que nous n’avons plus de terres pour les cultures. Même les bas-fonds, la SOCAPALM a tout pris ! Le viol des femmes est devenu une habitude ici. Nous nous sommes déjà trop plaints ! Les victimes de viol par les agents de sécurité de la SOCAPALM voient leurs plaintes rester sans suite. Les auteurs même de ces violences se voient mutés à d’autres postes hors de la ville et échappent à la justice. Nous avons dénoncé cela à plusieurs reprises lors de nos manifestations. Pendant la marche à Douala pour aller à la Direction Générale de la SOCAPALM, la majorité des manifestants étaient des femmes de chez nous. Même le mouvement d’humeur qu’il y a eu ici (à Souza ndlr) en 2016. N’eurent été les femmes, ils avaient tout planifié pour qu’on enlève notre Président National pour aller l’enfermer en cellule. Ce sont nos mamans de plus de 70 ans qui se sont interposées. Nous avons fait une marche ici à Souza le 14 novembre, nous sommes allées à Mbonjo faire une marche pacifique suivie d’une table-ronde pour exprimer nos réclamations.

TRAIT D’UNION : Est-ce que dans la mise en œuvre de vos activités, vous vous sentez écoutées ? Non seulement au sein de la SYNAPARCAM, mais aussi par vos autres interlocuteurs comme la SOCAPALM ?
 
Marie Noël ETONDE : Nous les femmes de la SYNAPARCAM, sentons que nous avons un très grand rôle à jouer. Les choses sont en train changer. Nous sommes en train de sortir du temps où l’apport des femmes était minimisé dans la société. Aujourd’hui nous pouvons élever la voix et les gens nous écoutent. Avant il y avait des choses qui ne se disaient pas dans la SYNAPARCAM. Mais grâce à nous ça se dit. Pour vous donner la preuve de notre influence, le DG de la SOCAPALM m’a invité pour la remise des médailles à ses travailleurs.
 
Cela est une grande reconnaissance de notre mouvement ! Le Ministre Grégoire OWONA a même interpellé de manière voilée le DG de la SOCAPALM pour l’inviter à discuter avec nous de la SYNAPARCAM parce que nous représentons les populations riveraines.

TRAIT D’UNION : Nous sommes arrivés au terme de notre entretien, le magasine Trait d’Union vous remercie pour votre disponibilité.

Marie Noël ETONDE : C’est moi qui vous remercie et au nom de toutes les femmes de la SYNAPARCAM, je vous souhaite bon courage pour votre mission.

Propos recueillis et rapportés par Joël NOMI TCHOUMI
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