La Guinée veut composer avec les Emirats arabes unis

Le Premier ministre guinéen Kabinet Komara

Les Afriques | 27-06-2009

Exaspérée par les sanctions économiques de ses partenaires traditionnels, la Guinée tend la main aux Emirats arabes unis.

Par Ougna Camara, Conakry

L’isolement économique de la Guinée s’accentue depuis le putsch constitutionnel de décembre dernier. L’Union européenne, les Etats-Unis, le FMI, ses principaux partenaires exigent comme préalable à tout décaissement un retour à l’ordre constitutionnel. Cette conditionnalité n’apaise pas la junte militaire au pouvoir, hantée par l’idée de « poser des actes concrets ».

Ce prêt donne l’espoir que la Guinée va bientôt bénéficier du plus grand investissement islamique de son histoire.

L’Axe Conakry-Abou Dhabi établi

Les relations de coopération et d’amitié entre les deux pays affichent une bonne mine. Au détriment de celles de l’Occident, toujours attaché aux principes démocratiques pour détacher le cordon de la bourse. Les Emirats arabes unis, qui ne veulent plus jouer un rôle de second plan dans le pays, viennent de se livrer à un véritable ballet diplomatique. En envoyant successivement à Conakry deux délégations de haut niveau. La première en date du 1er juin. Avec l’arrivée dans la capitale guinéenne du Prince Cheick Abdallah Ben Zayed Al Nahyane, ministre des Affaires étrangères. Et la seconde, 48 heures plus tard, par vol spécial, d’une équipe d’experts émiratis, spécialistes du Fonds d’investissement d’Abou Dhabi, du domaine des énergies renouvelables, de la télécommunication et des NTI. Officiellement, ces deux délégations ont fait le déplacement de Conakry pour « traduire la volonté des autorités émiraties d’accompagner la Guinée ».

Opération séduction

Dans ce nouveau partenariat, la Guinée met tous ses atouts en jeu pour séduire. A l’occasion, une coopération à trois volets est proposée par le Premier ministre guinéen Kabinet Komara.

Un axe dit « financements publics » s’intéresse à la construction d’une centrale thermique d’une puissance de 50 MW, la réhabilitation du réseau de distribution pour trois communes de la capitale. Le tout pour un coût total de 127 millions d’euros. Le gouvernement propose également un projet d’alimentation en eau potable de Conakry pour 202 millions de dollars et l’adduction d’eau dans huit villes. Il demande en outre une aide budgétaire comprise entre 20 et 30 millions de dollars pour « combler le déficit budgétaire dû à la crise mondiale et à la l’arrêt du programme avec le FMI ». Parmi les propositions alléchantes figurent aussi en bonne place les financements des investissements privés, avec, pour composante, le bail emphytéotique d’une partie des 3 500 000 ha de terres cultivables que possède le pays. Et le financement de deux barrages hydroélectriques. « Des opportunités d’investissements existent, aussi dans la mise en valeur des ressources naturelles, notamment l’or, le diamant et la bauxite, l’hôtellerie et le tourisme. Le gouvernement est disposé à faciliter l’implication de banques et assurances avec capitaux des Emirats », invite M. Komara.

Les autorités guinéennes multiplient les actes de bonne volonté pour obtenir la confiance d’Abou Dhabi. Elles promettent d’apporter leur soutien à la candidature des Emirats arabes unis, pour abriter le siège de l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), aux élections qui auront lieu au Caire le 29 juin prochain.

L’accord de financement de tous les projets n’est toujours pas obtenu. Seul un accord de prêt de 5 millions de dollars entre les deux parties, destiné au financement de la route Labé-Sériba-Madina-Gounass, au nord du pays, a pu être finalisé à ce jour. « Nous sommes venus en Guinée pour évaluer les besoins et les mettre rapidement en œuvre. Son Altesse le prince Cheick Abdallah Ben Zayed Al Nahyane a donné des instructions fermes pour que la compagnie Émirati Airlines puisse desservir Conakry. Au demeurant, nous souhaiterions avoir des informations sur la protection des investissements et des doubles taxations », a indiqué le chef de mission des experts, Shar Bou Nasr. Côté guinéen, ce prêt donne l’espoir que la Guinée va bientôt bénéficier du plus grand investissement islamique de son histoire.

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