En procès face à la Socfin, journalistes et ONG dénoncent des "poursuites-bâillon"

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AFP 25.01.2018

En procès face à la Socfin, journalistes et ONG dénoncent des "poursuites-bâillon"

Des journalistes et ONG sont jugés jusqu'à vendredi à Paris, poursuivis en diffamation par la Socfin, une holding propriétaire de plantations en Afrique et en Asie et dont le groupe Bolloré est actionnaire, dans ce qui constitue selon eux des "poursuites-bâillon".

Cette holding luxembourgeoise, dont le groupe Bolloré est actionnaire à hauteur de 39%, attaque devant la 17e chambre du tribunal correctionnel les ONG ReAct et Sherpa ainsi que Le Point, Mediapart et L'Obs, qui avaient fait état en avril 2015 d'"accaparements" de terres aux riverains par ces plantations de palmiers à huile et d'hévéas.

Sa filiale Socapalm, qui opère au Cameroun, attaque pour sa part les deux ONG.

Ce procès "n'a pas d'autre but que de créer un climat d'intimidation contre les ONG et les médias", a lancé l'avocat William Bourdon, président de l'association Sherpa et poursuivi en tant que directeur de publication de son site internet. "Indigné et consterné", il a estimé que "l'ombre du groupe Bolloré est très persistante dans ce dossier".

En avril 2015, des paysans africains et asiatiques réunis en "Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré" avaient lancé des actions de protestation contre ce qu'ils appelaient l'"accaparement" de leurs terres par la Socfin, décrivant une expansion "continue" de ces plantations depuis 2008. Plusieurs médias s'en étaient fait l'écho.

Jugeant diffamatoires ces articles et un communiqué de l'ONG ReAct, repris par Sherpa, la Socfin et la Socapalm avaient attaqué en justice.

L'auteur de l'article de Mediapart, Dan Israel, et son directeur de publication, Edwy Plenel, ont eux souligné que la Socfin n'attaquait pas leur "travail", mais des citations "entre guillemets" issues d'une lettre ouverte que des collectifs des riverains avait remise en main propre à Vincent Bolloré en 2013.

Il s'agit selon lui d'une "procédure-bâillon". "On nous fait le procès de faire état de ce qui bouillonne dans la société", a-t-il estimé: "Nous sommes au cœur de la liberté d'expression".

"Nous sommes pour que la parole soit donnée aux sans-voix, même aux sans-terre", dans la "limite" du respect de la "vérité", a répondu Me Dominique de Leusse, avocat de la Socfin.

S'agissant du Cameroun, Sherpa et Bolloré avaient accepté en 2013 une médiation sous l'égide du Point de contact national français de l'OCDE, qui, saisi par Sherpa et d'autres ONG, avait relevé des "manquements" de la Socapalm concernant les conditions de vie des employés et des riverains des plantations. Un plan d'action avait été arrêté mais, selon les parties au procès, il n'a pas prospéré.

M. Bourdon a jugé, sur la base d'une enquête réalisée en 2010 par Sherpa au Cameroun, que les accaparements y sont "véridiques".

Dans une tribune publiée mercredi, des journalistes et ONG avaient dénoncé les poursuites systématiques dont ils font l'objet quand ils s'intéressent aux activités du groupe Bolloré, notamment en Afrique. Le groupe a, selon eux, quinze procédures en cours en France et à l'étranger contre des journalistes ou ONG.

Le procès doit se poursuivre toute la journée de vendredi.

  •   AFP
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