Exploitation sucrière : Le crime de SOSUCAM mis à nu

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Camer.be | 27 août 2013

Exploitation sucrière:Le Crime de SOSUCAM mis à nu

Ce que l’on pourrait désormais appeler SCANDALE, perpétré sur les populations riveraines des exploitations sucrières de Nkoteng et Mbandjock, fait resurgir la problématique sur le peu de crédibilité dont fait l’objet certaines entreprises qui glanent des lauriers à l’international alors que sur le terrain, elles gauchissent au quotidien les dispositions de leurs obligations légales et même les principes fondamentaux liés à leurs responsabilités en matière de Droits de l’Homme.

Activités de la SOSUCAM, facteurs de paupérisation des riverains

Depuis le début de la mise en œuvre de ses activités, la SOSUCAM, appartenant à 73,43% à la société de holding français SOMDIAA (Société d’Organisation de Management et de Développement des Industries Alimentaires et Agricoles),  n’a pas manifesté son intention à effectivement appliquer, avec l’esprit de la lettre,  les mesures visant à atténuer les effets néfastes consécutifs à l’occupation des terres jadis utilisées par les paysans riverains pour leurs activités traditionnelles (10 à 12 000 ha actuellement plantés du côté de Mbandjock, 15 000 ha  du côté de Nkoteng et des extensions de 11 980 ha qui sont progressivement en train de s’exécuter depuis 2006).

En plus de cet accaparement de leurs terres ancestrales, les populations riveraines locales souffrent aujourd’hui de pollutions diverses provoquées par les produits chimiques utilisées par l’agro-industrie (produits phytosanitaires, engrais, carburant, effluents…etc.). De ce fait, dans la zone, les habitants ne peuvent plus boire de l’eau de leurs rivières encore moins pêcher, ni produire en quantité et qualité des produits vivriers de subsistance, ni se soigner avec la pharmacopée traditionnelle…etc.  C’est avec beaucoup d’émotion que les  téléspectateurs d’un média télévisuel national ont suivi les plaintes des ressortissants de ses localités qui faisaient état de la destruction pure et simple, depuis de nombreuses années, de toute l’économie locale induite par des pratiques peu orthodoxes de l’entreprise sucrière. De leurs cris pour une meilleure prise en compte de leurs droits, il est ressorti qu’ils contestaient la  méthode d’épandage aérien faite en marge des normes réglementaires ayant entraîné : La disparition des chenilles (source de revenus non négligeables pour les paysans locaux) ; La destruction des champs par les herbicides ; La contamination des récoltes ; Les problèmes de santé (desquamation des peaux…etc.). Le pillage des biens appartenant aux villageois par les nombreux employés de l’industrie et la politique d’embauche défavorable aux riverains qui risquent de déboucher sur des tensions sociales aux conséquences imprévisibles ont aussi été évoqués. Ceci est d’autant plus surprenant que l’entreprise appartient à un groupe dont le siège social se trouve dans un pays membre de l’OCDE et qui par conséquent, par son obligation à se conformer à ses principe, doit veiller à ce que les préoccupations environnementale, sociale, d’éthique et de Droit de l’Homme, soient intégrées dans la stratégie de base de chacune de ses filiales.

Entreprise citoyenne ou slogan démagogue

On a l’habitude d’entendre, dans le cadre de l’exécution d’un projet industriel, « NORMALISATION »  ou encore « CERTFICATION ». Celle de SOSUCAM est réalisée chaque année par un bureau mondialement reconnu sans que celui-ci ne relève ces griefs récurrents sur l’application des mesures visant à supprimer ou à atténuer les effets nocifs de ses activités sur les villageois vivant coutumièrement, depuis toujours, près de ses plantations de cannes à sucre ainsi que sur les conditions de travail en son sein. Selon des employés rencontrés ayant décidé de garder l’anonymat, la question d’équipement de protection individuelle se pose avec acuité au sein de la seule entreprise sur le marché sucrier camerounais. La plus grande partie des ouvriers de l’agro-industrie (à plus de 90% saisonniers travaillant dans les plantations), s’attaquent à la coupe et au ramassage des tiges de cannes sans gants, sans cache-nez et autres, s’exposant ainsi à l’inhalation des divers produits phytosanitaires nocifs utilisés dans le traitement des cannes,  aux fumées issues du brulage des cannes, aux accidents divers émanant du maniement des machettes…etc. Alors même que l’allocation desdits équipements aux employés serait obligatoire et par conséquent budgétisée chaque année.

Depuis le 2 Août 2013, SOSUCAM est en train de jeter de « la poudre aux yeux » du Monde avec la création d’une Fondation qui, dès sa naissance, semble avoir déjà du plomb dans l’aile tant son chantier est ardu. En regardant avec circonspection les prérogatives du nouveau « bébé », on peut constater que le lancement de ses activités se fera très loin des misères engendrés par l’exploitation des champs de Nkoteng et Mbandjock. La mise sur pied serait en réalité un « Trompe-l’œil » qui va permettre à l’industrie de se départir de la mauvaise image qu’elle a depuis 2010 après qu’on lui ait attribuée le Prix « Pinocchio » pour  sa mal gouvernance et son mensonge. Jadis, elle avait rapporté qu’elle a œuvré pour l’amélioration des conditions de vies des populations riveraines en liaison  avec son investissement ; faux et archifaux rétorquent désormais cette population décidée à les démasquer. La question qu’on pourrait se poser est de savoir pourquoi l’Etat du Cameroun ne réagit pas face à tous ces manquements relevés?

« Colonisation au fer rouge » !

L’exploitation sucrière  de Nkoteng et de Mbandjock ne peut que nous faire revivre les conditions qui prévalaient en Amérique du Sud dans ce type d’exploitation avant l’abolition de l’esclavage. Elle nous fait ressurgir cette marque « rouge » sur les africains noirs qui symbolise jusqu’ici leur recul dans le développement humain.

Depuis la mort de Jean Louis Vilgrain en 1995, son fils Alexandre Vilgrain héritier du « mastodonte » SOMDIAA (employeur d’au moins 20 000 personnes) n’a pas su faire améliorer les conditions de production de ses 6 filiales africaines. Malgré le voile de la personnalité juridique  ou l’autonomie de la personne morale dont jouit SOSUCAM, sa société-mère SOMDIAA sera accusée de négligence dans le contrôle de sa filiale camerounaise quand on sait qu’elle déclare, dans sa politique sociale, que depuis 1970, elle a toujours assumé sa responsabilité sociale par des actions visant à améliorer les conditions de vie et de travail des populations vivant à proximité de ses sites d’exploitation par le biais d’actions spécifiques dans les domaines de la santé et de l’éducation. Ceci en complet déphasage avec les réalités relevées dans les localités de Mbandjock et de Nkoteng.

Pour apporter des correctifs durables aux problèmes que cause SOSUCAM, au lieu de vouloir, en premier lieu s’attaquer à sa responsabilité sociale ou sociétale, il est important que SOMDIAA instruise à sa filiale camerounaise de se conformer d’abord à sa responsabilité légale dont les dispositions sont clairement spécifiées dans son cahier de charge. Affaire à suivre.

Camer.be : Yannick Ebosse
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