RDCongo: un rapport d’ONG belges met en cause la coopération belge

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La Libre | 24 avril 2019

RDCongo: un rapport d’ONG belges met en cause la coopération belge

MFC

La plateforme d’ONG de développement belges CNCD-11.11.11, après une mission au Congo, met en cause la coopération belge pour sa participation à l’exploitation de trois plantations d’huile de palme au nord et au nord-est du pays (ex-Equateur et ex-Province orientale) par l’entreprise canadienne Feronia. Et appelle le ministre de la Coopération, Alexandre De Croo, à changer de cap.

Feronia a racheté ces trois plantations, d’une superficie totale de 100.000 hectares, pour 2,6 millions d’euros, à Unilever, qui les exploitait depuis 1911. L’entreprise candienne voulait profiter de la demande internationale d’huile de palme.

Elle a reçu, selon le CNCD-11.11.11, « plus de 100 millions de dollars » d’institutions publiques de financement du développement de pays occidentaux, dont 11 millions de Bio – société publique belge d’investissement dans les pays en développement – au nom de « l’emploi rural », malgré les mises en garde de plusieurs ONG, dont le CNCD-11.11.11, sur le risque d’appuyer un cas d’accaparement de terres. Feronia s’est en effet présentée comme vecteur de développement parce qu’elle est le principal fournisseur d’emplois dans des régions très pauvres du Congo.

De retour de mission dans les régions concernées, le CNCD-11.11.11. confirme les nombreux problèmes posés par les plantations de palmiers à huile, qui poussent sur un tiers des surfaces acquises par Feronia.

https://www.cncd.be/accaparement-made-in-belgium-financement-feronia-congo-cooperation-belgique-etude

Un quart du salaire légal congolais seulement

D’abord parce que les salaires payés aux travailleurs congolais ne permettent pas une vie décente: moins d’un euro par jour (sous le seuil d’extrême-pauvreté défini par l’Onu), soit le quart du nouveau minimum légal congolais. Feronia assure que faire passer le salaire journalier des travailleurs congolais à 4 euros/jour, comme le prévoit maintenant la loi, mettrait la survie de l’entreprise en danger. Où est, dans ce cas, le développement amené par Feronia? Et le CNCD-11.11.11 d’indiquer que « les salaires des dirigeants » de l’entreprise canadienne « sont plus de 1000 fois supérieurs à ceux des ouvriers ».

Ensuite, selon les communautés villageoises proches des plantations, le nombre d’emplois créés par Feronia est bien inférieur au nombre de personnes qui ont perdu la capacité de se nourrir en perdant leur accès à la terre depuis que Feronia s’est installée. En effet, quand Unilever a abandonné ses activités, les villageois ont commencé à cultiver certaines des terres les plus proches de chez eux. En outre, les deux tiers des terres acquises par l’entreprise candienne sont des forêts, où les populations trouvaient de quoi compléter leurs besoins alimentaires (chasse, pêche, plantes médicinales); aujourd’hui, les gardes industriels de Feronia en interdisent l’accès.

Plainte déposée

De plus, une partie des titres fonciers acquis par Feronia sont contestés depuis longtemps par des communautés villageoises voisines des plantations. Deux d’entre elles ont déposé une plainte contre Feronia le 15 janvier dernier devant une commission gérant les plaintes auprès des banques de développement allemandes, néerlandaises et françaises, ajoute le CNCD-11.11.11.

En outre, l’huile de palme produite par Feronia est inaccessible pour la majorité des habitants des régions concernées, trop pauvres. Le précieux liquide rouge est exporté vers l’industrie du savon, loin des plantations de Feronia – alors que Kisangani, la ville la plus proche, en manque pour son usage alimentaire, ce qui en maintient le prix hors de portée des bourses communes.

Les communautés se plaignent aussi de n’avoir pas été dûment consultées, même si des dirigeants locaux ont signé des cahiers des charges après avoir subi « des pressions », accuse le CNCD-11.11.11. Et les obligations de Feronia – construire des écoles et des centres de santé, comme promis – sont très peu respectées par l’entreprise canadienne.

Routes bloquées

Ne voyant pas leurs doléances rencontrées, les habitants de trois villages – Bolombo, Wamba et Bokala-Wamba – ont barré des routes utilisées par les plantations pour évacuer les grappes de graines à huile, depuis le 16 mars dernier. Et la tension ne retombe pas, indique le CNCD-11.11.11.

Celui-ci « exige que la Coopération belge impose à Feronia la mise en place d’une procédure de médiation avec les organisations choisies par les communautés pour les accompagner »; la restitution des terres inutilisées; un moratoire sur les extensions de cultures et sur l’utilisation des forêts.

La plateforme d’ONG demande aussi la modification de la loi ayant créé BIO « afin que soient interdits les investissements dans des projets agricoles comprenant l’achat de terres à grande échelle. La Coopération n’a pas vocation à soutenir la spéculation foncière ».

Enfin, elle appelle « à construire les infrastructures sociales promises et à respecter immédiatement le salaire minimum légal pour tous les travailleurs

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