Doit-on protéger nos terres?

RDI Canada | 17 mars 2010

par Gérald Fillion

Le reportage de l'émission Une heure sur terre sur les Chinois intéressés par les terres agricoles du Québec a provoqué beaucoup de réactions.

Toutefois, les allégations d'intimidation dans la construction, les préparatifs au budget du Québec, le colloque sur la création de richesse du Parti québécois et les problèmes dans le secteur de la santé ont totalement occulté le dossier agricole chez les politiques du Québec. Il y a bien eu un communiqué du Parti québécois, mais c'est tout. Pourtant, l'inquiétude est au rendez-vous.

« Combien voulez-vous pour vos terres? »

Des entreprises chinoises ont mandaté des courtiers pour acheter des terres agricoles du Québec. L'objectif, c'est d'améliorer la sécurité alimentaire de la Chine tandis que des centaines de millions d'habitants là-bas rejoignent et rejoindront la classe moyenne dans les prochaines années et décennies.

Parce qu'il faut nourrir tout le monde, parce que l'amélioration du niveau de vie entraîne une consommation plus grande, Pékin cherche à assurer son approvisionnement alimentaire. Déjà, la Chine est en train d'envahir l'Afrique, en achetant ou louant ses terres, en développant et en accaparant ses ressources.

Au Québec, ma collègue Julie Perreault, de l'émission Une heure sur terre, a suivi un courtier chinois qui allait à la rencontre d'agriculteurs québécois. Le producteur de porc Pierre Désourdy, de Saint-Valérien-de-Milton, nous a dit qu'il avait eu toute une offre : « Ils m'ont dit : "Combien veux-tu? Combien ça vaut les porcheries, la maison, tout?" » Une quinzaine d'agriculteurs auraient été ainsi approchés.

Que faire? Est-ce acceptable? Doit-on empêcher les Chinois d'acheter nos terres?

Protéger le patrimoine agricole

Le président de l'Union des producteurs agricoles à Saint-Hyacinthe, Réjean Bessette, est d'avis que la Chine pourrait carrément « prendre le contrôle de l'agriculture du Québec ». Les terres du Québec ne sont pas chères et quantité d'agriculteurs sont découragés. Plusieurs sont prêts à vendre leurs terres pour éviter de tout perdre, pour s'assurer un revenu de retraite ou tout simplement parce que l'offre est irrésistible.

La loi prévoit pourtant ceci : « Une personne qui ne réside pas au Québec ne peut sans l'autorisation de la Commission (de la protection du territoire agricole du Québec) faire directement ou indirectement l'acquisition d'une terre agricole. » Comment des conglomérats étrangers pourraient-ils alors acheter des territoires agricoles chez nous?

Selon l'économiste Marc Urbain Proulx, de l'Université du Québec à Chicoutimi, interviewé à RDI Économie, les groupes chinois sont prêts à contourner la loi en faisant « acheter les terres par des personnes qui résident au Québec. On a vu dans le passé des terres qui ont été achetées par des intérêts suisses, américains et français ».

Déjà, l'an dernier, la société américaine Hancock Agricultural Investment Group, filiale de la canadienne Manuvie, a acheté 450 hectares de Canneberges Bécancour, dans la MRC d'Arthabaska. Des groupes canadiens achètent aussi des terres dans l'Ouest canadien et les louent à des agriculteurs. C'est payant, semble-t-il de procéder ainsi.

De l'avis de l'opposition officielle à Québec, il faut « mettre un terme à la dilapidation du patrimoine agricole au profit d'investisseurs étrangers inconnus ». Il faut se protéger de la spéculation, selon le Parti québécois, et mettre en place « une politique efficace pour soutenir la relève et le transfert de ferme ».

Marc Urbain Proulx est du même avis : « Il faut s'organiser pour donner aux jeunes un accès aux capitaux leur permettant d'acheter la terre de leur père ou de leurs oncles pour que le modèle familial, qui a beaucoup de vertu non seulement au Québec, mais partout au Canada et en Amérique, puisse se perpétuer. [...] Il nous faut des mesures actives pour encadrer et soutenir la relève. »

On a beaucoup favorisé le développement de grosses fermes au Québec dans les dernières années au détriment d'une agriculture de proximité. La tendance toujours grandissante à l'ouverture des marchés et le développement rapide des pays émergents créent des pressions importantes sur les protections agricoles dans plusieurs pays. C'est le cas aussi chez nous.

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