Accaparement de terres: quatre assassinats par semaine

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Selon l’Global Witness, 10 défenseurs environnementaux ont été tués en RDC en 2016, 9 étaient des gardes de parcs.-Photo News
L'Avenir | 15 juillet 2017

Accaparement de terres: quatre assassinats par semaine

Au moins 200 personnes ont été tuées en 2016 dans le monde en défendant l’environnement. Triste décompte réalisé par l’ONG Global Witness.

Le nombre de pays touchés par des assassinats de manifestants luttant contre l’accaparement de terres, forêts et rivières a triplé de 2015 à 2016. Un nombre record, indique l’ONG Global Witness défendant l’environnement face à des projets miniers, forestiers ou agricoles. Près de 40% des meurtres ont ciblé des personnes vivant sur des terres depuis plusieurs générations et volées par des entreprises, des propriétaires fonciers ou des acteurs de l’État. La protection des parcs nationaux n’a jamais été aussi risquée, de nombreux gardes de parcs ayant été assassinés en Afrique.

«Notre rapport dresse un très sombre tableau. La bataille menée pour protéger la planète s’intensifie et le coût se compte en vies humaines. Dans un nombre croissant de pays, de plus en plus d’individus n’ont pas d’autre choix que de s’opposer au vol de leurs terres ou à la destruction de leur environnement. Trop souvent, ils sont brutalement réduits au silence par des élites issues du monde politique et des entreprises, tandis que les investisseurs qui financent ces élites s’abstiennent de faire quoi que ce soit», commente Ben Leather, responsable de campagne pour Global Witness. Les projets sont généralement imposés aux communautés sans leur consentement préalable, libre et éclairé. Et en recourant à la force des policiers et militaires soupçonnés d’être les auteurs d’au moins 43 meurtres.

Nombre record en Colombie

Cette tendance à la hausse (le bilan était de 185 morts en 2015) se confirme; des meurtres ayant été signalés dans 24 pays, contre 16 en 2015. L’Amérique latine, théâtre de 60% de ces assassinats, reste la région la plus touchée.

«Le nombre d’assassinats enregistrés en Colombie a atteint un niveau record (37), des zones jusque-là contrôlées par des groupes de guérillas étant convoitées par des sociétés extractives et des entités paramilitaires. Les communautés qui retournent dans leur région d’origine et veulent récupérer les terres qui leur ont été volées pendant le long conflit qui a frappé le pays sont victimes d’attaques», selon Global Witness.

Vu le peu d’informations disponibles, le bilan global est susceptible d’être plus élevé encore. Les assassinats se situent au premier rang d’un arsenal de tactiques pour faire taire les défenseurs: menaces de mort, arrestations, attaques sexuelles, enlèvements et poursuites judiciaires…




+ INFOS | www.globalwitness.org

– Le Brésil reste le pays le plus meurtrier en chiffres absolus avec 49 assassinats ; le Nicaragua a enregistré l’année dernière le plus grand nombre d’assassinats par habitant (11). Le Honduras conserve son statut de pays le plus dangereux par habitant sur la dernière décennie (127 assassinats depuis 2007).

– L’exploitation minière est l’activité commerciale la plus meurtrière, au moins 33 assassinats sont liés à ce secteur. Le nombre de meurtres associés aux sociétés forestières a fortement augmenté, passant de 15 à 23 en une année, tandis que 23 assassinats sont liés à des projets agroalimentaires.

– La protection des parcs nationaux n’a jamais été aussi risquée, de nombreux gardes de parcs ayant été assassinés en Afrique.

– Surtout lié à des projets miniers, le nombre d’assassinats a triplé en Inde : 16 en 2015.

– 28 assassinats enregistrés aux Philippines, où la demande du secteur minier est tout aussi insatiable.

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