Cameroun : Ces ministres qui s'accaparent les terres

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D’après la Sodecao, les paysans ne contrôlent qu’à peine 30 % des surfaces inscrites au Cameroun. Le contrôle de 70 % des surfaces serait detenu par les catégories dites de l’élite.
Camer.br | 27 août 2013

Cameroun : Ces ministres qui s'accaparent les terres

De René Emmanuel Sadi à Essimi Menye, de nombreux membres ou anciens membres du gouvernement et hauts fonctionnaires entretiennent de grandes exploitations agricoles.

C’est un phénomène qui prend de l’ampleur dans les zones rurales au Cameroun. ils sont de plus en plus nombreux, ces ministres, directeurs généraux de sociétés d’etat, magistrast, hauts gradés de l’armée qui achètent à des prix dérisoires d’importants espaces de terres cultivables dans les villages. Cette catégorie de nouveaux acteurs du monde rural que Jean-marc ela nomme «cultivateurs en souliers vernis» exportent dans la majorité des cas leurs produits à l’extérieur.

«L’accaparement de terres qui s’exprime à travers la multiplication et l’extension des surfaces de vergers des catégories élitistes permet ainsi de voir que ceux-ci désirent posséder des aires sécurisées, à titre personnel, de loin au dessus de la moyenne des populations locales, majoritairement paysannes, et au dessus des 50 hectares autorisés par les dispositions juridiques foncières», souligne le chercheur en sociologie rurale, Hugues morell meliki.

Cette agriculture dite de seconde génération s’étend sur plusieurs secteurs: Le cacao, café, banane, ananas, manioc, caoutchouc, huile de palme, etc. mais, plus de 90% de cette production locale est vendu à l’extérieur au détriment du marché local qu’ils jugent «peu rentable». Dans le cadre de l’exploitation foncière, un document interne à la sodecao a établi en 2008 que la moyenne de la surface réalisée par un paysan est estimée à 1,4 hectare ; moyenne totalement risible face à la surface investie par les ministres et assimilées, laquelle se chiffre à 8,36 hectare, soit une différence nette de 6,96 hectare. a cela, s’ajoute le fait que compte tenu de leur emprise sur l’appareil de l’etat, certains ministres bénéficient régulièrement de des plants à trois reprises, ce qui fait que leur investissement individuel est établi à un seuil minimal de 30 hectares.

Cependant, un cadre juridique adéquat semble avoir été crée pour faciliter cette stratégie de conquête foncière par l’élite. ainsi, les dispositions juridiques foncières considèrent comme propriété privée toutes les terres immatriculées ou, quand il s’agit des domaines ou réserves communautaires, de terres justifiant d’une certaine mise en valeur. Par mise en valeur, ces dispositions pointent ces terres qui justifient de l’occupation effective de l’homme à travers la présence d’habitats, de cultures ou de pacages.

De ce qui est dit, on retient que la terre, dès ce moment, n’appartient qu’à ceux qui la mettent en valeur. D’après Hugues meliki «si l’on souligne que la terre est devenue un facteur assez onéreux et un investissement d’avenir dans un contexte de ruée des multinationales agro-alimentaires dans le continent, on comprend ainsi que les nouvelles catégories veulent accumuler ce facteur de production fondamental. En toute conséquence, on assiste à des logiques d’accaparement du capital foncier par une élite aisée qui peut recourir au prétexte d’investissement agricole pour annexer et en faire sa propriété, de vastes superficies de terre.

Et, par cet habile procédé, accumuler légitimement, à titre individuel, plus de 50 hectares de terres : limite fixée par les textes gouvernementaux en la matière pour les individus. Il y a donc volonté explicite d’accaparement de terre.».

Edouard akame mfoumou est l’un des pionniers de cette agriculture. les champs de l’ex ministre de l’économie et des finances au nom évocateur de Rock Farm à ndonkol dans la région du sud-Cameroun s’étendent à perte de vue.

On rencontre partout des vergers de cacaoyers, des plantations de palmiers à huile, des étendues de banane-plantain et des champs d’ananas. D’après la sodecao, les paysans ne contrôlent qu’à peine 30 % des surfaces inscrites dans l’élan de cette nouvelle agriculture, chiffre assez contrastant face à 17 % du verger national total qu’elle a réellement à son actif. Le contrôle de 70 % des surfaces par les catégories dites de l’élite.

Mutations : Boris Bertolt
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