Débat sur l’accaparement des terres : et l’égalité entre hommes et femmes dans tout ça ?

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Michael Foley Photography/Flickr

Commercial Pressures on Land | 7 février 2011

par Julia Behrman, Ruth Meinzen-Dick et Agnes Quisumbing*

Les transactions foncières à grande échelle menées par les investisseurs étrangers dans les pays en développement -- aussi désignées sous le nom d’« accaparement des terres » -- ont suscité une attention considérable ; cependant on n’a pas assez prêté attention aux spécificités de genre dans ces transactions. Une approche tenant compte de l’égalité des sexes est essentielle si l’on veut vraiment comprendre l’impact des transactions foncières. Les hommes et les femmes ont des opportunités, des rôles et des droits différents au sein de la société et sont affectés différemment par les changements sur les régimes fonciers liés aux transactions foncières à grande échelle. La logique derrière l’attention portée à la problématique hommes/femmes dans l’agriculture dérive d’un ensemble varié de preuves qui démontre la contribution cruciale des femmes, sous de nombreuses formes, à l’amélioration de la productivité agricole familiale, de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Des témoignages indiquent que dans de nombreuses parties du monde les hommes et les femmes utilisent les ressources différemment : les femmes sont plus susceptibles de dépenser leurs revenus en nourriture, soins de santé et pour l’éducation de leurs enfants. La recherche empirique démontre aussi qu’augmenter les ressources contrôlées par les femmes revient à promouvoir une productivité agricole accrue. Les investissements fonciers encouragés au nom du ‘développement rural’ manqueront donc leurs objectifs, à moins de s’attacher tant aux besoins des femmes qu’à ceux des hommes.

Les acteurs internationaux intéressés par les transactions foncières à grande échelle – que ce soient des investisseurs, des chercheurs, des professionnels du développement ou des organisations de la société civile – doivent distinguer les diverses manières dont ces transactions affectent les membres de la population locale. Avant tout achat de terres, il est essentiel de comprendre quels individus, au sein de la communauté, possèdent des droits fonciers, et comment le sexe, l’âge, la situation familiale, l’appartenance ethnique ou d’autres facteurs distincts peuvent influencer ces droits. Souvent, les femmes rurales pauvres n’ont pas accès à la terre, ni de statuts fonciers garantis ou de droits fonciers coutumiers, et les femmes âgées doivent faire face à d’autres défis tels que la mainmise sur leur propriété. L’accès limité des femmes à la propriété foncière les dessert encore plus dans les négociations de transactions foncières. Des témoignages recueillis en Indonésie et au Mozambique indiquent que les femmes sont souvent exclues des consultations et négociations formelles et informelles concernant des transactions foncières potentielles, et que les dédommagements sont souvent payés aux élites locales. Les hommes et femmes au niveau local non seulement ne reçoivent pas forcément de compensation pécuniaire à taux égal, mais ils ne bénéficient pas forcément non plus à part égale d’un nouvel emploi, d’opportunités génératrices de revenu, ou de services auxiliaires tels qu’équipements sanitaires, infrastructures ou structures pédagogiques liés aux transactions foncières. Tout aussi importante est la question de savoir quels seront les groupes de population affectés par les impacts des transactions sur l’environnement, en particulier l’accès à l’eau, aux combustibles et aux fourrages. Ces questions sont particulièrement importantes pour les femmes, qui sont généralement responsables des tâches domestiques. L’agriculture sous contrat – souvent assumée comme une alternative plus équitable pour les pauvres – présente aussi des spécificités de genre différentes selon la personne qui, au sein de la famille, reçoit une rémunération pour le travail sous contrat.

Outre une plus grande prise de conscience des implications et impacts des transactions foncières à grande échelle sur les questions de genre, des mécanismes d’exécution efficaces sont nécessaires pour assurer que les investisseurs respectent les législations nationales du travail et tiennent leurs promesses de fournir des biens et des services aux communautés locales. Des instruments de Suivi-Evaluation sont également nécessaires pour contrôler l’impact des transactions foncières à grande échelle sur les hommes et les femmes au niveau local. Enfin, les transactions foncières ne s’effectuent pas dans un cadre isolé ; il faut tenir compte du contexte dans lequel elles s’effectuent, afin d’accroître les chances de bénéfices équitables pour les hommes et les femmes pauvres.

Pour plus d’informations sur ce sujet, veuillez consulter notre document d’analyse : http://www.ifpri.org/publication/gender-implications-large-scale-land-deals

*Les auteurs sont, respectivement: adjointe supérieure de recherche au sein de la Division Pauvreté, Santé et Nutrition ; agrégée supérieure de recherche au sein de la Division Environnement, Production et Technologie, et ; agrégée supérieure de recherche au sein de la Division Pauvreté, Santé et Nutrition de l’IFPRI (Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires)

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