Souveraineté alimentaire: Les futurs députés européens interpellés sur les questions agricoles

basta! | 30 avril 2009

Par Nadia Djabali

Abandonner les agrocaburants, soutenir l’agriculture familiale plutôt que l’agro-business, empêcher des fonds spéculatifs de s’acaparer des terres, relocaliser la production alimentaire… Telles sont quelques-unes des doléances de la Confédération paysanne et d’associations de solidarité internationale auprès des futurs députés européens. Les candidats seront invités à prendre position.

Le forum international sur l’accès à la terre organisé par Peuples Solidaires, la Confédération Paysanne et un certain nombre d’organisations partenaires s’est tenu les 18 et 19 avril derniers à Montreuil (Seine-Saint-Denis) dans un contexte de crise mondiale et d’accroissement important du nombre de personnes qui souffrent de la faim. Le fléau touche désormais près d’un milliard d’êtres humains. Les organisateurs ont souhaité inscrire ce Forum dans la perspective des prochaines élections européennes et ont invité les participants à réfléchir sur un texte interpellant les candidats à l’élection européenne de juin prochain.

Soutien aux luttes paysannes

Conçue comme un plaidoyer, cette charte pointe les effets dévastateurs des politiques de libéralisation de l’agriculture et l’abandon de l’agriculture familiale et paysanne au profit de l’agrobusiness. Il est donc plus que temps de prendre en compte les enjeux de la terre dans l’agenda européen, tant au niveau de la politique intérieure européenne qu’au niveau des relations entre l’Union et les pays du sud. Plusieurs points concernent la souveraineté alimentaire, souveraineté désignée comme le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis à vis des pays tiers.

Les députés sont appelés à soutenir publiquement les luttes paysannes tournées vers la défense des droits des paysans, notamment celui de l’accès à la terre, et à reconnaître le rôle clé des femmes dans la souveraineté alimentaire. Le principe de cette souveraineté primant sur les droits du commerce et sur les intérêts privés, il doit être défendu auprès des institutions internationales et dans l’élaboration du Partenariat mondial pour l’agriculture et l’alimentation lancé par la FAO fin janvier 2009 [1].

Abandon des agrocarburants

Transparence et régulation sont les maîtres mots pour lutter contre le vaste mouvement d’accaparement des terres (482). Celui-ci consiste en l’achat massif de milliers d’hectares de terres fertiles par des États, des multinationales ou des fonds spéculatifs ; des millions de paysans perdent ainsi leur seul moyen de subsistance. « Á l’échelle européenne, la transparence et la régulation portent sur les investissements des entreprises européennes en Europe de l’Est et dans les pays du sud ainsi que les investissements de la Banque Européenne d’Investissement, de la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement et des banques et fonds spéculatifs privés, dans ces mêmes pays. » Une transparence impossible tant que des paradis fiscaux existeront au sein même de l’Europe (City de Londres, Luxembourg, Liechtenstein, Monaco…). Les futurs députés doivent par ailleurs prendre position sur la politique foncière de la Banque Mondiale.

Il est aussi nécessaire « d’orienter les financements de l’UE vers des projets d’agriculture paysanne profitant aux communautés rurales en excluant les projets agro-industriels » ; L’objectif de 10% d’agrocarburant définie par l’UE pour lutter notamment contre le réchauffement climatique est mis à l’index et son abandon est tout simplement demandé. Parallèlement l’UE doit mettre un terme aux monocultures d’exportation développées pour le marché européen par les pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, appelés à la rescousse pour atteindre cet objectif de 10% d’agrocarburants. Dans un autre registre, la charte demande la suspension des accords d’association avec les pays et notamment Israël, qui violent le droit international.

Refondation de la PAC

Les signataires demande enfin la refondation de la politique agricole commune (PAC) dont la réforme est programmée pour 2013. La Pac doit défendre des objectifs de souveraineté alimentaire, de préservation des ressources naturelles, de relocalisation de la production alimentaire et de développement de l’emploi paysan. Les moyens déployés pour atteindre ces objectifs ne devant, bien sûr, pas nuire aux paysans du sud. Les euro députés devront donc « placer la question de l’usage et de la répartition du foncier au cœur des politiques publiques européennes ; faciliter et sécuriser l’accès pour des installations paysannes en privilégiant le droit d’usage sur le droit de propriété ; poser les bases d’une réforme foncière et agraire pour protéger l’espace agricole contre l’urbanisation, en bannissant la concentration et en favorisant le partage des terres. Soutenir les collectivités qui s’engagent sur des réserves foncières agricoles, ainsi que sur les projets collectifs d’utilisation des terres agricoles et de préservation des ressources. »

[1] Il s’agit d’un programme de lutte contre la crise alimentaire et de soutien des agricultures des pays du Tiers-Monde.
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