Accaparement de terres et litiges fonciers : Un gros chantier qui attend le gouvernement
13 ans déjà ! Oui, le numéro fétiche du candidat Rajoelina. Le 18 novembre 2008, le « Financial Times » révélait qu’un énorme accord était en cours de négociation entre Daewoo Logistics et le gouvernement malgache de l’époque. Dans le cadre de cet accord, la société sud-coréenne cherchait à obtenir 1,3 millions d’hectares pour cultiver du maïs destiné à l’exportation, sans que les communautés locales ni la population malgache n’en soient informées. Tout le monde connaît la suite, ce projet ayant amené au renversement du régime Ravalomanana.
Tanindrazana, « la terre des ancêtres, la patrie, l’endroit où est le tombeau familial » a une connotation sacrée pour les Malgaches et il n’y a pire insulte que d’être traité de « mpivarotra tanindrazana » (traîtres à la patrie).
Le professeur Sammy Grégoire Ravelonirina, président du syndicat des enseignants et chercheurs de l’Université d’Ankatso, vient de se plaindre récemment de faits d’accaparement par des puissants de terrains de l’Université et de terrains domaniaux au vu et au su de tout le monde, sans qu’aucune action n’ait été entreprise. Il a relevé en particulier ce qui se passe à Ankatso II, à Toliara ou à Nosy Be Hell ville.
Les habitants d’Amboakarivo, dans la commune d’Amboditandroroho Toamasina II se sont levés contre la société Filatex qui a clôturé une zone exploitée depuis des dizaines d’années par la population. Des éléments de l’Emmoreg se sont rangés du côté de Filatex plutôt que de celui de la population. Filatex n’en est pas à leurs premiers « exploits », quand on regarde tout autour d’Antananarivo du côté d’Ankorondrano et de Soavimbahoaka.
Le litige foncier d’Antanandrano/Telma a également défrayé les chroniques ces derniers temps.
Le sud n’est pas en reste, car la société Bovima se permettrait du côté de Taolagnaro d’accaparer même des terrains titrés et bornés, et la population locale est en train s’organiser pour défendre leurs droits.
Quant à la partie nord de Madagascar, la population de Bobasakoa une commune d’Antsiranana II a envoyé le mois dernier une plainte auprès des différentes autorités (Gouverneur Diana, Préfecture, Ampanjaka, Chef de district etc…) contre la société crevettière OSO Farming (un autre Karana) pour l’accaparement de près de 400 ha de leurs terres, des mangroves etc…sans que la population n’ait été consultée.
Nous citons là quelques exemples frappants impliquant tous des grands opérateurs Karanas, mais d’autres simples citoyens malgaches sont également victimes de ces accaparements de terres et gagnent rarement leur procès auprès des tribunaux, n’ayant pas les moyens financiers de leurs adversaires. Les tribunaux sont encombrés à plus de 50% des plaintes concernant des litiges fonciers.
Il est grand temps pour le gouvernement de ne plus se voiler la face et de prendre à bras-le-corps et dans toutes ses dimensions ces problèmes fonciers, car l’histoire risque d’être une fois de plus un éternel recommencement. Ce n’est plus une société sud-coréenne mais des Karanas bien de chez nous. La population en a déjà assez des prix exorbitants des PPN, des délestages sans fin et de devoir faire la queue des bidons jaunes. Evitons d’en arriver à une OPK qui serait préjudiciable à tout le monde.
Encore heureux que ce gouvernement semble ne plus vouloir la poursuite du projet Elite Agro avec des Arabes qui allaient apprendre aux Malgaches comment cultiver du riz (dont le cycle cultural ne dure pas deux années, Dieu merci !) dans le Bas Mangoky, alors que des milliers de paysans fuient l’Androy à la recherche de terres cultivables, au point même pour certains de défricher des parcs nationaux protégés comme Ankarafantsika.
La Gazette
