Les pays africains à la chasse aux investisseurs à Bruxelles

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Actuellement, seuls 10 % des terres agricoles guinéennes sont utilisées, a rappelé Tibou Camara, tout en ajoutant que même si les sociétés étrangères pouvaient déjà acheter des terres, les réformes étaient encore en cours et les résidents et agriculteurs locaux avaient besoin de « garanties sur la cohabitation ».
EurActiv | 9 Jun 2017

Les pays africains à la chasse aux investisseurs à Bruxelles

Par : Matthew Tempest | EURACTIV.com | translated by Marion Candau

Lors d’une conférence des journées européennes du développement, le 6 juin, trois États africains se sont présentés devant une dizaine d’investisseurs pour tenter d’attirer les entreprises étrangères.

Des ministres d’Ouganda, de Guinée et de Côte d’Ivoire ont chacun fait un discours de 30 minutes sur les avantages de leur pays devant un groupe d’investisseurs publics et privés, y compris des représentants de la Banque européenne d’investissement.

Les trois États se classent juste derrière le Kenya et le Rwanda, les deux favoris pour l’Investissement direct à l’étranger (IDE). Ils ont tenté de se présenter comme des pays pacifiques, stables et sûrs pour les capitaux du secteur privé.

Toutefois, l’avenir de l’aide au développement s’orientant de plus en plus vers le secteur privé, les investisseurs ont vite rappelé que l’absence de guerres civiles et de conflits comme ceux qui font la ruine d’États tels que la République démocratique du Congo, la Somalie et le Soudan du Sud ne suffisait pas à attirer les investisseurs. De fait, la réussite de ceux-ci dépend surtout des infrastructures routières et d’énergie, de la facilité à faire des affaires, des droits fonciers et du rôle des femmes entrepreneures.

Le ministre ougandais de la Jeunesse a toutefois reconnu que « les investisseurs prendront leurs jambes à leur cou au premier coup de feu ».

Présentant son pays comme la « la porte d’entrée d’Afrique de l’Ouest », le ministre guinéen des Technologies, Tibou Camara, a déclaré que la Guinée cherchait des investisseurs dans le secteur de l’énergie hydraulique pour les plus de 2 000 rivières du territoire.

« Lorsque vous ferez du profit, nous pouvons vous garantir que vous pourrez ramener ces bénéfices chez vous », a-t-il promis, affichant une drôle d’image du développement, tout en ajoutant qu’avec une seule entrée pour tous les IDE, les sociétés occidentales pouvaient maintenant établir des filiales en Guinée en 24 heures.

Faisant référence aux lois adoptées en 2016 sur la cybersécurité et sur les transactions numériques, il a assuré que Conakry, la capitale, était désormais dotée d’un « éco-cyber système sécurisé » pour les investisseurs. L’État d’Afrique de l’Ouest, situé sur la côte atlantique, a six voisins, a-t-il rappelé, ajoutant qu’une fois qu’un investisseur arrive en Guinée, il ne voudra pas partir. « Nous sommes une terre de paix, de prospérité et d’amour, et vous serez au cœur de l’Ouest africain », a-t-il commenté.

Qu’il s’agisse d’une start-up ou d’une grande multinationale, la Guinée cherche des investisseurs prêts à placer « de 100 dollars à 100 millions de dollars ».

Actuellement, seuls 10 % des terres agricoles guinéennes sont utilisées, a rappelé Tibou Camara, tout en ajoutant que même si les sociétés étrangères pouvaient déjà acheter des terres, les réformes étaient encore en cours et les résidents et agriculteurs locaux avaient besoin de « garanties sur la cohabitation ».

Tout en reconnaissant que la Guinée avait besoin d’investir dans les routes ainsi que dans l’énergie hydroélectrique, le ministre a souligné que 77 % de la population avaient moins de 35 ans et a mis l’accent sur la récente construction d’un hôtel Sheraton d’un montant de 150 millions d’euros. Deux indicateurs de l’avenir prometteur du pays, selon lui.

Le vice-président de Côte d’Ivoire, Daniel Duncan, a quant à lui rappelé que le PIB de son pays avait augmenté de 9 % depuis 2012, que l’inflation était à 2 % et le taux d’imposition des sociétés à 9 %. L’ancienne colonie française espère devenir un « marché émergent » d’ici à 2020.

La Côte d’Ivoire est non seulement un exportateur mondial de cacao, de café et de noix de cajou, mais espère aussi capitaliser sur sa côte atlantique de 500 km de long pour le tourisme et se vante déjà de ses 7 000 kilomètres de câbles de fibre optique.

Alors que les technologies d’information représentent 7 % du PIB, la Côte d’Ivoire voudrait doubler ce pourcentage et le faire passer à 15 % d’ici à 2020, a indiqué Daniel Duncan.

Le vice-président a conclu son pitch devant le panel d’investisseurs en disant : « Je pense que nous sommes les meilleurs – du moins avec le Kenya et le Rwanda ». Il a néanmoins expliqué que même si les PME représentaient actuellement 80 % des entreprises ivoiriennes, elles ne constituaient que 20 % du PIB. Le pays espère faire grimper ce taux à 40 % d’ici à 2020.

Émancipation des femmes entrepreneures

Daniel Duncan a également souligné un fonds spécial, mis en place par la première dame de Côte d’Ivoire, pour la distribution de 17 millions de dollars de prêts pour 110 000 femmes entrepreneures.

Sur le ton de l’humour, il a rappelé que les entreprises gérées par des femmes n’enregistraient que 5 % de défaut de paiement, comparé à 20 % pour les entreprises masculines.

L’Ouganda, le seul des trois pays à ne pas avoir accès à la mer, est en train de construire une voie ferrée qui réduira le temps des transports des marchandises vers la côte de 21 jours à trois.
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