Pour Karuturi, figure emblématique de l’accaparement des terres, c’est le fiasco

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Une travailleuse de l'exploitation florale de Karuturi à Naivasha, février 2014 [Photo : Antony Gitonga]

Tax Justice Network ▪ Forum Syd Kenya ▪ GRAIN ▪ Anywaa Survival Organisation ▪ South Indian Coordination Committee of Farmers Movements

Communiqué de presse | English | Español
14 février 2014

Une Saint-Valentin bien amère pour certains
Pour Karuturi, figure emblématique de l’accaparement des terres, c’est le fiasco

Karuturi Ltd, l’entité de production florale de Karuturi Global Ltd au Kenya, est au bord de l’effondrement financier et vient d’être placé sous administration judiciaire. L’un des pires accapareurs de terres de la planète est dans la situation la plus difficile qu’il ait jamais connue.

Le 11 février 2014, CfC Stanbic Bank de Nairobi a repris la ferme de Karuturi à Naivasha et la direction a été assignée au Business Advisory Group Ltd. Les nouveaux dirigeants devront évaluer la véritable situation financière de l’entreprise qui depuis de nombreux mois ne paye plus ses ouvriers, ni ses fournisseurs de biens et de services ; ils devront régler les dettes restantes de l’entreprise qui dépasseraient les 5 millions de dollars. Jusqu’à présent, l’exploitation florale de Navaisha servait à l’entreprise de vache à lait et représentait les trois-quarts du total annuel des bénéfices de l’empire Karuturi.

Karuturi Global Ltd, dont le siège est à Bangalore, est un des plus gros conglomérats agroalimentaires étrangers d’Afrique. En 2007, il a commencé à développer ses activités au Kenya et en Éthiopie pour profiter de généreux allègements fiscaux et de terres, d’eau et de main d’œuvre bon marché. L’entreprise est rapidement devenue le plus grand exportateur de roses coupées du monde et a acquis plus de 310 000 hectares de terres fertiles dans le sud de l’Éthiopie pour y faire des cultures alimentaires.

Aujourd’hui, cet illustre modèle d’investissement étranger direct dans l’agriculture africaine est sur le point de s’effondrer, et ce sont les Africains qui doivent payer la facture.

Les affaires de Karuturi à l’étranger provoquent d’innombrables souffrances. Au Kenya, les ouvriers vivent dans des conditions inhumaines, sans paye, sans eau et sans électricité, depuis des mois. Au cours des derniers six mois, leurs services médicaux ont été fermés, ainsi que l’école pour leurs enfants.[1] De surcroît, Karuturi doit au gouvernement kenyan des millions de dollars US d’impôts impayés qu’il a dissimulés en falsifiant les factures et en manipulant le prix des transferts.[2]

En Ethiopie, les Anuak et les autres communautés, qui ont été violemment déplacées de leurs terres sans consultation pour faire place aux activités agricoles de Karuturi, ont perdu leurs moyens de subsistance et vivent en exil sans compensation correcte. Karuturi cependant n’a pas été capable de cultiver plus d’une toute petite fraction de ces terres et des sources locales signalent que les fermes ont cessé leur activité. Le mois dernier, le gouvernement éthiopien a lancé un avertissement à Karuturi, lui enjoignant de clarifier l’état d’avancement de son projet agricole s’il ne voulait pas se voir retirer son permis d’exploitation.

Qu’il s’agisse de fraude fiscale ou de violations du droit du travail, Karuturi doit expier ses crimes, immédiatement. Et la communauté internationale doit arrêter de soutenir les scandaleux agissements illicites des entreprises pour justifier l’« investissement étranger » ou pire encore, le « développement ».

Notes :

[1] Voir notre note de synthèse pour plus de détails : http://tinyurl.com/q42u86w
[2] Voir notre communiqué de presse ("Karuturi coupable de fraude fiscale”) et la note de synthèse correspondante ("Karuturi : une litanie de problèmes") du 22 avril 2013: http://tinyurl.com/nul7xut.

Pour toute information complémentaire, contacter :

▪ M. Stephen Gichohi, [email protected], +254725401366, or Ms Mukami Kowino, +254722436802, [email protected], Forum Syd Kenya, Nairobi (sur la situation des ouvriers agricoles de Karuturi et la campagne contre la fraude aux transferts au Kenya)

▪ M. Devlin Kuyek, GRAIN, Montréal, [email protected], +15145717702 (sur l’accaparement des terres par Karuturi et au niveau mondial)

▪ Dr Attiya Waris, Faculté de Droit, Université de Nairobi, [email protected], +254771891571 (sur le contentieux fiscal avec le Kenya et la lutte pour la justice fiscale en Afrique)

▪ M. Nyikaw Ochalla, Anywaa Survival Organisation, Londres, [email protected], +447939389796 (sur Karuturi en Éthiopie et la situation des populations autochtones)

▪ M. S. Kannaiyan, South Indian Coordination Committee of Farmers Movements, India, [email protected] (sur les activités de Karuturi en Inde et en Afrique du point de vue des paysans indiens)

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