Temiognage de Salamatou Gazéré Dotia

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Pain pour le prochain | mars 2012

Temiognage de Salamatou Gazéré Dotia
de Synergie Paysanne au Bénin

Elle travaille avec soixante et une femmes de 80 villages en tant qu’animatrice. Elle leur apporte des conseils dans la mise en œuvre de leurs activités, dans la gestion, la planification ainsi que le règlement des conflits. Dans le domaine de l’alphabétisation, elle donne 12 heures de cours par semaine, à raison de trois heures par jour. Cette activité l’occupe trois à six mois chaque année (pendant la sécheresse quand elles ne travaillent pas aux champs). Ensemble, les femmes gèrent un élevage de lapins dans un bâtiment d’étable commun. Elles ont un magasin de stockage (pour leurs produits) qui est situé à côté de l’élevage. Le chantier de l’atelier de transformation pour leurs produits agricoles se trouve en face.

Les femmes de son groupe appartiennent à différentes religions (religions traditionnelles, musulmans, catholiques) qui cohabitent bien et qui respectent la foi des autres. Pour les femmes de son village avec lesquelles elle travaille, Salamatou est un modèle. « Elles voient qu’il est possible d’avancer – même avec peu de moyens – et cela les motive. Elles voient par exemple qu’elles peuvent gagner un peu d’argent supplémentaire avec l’élevage des lapins. Grâce à mes activités, mes enfants ont pu faire des études», nous explique Salamatou. « Nos maris sont fiers de nous quand ils voient ce que les femmes atteignent. »

Combattant depuis longtemps aux côtés des paysans pour l’amélioration de leurs conditions de vie, elle adhère en 2005 à Synergie Paysanne convaincue que le syndicalisme paysan est le moyen qui permettra aux paysans de se faire entendre désormais. Au sein de Synergie Paysanne, elle a appris que les décisions gouvernementales se prennent le plus souvent sans connaître les réalités de terrain et sans consulter les principaux concernés. C’est également au sein du syndicat qu’elle prend conscience du phénomène de l’accaparement des terres et des enjeux de la politique agricole.

En partant de ces constats, elle voit en Synergie Paysanne un intermédiaire capable de faire le lien entre les paysans et la sphère des décideurs.

Au début simple membre, elle fait partie aujourd’hui du Conseil d’administration et occupe la fonction de présidente adjointe (vice-présidente) du Collège des Femmes de Synergie Paysanne depuis avril 2009. Parfaitement consciente de la mise à l’écart des femmes des processus de décisions, elle espère que sa présence au sein du syndicat va permettre une meilleure reconnaissance du rôle des femmes et de leur importance – à tous les niveaux du développement du Bénin. Le Collège des Femmes de Synergie Paysanne est une structure qui permet aux femmes membres de Synpa de se rencontrer et d’échanger sur les besoins particuliers des paysannes, de définir leurs priorités et stratégies et de les rapporter/négocier/inclure dans les stratégies de Synpa.

Au début, il y avait des membres masculins de Synpa qui ne voyaient pas le besoin pour les femmes de devenir membres de Synpa. Salamatou : « Je me suis battue pour que les femmes puissent devenir membres de Synpa et que la promotion des femmes paysannes figure dans le plan stratégique et les activités de Synpa. Je pousse les femmes à adhérer à Synpa, parce qu’il est important qu’elles sachent ce qui se passe à Cotonou – au niveau politique. Sinon, nous n’avons pas d’informations et d’influence ici, à la campagne, sur ce que le gouvernement décide. »

Salamatou a réussi : la promotion et le soutien des femmes figurent dans le plan stratégique 2012-2014 de Synpa.

Le mari de Salamatou Gazéré est également membre de Synpa et il s’engage aux côtés de Synpa contre le fait que les villageois de leur région vendent leurs terres sans être informés sur les risques que cela peut impliquer (par exemple : perte de leurs moyens de subsistance une fois l’argent reçu et dépensé ; le fait qu’il ne leur restera rien à léguer à leurs enfants, etc.).

L’accaparement de terre est encore un phénomène peu développé dans leur région – mais cela peut changer et la famille Gazéré va rester attentive.

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