Communautés pastorales : le défi de l’accès aux terres

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(Photo : CAFOD)

Univers Nature | 03-02-2011

Au Kenya, dans certaines régions pastorales, l’acquisition de terres communales par le gouvernement, au profit d’une agriculture intensive irriguée, a entraîné des changements dans le mode de vie des communautés pastorales (1). Autrefois nomades, ces marchands de bétail ont ainsi vu se raréfier les terres disponibles. Ainsi, les communautés pastorales du district de Tana River, province côtière, ont perdu de vastes étendues de pâturages après 1963, suite à la mise en œuvre par le gouvernement d’un projet d’irrigation. Récemment, des milliers d’hectares de terres, situées dans le delta du fleuve Tana, ont été loués pour la production d’aliments et d’agro-carburants et pour l’exploitation minière. Au final, le peuplement, les plantations et la division des terres sont à l’origine de la disparition de pâturages et de points d’eau.

Toutefois, malgré ces nombreux obstacles, aggravés par une sécheresse permanente, les communautés pastorales kenyanes font preuve d’une réelle capacité d’adaptation. Ainsi, dans le delta du fleuve Tana, les familles de la tribu Orma ont pu établir des ranchs de 2 000 à 2 400 hectares afin de garantir la subsistance de leurs petits troupeaux. Dans la province Nord-Orientale du pays, les marchands kenyans ont développé le commerce de chameaux plus résistants à la sécheresse. Ils se sont finalement tournés vers les marchés éthiopiens, où les chameaux sont vendus avant d’être expédiés sur les marchés plus lucratifs du Moyen-Orient.

Contraints de rompre avec leur mode de vie traditionnel, certains éleveurs ont appris à composer avec l’économie de marché. Ils se sont reconvertis en courtiers en bestiaux dans les petits centres de commerce, situés le long de la route reliant les villes de Garissa, Lamu et Mombasa. Parallèlement, les femmes s’impliquent de plus en plus dans des activités telles que la vente de produits laitiers.

Les pasteurs éthiopiens partagent les mêmes difficultés que leurs homologues kenyans. Dans les régions de Nagelle et de Medawolabu, les pâturages ont été transformés en terres à blé. Dans un rapport sur le développement du commerce de lait de chamelle, dans la région somalie de l’Éthiopie, Abdi Abdullahi Hussein, membre de l’Assemblée régionale somalienne en Éthiopie, a toutefois déclaré : «  À l’époque, les propriétaires de bétail ont perçu le changement comme une véritable catastrophe. Aujourd’hui toutefois, ils sont nombreux à avoir changé d’avis ». Selon les chercheurs, les communautés pastorales de cette région sont désormais « impliquées dans toutes sortes d’activités génératrices de revenus ». Elles se sont, par ailleurs, rapprochées des villes avec leurs troupeaux de chameaux, favorisant le développement du commerce du lait de chamelle et la création de villages spécialisés dans sa production.

Si l’acclimatation à un contexte régional en mutation est, certes, essentielle pour l’avenir de ces communautés, réputées pour leur remarquable capacité d’adaptation, on peut toutefois s’interroger sur leur résistance à long terme face à une pression croissante. Défini par l’IIED (2) comme « un mode de vie complexe qui s’efforce de maintenir un équilibre optimal entre les pâturages, le bétail et les populations dans des milieux variables et  incertains », le pastoralisme a, en outre, un autre grand défi à relever, à savoir l’adaptation aux changements climatiques, en cours et à venir.

Cécile Cassier

1- Communautés vivant de l’élevage de bétail.
2- International Institute for Environment and Development

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