Transparence foncière : L’Etat invité à stopper la ruée vers la terre

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Marche du collectif pour la défense des terres de Fanaye, le jeudi 27 Octobre 2011
Walf Fadjri | 10 février 2012

Transparence foncière : L’Etat invité à stopper la ruée vers la terre

Les méfaits du phénomène de l’accaparement des terres étant néfastes pour les populations et pouvant même provoquer des heurts, l’Institut pour la Citoyenneté-consommateurs et développement en Afrique (Cicodev), appelle les autorités à arrêter la ruée vers la terre. ‘S’il y a eu deux morts à Fanaye, c’est parce qu’il n’y a pas eu de transparence dans l’allocation de ces terres-là. La majeure partie de la population n’était pas au courant de cette affectation de 20 mille hectares’, a déclaré Amadou Kanouté, directeur exécutif de Cicodev, avant-hier, lors de la clôture de l’atelier international de 2 jours, organisé à Dakar, sur la transparence dans les attributions et les investissements dans les ressources foncières. Pour ce dernier, stopper cette ruée vers la terre suppose que la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, adoptée depuis 2006, soit appliquée.

‘Avec d’autres organisations, on a demandé à l’Etat de faire un moratoire immédiat sur toutes les allocations de terres à grande échelle. En l’espace de 10 ans, 650 mille hectares de terres ont été distribués à 17 privés nationaux et étrangers. Ce qui représente 17 % des terres cultivables de ce pays. Si on n’arrête pas, le jour où la loi sur la réforme foncière sera voté, il n’y aura plus de terre sur laquelle faire appliquer cette loi’, dit-il.

Après deux jours de réflexion avec une trentaine d’experts venus de 17 pays, il annonce que les participants ont décidé d’adopter de nouvelles approches pour freiner le phénomène d’accaparement des terres. ‘Nous allons cibler des institutions financières internationales qui appuient nos Etats pour leur faire part des préoccupations que nous avons. Nous voulons que tout investisseur qui quitte l’Europe, les Etats-Unis ou l’Asie, et qui veut investir dans la terre, puisse d’abord s’assurer que les populations ont donné leur consentement’, annonce Kanouté.

Marième Sow de l’Ong Enda pense que cet atelier est venu à son heure et est d’une importance majeure compte tenu de la situation que le pays vit. Car, on met toujours les populations locales devant le fait accompli. Et ces dernières, qui se considèrent comme les propriétaires de leur terroir, sont un beau jour délestées de leurs terres au profit de pays et d’individus. ‘C’est une deuxième recolonisation de l’Afrique et c’est la plus dure parce qu’étant venue à un moment où l’on dispose de capacités intellectuelles pour dire non. Et ce sont nos dirigeants qui orchestrent tout cela. Ce sont les dirigeants qui libèrent le foncier. C’est donc une marchandisation des terres qui s’est organisée bien avant même la crise alimentaire’, dénonce-t-elle. Pour elle, avec plus de 60 % de la population qui vit dans le monde rural, le Sénégal devrait au contraire faire de l’agriculture le levier de son développement économique.

‘Le gouvernement devrait accompagner ces producteurs pour améliorer leur système de production pour chercher à sécuriser la souveraineté alimentaire’, dit-elle.

Seyni DIOP

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