Le Brésil veut faciliter l'achat de terres agricoles

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Ministre de l'Agriculture, Wagner Rossi

Reuters | 02/02/11 | Português | English

Le Brésil, l'un des premiers exportateurs de produits agricoles au monde, a déclaré mardi vouloir simplifier l'achat de terres par ses agriculteurs, tout en cherchant à dissiper les inquiétudes des investisseurs étrangers. Dans une interview, le ministre de l'Agriculture, Wagner Rossi, s'est déclaré totalement opposé au projet français visant à renforcer la régulation sur les marchés de matières premières.

Cette proposition, exprimée par le président français Nicolas Sarkozy, dans le cadre de discussions du G20, favoriserait les pays industrialisés et elle entraverait la production des pays les plus pauvres, a-t-il souligné.

Ces déclarations s'inscrivent dans un contexte de prix records sur les marchés de céréales et du bétail qui menacent l'offre de produits agricoles dans le monde.

Cette situation attise l'intérêt d'investisseurs mais ravive également le débat sur le rôle des spéculateurs sur les marchés. "Nous voulons séparer le bon grain de l'ivraie", a déclaré Wagner Rossi en référence à une mesure qui permettrait de distinguer les investissement productifs de ceux purement spéculatifs.

"Ceux qui produisent de la valeur ajoutée doivent être traités différemment", a-t-il ajouté.

Le nouveau gouvernement de la présidente Dilma Roussef veut encourager les investissements dans le secteur agricole en réduisant la bureaucratie et par le biais de crédits d'impôts, afin de compenser la hausse des coûts de production liée à la hausse du real, a expliqué Wagner Rossi.

Le Brésil souhaite également faciliter l'accès au crédit des éleveurs de bétail et réduire les taxes payées par les producteurs de café.

Ces projets devraient être accueillis favorablement par les investisseurs, qui se plaignent des nombreux freins à la croissance du secteur agricole.

"Ces mesures permettront d'accroître la production. Il était grand temps que le secteur public se mette au niveau de la compétitivité de ses agriculteurs", a déclaré Normando Corral, vice-président de la fédération agricole dans l'état du Mato Grosso, principal producteur de soja.

APPROCHE PRAGMATIQUE

"Notre bureaucratie est totalement incompatible avec une puissance agricole moderne", a-t-il estimé, ajoutant que des efforts devaient être accomplis pour améliorer les infrastructures, baisser les taux d'intérêt et clarifier les lois environnementales.

Le Brésil est l'un des rares pays à disposer encore de vastes terres arables non exploitées. Les agriculteurs ont encore 120 millions d'hectares de terres cultivables à leur disposition, sans avoir besoin de recourir à la déforestation, a ajouté Wagner Rossi.

Le Brésil continuera de freiner l'acquisition de terres par des fonds souverains mais il souhaite en revanche toujours attirer des investissements étrangers capables d'engendrer de la valeur ajoutée, des emplois et des revenus, a-t-il déclaré.

Il n'a pas précisé comment le gouvernement distinguerait ces deux types d'investissements, mais l'une des possibilités serait d'exiger un projet commercial avant tout achat de terres.

Cette mesure pourrait favoriser l'investissement dans des secteurs "sous-exploités" comme le sucre, l'éthanol ou la cellulose.

Une loi votée l'année dernière a déjà permis de limiter la surface de terres pouvant être achetée par des étrangers, répondant ainsi aux préoccupations d'une partie du gouvernement sur le nombre d'investisseurs étrangers, notamment chinois.

Wagner Rossi, un ancien agriculteur, a estimé que Dilma Rousseff, présidente du Brésil depuis le 1er janvier, adopterait une approche plus pragmatique que son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva. Alors que le président Lula a souvent accusé les Etats-Unis d'empêcher la croissance du potentiel agricole brésilien en accordant des subventions à ses agriculteurs et en imposant des tarifs douaniers, Wagner Rossi a déclaré vouloir collaborer davantage avec Washington dans la recherche et le partage de technologies.
 

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