La grève générale devient une insurrection populaire à Antananarivo

Témoignages | mardi 27 janvier 2009

Des dizaines de milliers de personnes dans la rue

Une manifestation a évolué rapidement en insurrection populaire hier dans la capitale. Le bâtiment de la télévision nationale a été incendié, ainsi que des symboles de l’autorité du président Ravalomanana lui appartenant personnellement : la télévision MBS et les supermarchés Magro. La capitale est livrée au chaos et les scènes de pillage se succèdent. Hier, l’État était absent.

Manuel MARCHAL

SAMEDI, les revendications du maire d’Antananarivo qui affirme être « le porte- parole du peuple » sont montée d’un cran. Le premier magistrat de la ville des Mille soulève l’idée d’une transition au moment où il déplace le lieu du rassemblement d’Ambohijatovo à la Place du 13-Mai, indiquait "l’Express" d’hier. Et c’est ce samedi que 25.000 personnes rassemblée sur ce lieu symbolique ont décidé de lancer une grève générale à partir d’hier.

Au lendemain de ce discours, Marc Ravalomanana, le président de la République, est rentré précipitamment d’Afrique du Sud. Des mandats d’arrêt sont lancés contre le maire de Antananarivo et deux autres personnes. Cela ne fera que radicaliser la contestation. Car l’appel à la grève général a été hier massivement suivi.

L’élément déclencheur de la transformation de la grève en insurrection a été un passage par le tribunal. Des manifestants se sont rendus dans la matinée dans ce lieu où devaient être jugés trois étudiants qui avaient participé à un meeting d’Andry Rajoelina. Après le passage au tribunal, la manifestation s’est transformée en insurrection.

La TVM et la MBS incendiés
Le siège de la TVM, la télévision nationale malgache, un bâtiment de six étages, a été incendié. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers la MBS, la télévision qui appartient personnellement à Marc Ravalomanana. Le message était clair. Puisque la nuit précédente, la station appartenant au maire de la capitale a été fermée par le pouvoir, la chaîne de Marc Ravalomanana ne devait plus émettre. Cela a été chose faite : la MBS subit alors le même sort que la TVM. Mais l’intervention de mercenaires dont la population suspecte l’existence à Antananarivo serait à l’origine du décès de deux personnes lors de cet incendie.

Hier comme samedi, la place du 13 mai s’est remplie de monde, et les pillages ont ensuite commencé, visant les supermarchés appartenant à Marc Ravalomanana, ainsi que les biens de personnes proches du parti au pouvoir.

Émeute de la faim
Mais les supermarchés Magro n’ont pas été les seuls cibles de l’insurrection. Ce sont les commerces en général qui ont été pillés, mis à sac par des personnes qui sont loin de manger à leur faim tous les jours.
Hier, l’armée régulière et la police ont laissé faire, créant une situation de non-État dans la capitale de Madagascar.

L’achat d’un nouvel avion pour la présidence de la République, le comblement de rizières dans la banlieue de Antananarivo pour construire des bâtiments à la destination contestée, la mise à disposition de plus d’un million d’hectares aux Coréens de Daewoo... les sujets de tension ne manquent pas. Ils ont lieu dans un contexte marqué par la très grande pauvreté, et la sous-alimentation imposée à une grande partie de la population.

La fermeture de Télé Viva, propriété du maire d’Antananarivo, par le pouvoir à la suite de la diffusion d’une interview de Didier Ratsiraka a été l’étincelle qui a déclenché un mouvement sans précédent depuis 2002. A cette époque, le résultat contesté du premier tour de l’élection présidentielle avait débouché sur d’importantes manifestations dans la capitale. Celles-ci avaient amené Marc Ravalomanana au pouvoir, et poussé Didier Ratsiraka sur le chemin de l’exil en France.

Et la faim et la pauvreté ont alors amplifié la colère, transformant la grève générale en insurrection populaire.

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