Mauritanie: l’AAAID s’accapare des terres de Darel Barka

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Protestation contre le projet en 2015

Financial Afrik | 23 août, 2020

Mauritanie: l’AAAID s’accapare des terres de Darel Barka

Par Samba Camara

Le processus d’expropriation des terres de Darel Barka (localité située dans la région du Brakna au sud de la Mauritanie) se poursuit. Après avoir attribué une superficie de 3200 hectares à l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole (AAAID) sous le règne du président Mohamed O Abdel Aziz, sans concertation avec les autochtones, les autorités tentent aujourd’hui, sous l’ère du président Mohamed Ghazouani, d’aider l’AAAID au défrichage préalable à une exploitation agricole.

Contre l’expropriation forcée, les habitants de Darel Barka, sous pression des forces de l’ordre envoyés en renfort, restent mobilisés contre la tentative d’accaparement de leurs terres. Le problème ressurgit dans un contexte marqué par une enquête diligentée sur les crimes économiques et financiers perpétrés sous le règne de Mohamed Ould Abdel Aziz, actuellement en garde à vue.
Des projets annoncés en grande pompe depuis 2016 et qui n’ont pas beaucoup avancé. Tout comme l’usine de sucre dans le Gorgol.

L’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole (AAAID), présidé actuellement par Mohammed Bin Obaid Al Mazrooei, est une entité fondée au Soudan en 1976 avec pour objectif de contribuer à la sécurité alimentaire du monde arabe. Dotée d’un capital de 1,1 milliard de dollars à travers la souscription de 21 Etats membres, l’AAAID développe 50 projets dans différents secteurs agricoles. L’institution qui se targue de s’inscrire dans le développement durable n’a pas hésité à s’accaparer des terres des autochtones sans concertations, soutenue par des hommes d’affaires mauritaniens, intermédiaires, qui faisaient la pluie et le beau temps du temps de Mohamed Abdel Aziz.

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RFI 23/08/2020

Des milliers de paysans mauritaniens agissent contre l'accaparement de leurs terres

Les quelque 9200 paysans qui peuplent la région du Brakna de Dar el Barka dans le sud mauritanien manifestent depuis quelques jours contre la cession par l’État de leurs terres de culture de céréales à un investisseur arabe du Golfe. Depuis 2015, l’investisseur qui s’est associé à deux hommes d’affaires mauritaniens, détient un permis foncier pour la mise en valeur d’une superficie de 3200 hectares de terres agricoles. Mais le projet est bloqué du fait de l’hostilité des populations autochtones.

Avec notre correspondant à Nouakchott,  Salem Mejbour

Les travaux d’aménagements sont régulièrement interrompus comme ce fut le cas ces dernières 72 heures par les manifestations des populations de la localité de Dar el Barka et celles de Regbé 1 et 2 dans la région du Brakna. Les paysans se disent dépossédées de leurs cultures ancestrales. Leurs délégués ont donné une conférence de presse vendredi à Nouakchott pour dénoncer l’accaparement de leurs terres.

Leur porte-parole, Abdourahamane Ly, a réaffirmé l’attachement des populations à leurs terres. « Ces 3200 ha de terres nous appartiennent. Il n'est pas question que quelqu'un vienne d'ailleurs pour faire ce qu'il veut. Ca nous ne sommes pas d'accord. Il faut que les gens soient consultés, qu'on leur demande leur avis. Nous sommes dans un pays de droit. »

Le forum des associations de défense des droits de l’homme apporte son soutien aux populations de Dar el Barka. Car pour faire aboutir un projet de ce genre, il y a des préalables incontournables, explique le président du Fonadh Mamadou Sarr.

« Il faut d'abord afficher pendant 60 jours sur l'ensemble de la commune pour voir s'il n'y a pas de prétendants à ces terres. Ce qui n'a pas été fait. Après, il faut faire une étude d'impact, ça n'a pas été fait. La troisième étape est de se réunir en comité, au niveau du département, avec la présence des maires concernés, ce qui n'a pas été fait. »

Le gouvernement du Brakna a rencontré samedi 22 août les représentants des paysans de Dar el Barka et celles de Régbé. Il a promis d’écrire au gouvernement afin qu’une solution soit trouvée.

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