Christian Roqueirol lutte contre l'accaparement des terres agricoles

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Christian Roqueirol défend les petits producteurs empêchés de cultiver leurs terres.

Midi Libre | 20 octobre 2016

Aveyron : Christian Roqueirol lutte contre l'accaparement des terres agricoles

MARIE MASSENET

Cet agriculteur à Saint-Sauveur-du-Larzac est convoqué ce jeudi 20 octobre à 14 h à la gendarmerie à la suite d'une plainte du groupe Bolloré.

Christian Roqueirol a longtemps été élu au syndicat agricole la Confédération paysanne. À l'heure actuelle, il conserve le rôle de suppléant au bureau de la Via Campesina (organisation agricole mondiale), où il représente la branche européenne des syndicats de paysans.

Pourquoi est-ce que vous êtes convoqué à la gendarmerie de Saint-Jean-du-Bruel ce jeudi ?

En avril dernier, j'ai participé à une manifestation, à Puteaux, près de la Défense, à Paris, devant le siège du groupe Bolloré, le jour de son assemblée générale. C'était la deuxième année que nous menions une action, et nous étions au moins 150. Nous avons réussi à empêcher les actionnaires de rentrer et nous leur avons distribué des tracts pour dénoncer l'accaparement de terres dans plusieurs pays d'Afrique et d'Asie.

Mais ce n'est pas pour ça que vous êtes convoqué ?

Il y a eu une intervention des forces de l'ordre pour nous évacuer. Mais avant ça, j'ai réussi à descendre un drapeau accroché en haut d'un mât, en défaisant la corde qui sert à le hisser. C'était tout à fait symbolique. Je descendais les couleurs de Bolloré, comme celles d'un ennemi vaincu. À ce moment-là, les vigiles se sont rués sur moi, les collègues ont attrapé le drapeau et tiré dessus, ce qui a fait bouger le mat. Donc Bolloré m'accuse de dégradation.

Vous n'avez pas l'air très atteint par la nouvelle.

J'en suis très fier au contraire. Car ça fait longtemps qu'on essaie de sortir cette histoire de l'ombre et le fait qu'il y ait un procès sur une histoire de ficelles cassées sur un mât me permet de profiter de ma culpabilité pour parler du sujet de l'accaparement de terres. C'est une action symbolique qui permet de dénoncer le problème au niveau mondial. Et puis c'est aussi une pression sur le groupe Bolloré, qui veut donner une image vertueuse de lui-même. Ils nous ont proposé de mettre en place une mission indépendante d'enquête sur l'utilisation des terres, mais nous avons proposé de faire intervenir les Nations unies et ils n'ont jamais donné suite.

De quoi s'agit-il ?

La Confédération paysanne participe à ces manifestations qui sont à l'initiative de plusieurs Organisations non gouvernementales (ONG) comme React, Attac, les Amis de la Terre. Ils sont en lien avec des associations de paysans dans des pays où une holding, qui s'appelle Socfin, et dans laquelle Bolloré détient 38,8 % des parts, fait des plantations. Au Cambodge, c'est de l'hévéa, en Côte d'Ivoire, en Sierra Leone, au Liberia et au Cameroun, des palmiers à huile, sur des dizaines de milliers d'hectares.

En quoi est-ce que ces plantations sont gênantes ?

Ce sont des endroits très riches au niveau agricole, irrigables pour la plupart et cela a un impact sur les petits paysans. Au départ, on leur fait croire que l'accaparement va apporter le progrès, des écoles, l'accès aux soins, à l'eau et de l'emploi. Sauf qu'ils n'apportent rien de tout ça et leur piquent leurs terres. Les gens de ces pays luttent pour faire respecter un minimum d'espace vital pour avoir des cultures vivrières. Ils ne sont même pas contre les plantations !

Mais ils veulent qu'il y ait le respect d'accords passés qui prévoient de leur laisser suffisamment de place pour faire des cultures pour se nourrir. Des représentants de ces communautés ont été emprisonnés suite à des manifestations comme "fauteurs de troubles". Il y a une forte répression là-bas, car les groupes étrangers sont censés apporter du progrès et de l'argent. Sauf que ces communautés locales n'en voient pas les retombées.

On estime qu'aujourd'hui, 250 millions d'hectares de terre ont été pris à des communautés locales. C'est un système mondial où des États pauvres s'organisent avec des multinationales ou des pays comme la Chine ou la Libye qui viennent utiliser leurs terres. Ces accaparements touchent aussi des pays européens comme la Roumanie ou l'Ukraine.
 

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