France : le prix des terres et des prés repart à la hausse

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En 2022, 480 400 hectares ont changé de propriétaire. Photo : Cédric Faimali/GFA
La France Agrciole | 25 mai 2023

Marchés fonciers : le prix des terres et des prés repart à la hausse

En 2022, le prix moyen des terres et des prés libres s’établit à 6 130 € par hectare, selon l’observatoire des marchés fonciers de la Safer.

Le prix des terres et prés libres a atteint sont plus haut niveau depuis 1997, à 6 130 € par hectare pour 2022, selon les chiffres de l’observatoire des marchés fonciers publiés par la Safer le 25 mai 2023. Il progresse de 3,2 % par rapport à 2021. Le prix moyen des biens loués suit la même tendance, il s’établit à 5 060 € par hectare, soit 2,9 % au-dessus de son niveau de 2021.

Davantage de transactions

En dix ans, le volume des surfaces vendues a augmenté de 52 %. Le marché du foncier est dynamique. Le nombre de transaction des biens libres et loués est en nette progression (+2,5 % en 2022). Cela représente 480 400 hectares qui ont changé de propriétaire. En 2022, on observe un léger recul du nombre de transactions de biens libres (–1 %) alors que le nombre de transactions de biens loués a progressé de 11 %.

Des disparités entre zones de cultures et d'élevages

L’écart de prix entre les zones de cultures et d'élevages se maintient : 7 390 € en moyenne pour les zones de grandes cultures (+1,6 % par rapport à 2021), contre 4 650 € en moyenne pour les zones d'élevages (+1,7 %). Dans la partie nord du pays, les terres labourables sont recherchées et la pression foncière est forte alors que dans les régions d’élevage, le contexte climatique et la conjoncture pèsent sur les prix.

Cependant dans plusieurs zones d’élevage, des filières dynamiques comme les filières laitières AOP dans le Doubs ou le Puy-de-Dôme contribuent au maintien des prix. Par ailleurs, dans les zones ou les éleveurs sont en capacité d’acheter, ils achètent du foncier pour sécuriser leur autonomie en fourrages, précise Loïc Jégouzo, adjoint au directeur des études à la FNSafer.

Autre point relevé par la Safer, la situation climatique creuse significativement l’écart entre les prix des parcelles irriguées ou non.

Les prix sont en hausse dans trois régions du sud du territoire français : Provence-Alpes-Côte d’Azur (+26,1 %), Occitanie (+6,5 %) et Nouvelle-Aquitaine (+5,5 %). En Normandie, les prix progressent de 7,2 %. À l’inverse, les prix accusent une baisse dans les régions du quart nord-est : Hauts-de-France (–2,6 %) et Grand Est (–3,4 %)

De plus en plus de sociétés achètent

Les achats effectués par des personnes morales agricoles et non agricoles (sociétés d’exploitation agricoles, groupement foncier agricole, société de portage…) représentent presque un quart des surfaces cédées (24 %). Cette proportion est en forte progression depuis plusieurs années (+15 points par rapport à 1993). « Cela s’inscrit dans une tendance à long terme de développement du nombre des sociétés d’exploitation agricole et de portage de foncier », commente Loïc Jégouzo.

On observe trois points saillants concernant les achats par des personnes morales :
  • En 30 ans, le nombre d’hectares achetés par des sociétés de portage de foncier a été multiplié par 6 ;
  • En 2022, les achats par des groupements fonciers agricoles (GFA) ont progressé manière importante (+6 % en surface) ;
  • En 2022, les achats réalisés par des collectivités sont en forte hausse (+61 % en surface). C’est une tendance observée par la Safer, même si cela ne concerne en 2022 que 7 000 hectares. « On peut penser que c’est en lien avec des stratégies locales d’alimentation et la mise en place de plans alimentaires territoriaux », suggère Loïc Jégouzo.
Des niveaux inédits de cession de parts sociales

Le nombre de transactions concernant des parts sociales a augmenté de 25 %, pour atteindre 9 490 cessions en 2022. Cela a concerné 6 650 sociétés, soit 21 % de plus qu’en 2021. « Le marché des parts sociales s’est accéléré avant la mise en œuvre d’une nouvelle régulation, avec la loi Sempastous », analyse Loïc Jégouzo.

En 2022, 24 % des cessions concernaient au moins 50 % du capital, et donc des enjeux de prise de contrôle de sociétés, contre seulement 19 % en 2021.

L’urbanisation en repli

Le marché des surfaces destinées à l’urbanisation (pour la construction de logements, de zones d’activité, d’infrastructures ou de carrières…) est en net repli, après le rattrapage de 2021 et dans un contexte de mise en œuvre de la trajectoire zéro artificialisation net (Zan).

Le nombre d’hectares destinés à être urbanisé est passé en dessous de la barre des 20 000 ha. 57 % des transactions concernent en 2022 des biens constructibles de moins de 1 hectare.

Alerte sur la consommation de foncier pour l’usage de loisir

Loïc Jégouzo alerte cependant sur l’augmentation des transactions qui concernent les espaces de loisirs non bâtis, qui sont achetés par des particuliers pour l’agriculture de loisir et qui n’ont plus de vocation productive.

Ces transactions progressent régulièrement d’année en année, une accélération avait été observée en 2021 et ce phénomène progresse en 2022. 33 800 hectares ont été vendus à des particuliers et sont donc soustraits à la production agricole. « Cela entraîne un mitage de l’espace rural et pose question sur la gestion des risques incendies », s’inquiète-t-il.

Marie Salse

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