Des organisations alertent sur les conséquences néfastes de l’accaparement des terres en Haïti

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La société agroalimentaire Stevia agro industrie S.A aurait revendiqué le titre de propriété de la zone pour cultiver de la stévia pour l’exportation.
AlterPresse | 6 avril 2022

Agriculture : Des organisations alertent sur les conséquences néfastes de l’accaparement des terres sur les droits des femmes en Haïti

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 06 avril 2022 [AlterPresse] --- Global Justice Clinic de la faculté de droit de l’Université de New York et la Solidarite fanm Ayisyèn (Sofa) dénoncent l’accaparement des terres en Haïti, qui viole les droits des femmes et aggrave la crise climatique, dans une déclaration dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

En 2020, des hommes armés ont violemment expulsé des membres de la Sofa sur les terres utilisées par la Sofa, à Savane Diane (Saint-Michel de L’attalaye, département de l’Artibonite), pour roder les femmes à des techniques agricoles plus écologiquement durables, rappellent ces organisations, dans cette déclaration soumise au rapporteur spécial des Nations unies.

Le gouvernement haïtien avait, pourtant, accordé à la Sofa des droits d’usage exclusifs sur ces terres, avancent-elles, soulignant combien la justice haïtienne reste passive face à la multiplication des accaparements de terres en Haïti.

« Ces terres ont aidé les femmes à lutter contre la pauvreté et ont profité à toute la société », affirme Sharma Aurélien, directrice exécutive de la Sofa, qui sollicite l’attention du rapporteur spécial des Nations unies.

La société agroalimentaire Stevia agro industrie S.A aurait revendiqué le titre de propriété de la zone pour cultiver de la stévia pour l’exportation.

Le gouvernement haïtien d’alors a révoqué les droits de la Sofa sur ces terres, sans aucune procédure judiciaire.

La terre a été convertie par le feu président de facto Jovenel Moïse, en zone franche agroalimentaire dans un décret publié le lundi 8 février 2021.

Le titulaire du Ministère de l’agriculture de l’époque a permis à Industrias Stevia de poursuivre ses activités, alors que la Sofa a reçu l’ordre de suspendre les siennes, a condamné Marie Frantz Joachim, membre du comité de coordination de la Sofa.

Les organisations, signataires de la declaration au rapporteur special des Nations unies, ont critiqué la violation des droits communs, causée par l’appropriation des terres préalablement occupées par la Sofa à Savane Diane. Ce qui aggraverait la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans la zone.

De plus, les femmes, qui travaillent avec Stevia Industries, ont été victimes d’exploitation sexuelle et de vols de salaires.

Les terres saisies comprennent trois réservoirs d’eau protégés par l’État.

L’utilisation de ces réservoirs d’eau, par l’entreprise Stevia Industries, aurait provoqué une grave crise de l’eau, a témoigné Esther Jolissaint, membre de la Sofa affectée par cette situation à Savane Diane.

« L’accaparement des terres peut résulter de la vulnérabilité climatique et peut également y contribuer, car des terres agricoles de plus en plus rares sont converties en monocultures agricoles, qui dégradent l’environnement. Les femmes sont particulièrement vulnérables », lit-on dans la déclaration au rapporteur spécial des Nations unies.

« Les droits fonciers des femmes rurales et l’accès aux ressources agricoles sont essentiels pour garantir leurs droits humains et soutenir la résilience climatique », estime Sienna Merope-Synge, codirectrice de la Caribbean Climate Justice Initiative de Global Justice Clinic.

« L’accaparement des terres contre les femmes devrait être reconnu comme une forme de violence sexiste », a-t-elle poursuivi.

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