Des multinationales sur la sellette

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Conférence de presse pour le lancement de la nouvelle campagne "No corporate impunity - Droits humains avant profit" Nicole Ikuku, Dietmar Mirkes, Nélida Ayay Chilon, Paca Rimbau Hernandez, Antoniya Aggirova. (Photo: François Aussems)
Le Quotidien | 26 octobre 17 

Des multinationales sur la sellette
 
Établies à Luxembourg, ces sociétés seraient impliquées dans des affaires d’accaparement des terres dans les pays du Sud. L’ASTM exige une riposte.
 
Action solidarité tiers monde (ASTM) a lancé, mardi, la campagne «No corporate impunity- Droits humains avant profit». Dans son viseur : Adecoagro, Socfin, Clearstream…

Les multinationales sont bien souvent des entités juridiques difficilement saisissables, car composées de plusieurs entités autonomes. Mettre en cause leur responsabilité dans le cadre d’atteinte aux droits humains ou à l’environnement n’est donc pas chose aisée.
 
Il en résulte que ces sociétés jouissent la plupart du temps d’une forme d’impunité. Cela est un peu le cas avec la compagnie américaine Chevron-Texaco, en conflit depuis des années avec les communautés touchées par une pollution pétrolière en Équateur, et qui, en dépit d’avoir été condamnée en 2011 à une amende de 9,6 milliards de dollars, ne l’a toujours pas versée aux victimes. Ailleurs, l’État échoue à protéger les défenseurs des droits des victimes, souvent victimes de violences ou, pire, d’assassinats.

Rien que pour l’année 2016, Global Witness recense 200 cas. D’où un mouvement qui vise à responsabiliser les multinationales, comme en France, à travers l’adoption d’une loi sur le devoir de vigilance qui permet de tenir les multinationales responsables de leurs activités. En Allemagne, des mesures plus contraignantes sont également exigées et aux Nations unies, les discussions portent actuellement sur un traité international contraignant sur les droits humains et les sociétés transnationales.

Le Luxembourg a un rôle actif à jouer

«Des solutions existent et le Luxembourg pourrait y jouer un rôle actif», note dans un communiqué l’ASTM. En effet, récemment, un rapport sur l’accaparement des terres et les droits humains, présenté devant la sous-commission «Droits de l’homme» du Parlement européen, a dénoncé l’implication de sociétés européennes dans des affaires d’accaparement des terres dans les pays du Sud. Un rapport qui cite également des multinationales établies au Luxembourg, dont Adecoagro, Socfin ou encore Clearstream.
 
«Les droits humains sont universels et le Luxembourg doit garantir le même niveau de protection des droits humains que celui qui existe sur son territoire lorsque ses multinationales agissent à l’étranger», déclare Antoniya Argirova, responsable du travail politique à l’ASTM.

Aux yeux de l’ONG, en adoptant des normes contraignantes, le Grand-Duché, qui a l’ambition de jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondialisée, donnerait l’exemple et deviendrait un moteur sur le plan tant européen qu’international. Ainsi, le Luxembourg ne risquera plus d’attirer des entreprises irresponsables en recherche d’espaces non régulés.

Actuellement, 69 % des puissances économiques mondiales sont des entreprises et non des pays, avec toutes les conséquences que cela comporte, note l’ONG. Mais contrairement aux États, elles restent en dehors du système de régulation internationale en matière de droits humains. Par ailleurs, 85 % des multinationales ont leur siège dans un pays du Nord, alors que les populations affectées par leurs activités se situent majoritairement dans les pays du Sud. «Il est du devoir des pays du Nord, où se situent les centres de décision des grandes entreprises, de mettre fin à l’impunité des multinationales», déclare Nicole Ikuku, coordinatrice de l’ASTM.
 
Frédéric Braun
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