Pour la souveraineté alimentaire au Maroc

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Image : La Via Campesina
ATTAC/CADTM Maroc | 21 décembre 2020

Pour la souveraineté alimentaire au Maroc

par Omar Aziki

L’association ATTAC CADTM Maroc fête ses 20 ans. A cette occasion, elle publie ses principales publications en arabe et en français pour partager ses analyses et pour une éducation populaire orientée vers la lutte. Vous pouvez télécharger le livre sur le lien suivant : « Pour la souveraineté alimentaire au Maroc ».

Introduction

L’association Attac Maroc a mené sur le terrain la présente étude relative à la politique agricole libérale instituant les conditions de la mainmise des grands capitalistes sur les terres, les ressources hydriques et les autres ressources naturelles. Cette politique vise à leur accorder des subventions publiques et des facilités fiscales pour produire des cultures d’exportation intensives et épuisantes pour les sols, dont les recettes ne couvrent qu’environ 47 % des importations alimentaires en moyenne sur une période de dix ans, de 2008 à 2017, période connue par la mise en œuvre du « Plan Maroc vert ». Les céréales constituent plus du tiers de ces importations. Le pilier principal de ce plan est la création de grandes exploitations intégrées (les ‘agrégations’ du Plan Maroc vert), agricoles, commerciales, industrielles et exportatrices auxquels la majorité des petits et moyens agriculteurs sont soumis, intensifiant le processus de leur appauvrissement, bien qu’ils résistent encore pour produire des cultures vivrières marginalisées par le Plan ; ces agrégations exploitent aussi les ouvriers et les ouvrières agricoles dans les pires conditions, légalement entérinées par le Code du travail en vigueur.

La présente étude vient dans un contexte spécifique principalement caractérisé par l’offensive de l’État via son arsenal juridique, qui vise à :
  • Faciliter l’accaparement par les grands capitalistes des terres appartenant aux collectivités ethniques (mobilisation d’un million d’hectares de ces terres pour mettre en œuvre des projets d’investissement agricole, dont l’immatriculation de 5 millions d’hectares à l’horizon 2020 afin d’en faciliter l’appropriation privée) ;
  • Poursuivre l’accaparement du domaine forestier (la délimitation administrative du domaine forestier) ;
  • Développer des projets d’investissement capitaliste d’exportation concernant l’arganier, dans les régions du Sud occidental, notamment les régions de Souss et d’Essaouira, et la destruction des traditions de son exploitation collective : projet de plantation de 10 milliers d’hectares « d’arganiers agricoles » ;
  • Aménager des espaces pastoraux au profit des grands nomades propriétaires des troupeaux de chameaux et de bétails (promulgation de la Loi n°13-113 relative à la transhumance pastorale, à l’aménagement et à la gestion des espaces pastoraux et sylvopastoraux).
L’État a également consolidé ses dispositifs répressifs et judiciaires afin de réprimer les manifestations des petits agriculteurs et de la population touchée (arrestations et procès de militants et militantes) organisées en réponse à cette avancée capitaliste dans les régions de Souss, du Sud oriental, de l’Occident (Sidi Slimane), de Midelt, de Tadla (Béni Mellal et Khénifra) et du Rif. Dans les villes de Casablanca, le 25 novembre 2018, de Rabat, le 17 février 2019, et de Tiznit, le 24 mars 2019, des marches nationales ont été organisées pour dénoncer les différentes atteintes de l’État aux droits collectifs aux terres, aux forêts, aux parcours, les richesses minières et autres, et ce sur une initiative de la Coordination Akal (terre) pour la défense du droit de la population à la terre et à la richesse. L’ampleur des manifestations a fait preuve de la volonté populaire de continuer la lutte, et par conséquent, plusieurs coordinations locales ont vu le jour dans les régions de Souss et même parmi les marocains résidents à l’étranger.

La présente étude se base sur une enquête de terrain ayant couvert cinq grandes régions agricoles (Draa, Souss, Tadla, El Gharb et Loukkos) et sur des discussions issues de rencontres régionales élargies tenues au sein de ces régions avec les petits agriculteurs.trices et les ouvrier.e.s agricoles, ainsi que d’autres acteurs.trices sur les effets de ce modèle agricole fondé sur le développement des profits d’une minorité capitaliste cupide au détriment de la majorité des couches populaires. L’étude pose également les éléments d’une alternative possible fondée sur la notion de souveraineté alimentaire…
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