Massa Koné, défenseur de l’agriculture paysanne en Afrique de l’Ouest

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Vivafrik | 27 avril 2022

Massa Koné, défenseur de l’agriculture paysanne en Afrique de l’Ouest

Par Debbo Mballo

Au Mali, Massa fait parti de ceux qui ont obtenu la reconnaissance des droits coutumiers dans la loi foncière malienne. Une reconnaissance indispensable pour protéger l’agriculture familiale et lutter contre l’accaparement des terres par les grands propriétaires. Portait d’un paysan devenu juriste et porte-parole sur les questions de souveraineté alimentaire pour toute l’Afrique de l’Ouest.         

Il est grand, droit et presque massif. Ce Malien, âgé de 45 ans, est originaire de Kadiolo, au sud de Bamako. Massa Koné est l’un de ces militants qui portent la voie de la société civile face à un pouvoir souvent déconnecté de sa base et soupçonné de corruption.

Le déclic de l’expulsion

Massa Koné ne plaisante pas. Son combat vient de loin. Il y a presque trente ans, pour financer ses études de technicien supérieur en machinisme diesel à Bamako, il est maraîcher dans «  le lit du marigot » et vend ses légumes à des commerçants du marché. Avec ses frères, ils montent ensuite leur propre commerce. «  Et puis, nous avons été expulsés du marigot aux profits d’une grande entreprise. Ce choc m’a décidé à lutter contre l’accaparement des terres » raconte Massa Koné.

Il se rend compte alors que la terre, au Mali, appartient à l’Etat qui peut la vendre au plus offrant «  sur le dos des communautés. Et, les fonctionnaires et élus ne s’en privent pas ! »  Ce droit est un héritage de la colonisation.

Faire pression, ensemble

Aujourd’hui, Massa Koné est porte-parole de la Convergence malienne contre les accaparements de terre, en plus de sa casquette de secrétaire général de l’UACDDDD qui regroupe les organisations luttant pour les droits des démunis. Dans ces luttes, il est un partenaire fidèle du CCFD-Terre Solidaire.  Il  est convaincu qu’un combat se gagne à plusieurs ; qu’il s’agisse de cultiver une terre, d’en réclamer un titre de propriété ou de poursuivre ceux qui s’accaparent ces terres.

Pour bien combattre, Massa Koné décide de suivre pendant quatre ans des études de droit. « Connaître le droit m’a donné une maturité pour le débat ». Il peut défendre les victimes dans les zones rurales. Il peut suivre la trentaine de dossiers d’accaparement des terres qu’il a trainé en justice.

Son action, Massa Koné la résume par une phrase : « on a monté la pression ensemble. » Malgré les menaces, parfois de mort, les militants ont gagné « ensemble » des victoires : la création d’une commission interministérielle pour la résolution du problème du foncier en 2012, suivie par le vote d’une loi foncière agricole en 2017. Cette loi reconnaît la légitimité des communautés à cultiver et gérer des terres, en l’absence de titre foncier. « Une propriété peut être inscrite au nom d’une famille. C’est essentiel. 70% des Maliens sont détenteurs de droits coutumiers. »

Massa Koné s’emploie maintenant à faire appliquer la loi. 200 villages pilotes ont déclenché le processus. Le chef de chacun des villages peut établir une attestation de détention coutumière. La mairie délivre à la famille une attestation de possession foncière. Toute nouvelle transaction sera enregistrée dans un  registre foncier à la mairie. Une révolution agricole en douceur et en partant de la base.

Une lutte dans toute l’Afrique de l’Ouest

Massa Koné ne s’arrête pas aux frontières du Mali. Il est le porte-parole de la Convergence globale des luttes pour la Terre et l’Eau de 16 pays d’Afrique de l’Ouest. « Ensemble », ils organisent des « Caravanes » qui parcourent tous les deux ans, cinq pays de la région. « Le but est d’influencer les politiques pour que les droits des communautés soient reconnus » explique Massa.

En décembre dernier, trois cents personnes ont  parcouru pendant un  mois, en  louant des bus locaux, le Sénégal, la Gambie, les Guinées Bissau et Conakry et le Sierra Leone. « Les actions que nous avons menées concernaient l’accaparement des terres, la déforestation, l’exploitation des sables ou le problème de la pèche industrielle. »

Pierre Cochez (ccfd-terresolidaire.org) 

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