Propriété et possession: la terre en Afrique

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Mediapart | 09 Juillet 2009

Par kakadoundiaye

Paysan sénégalais (c'est une formule que je revendique, en fait je suis Président d'une ONG qui exploite quatre hectares de cultures vivrières au Sénégal), je ne pense pas que le problème réel, notre problème vital, à nous paysans sénégalais, africains, soit bien celui de l'accaparement des terres du Sud par les compagnies du Nord. Et ceci, dans le cadre d'un divorce qui s'accentuerait entre des besoins alimentaires globaux boostés par la croissance démographique mondiale et les modifications de régime alimentaire (plus de viande etc..) et la diminution d'une offre entrainée par le rechauffement climatrique, la bétonisation des sols et l'accroissement des cultures à des fins industrielles (canne et soja).

L'appréciation des terres agricoles ( qu'est une terre agricole?) doit se faire compte tenu de l'exode rural ( quand il ne reste au village, près des sols arables que les vieux, quelques femmes et les enfants), de l'eau ( avec, réchauffement aidant, tendance à la saumérisation) des moyens de transport ( et du nombre de kilomètres à faire, au prix actuel et futur de l'énergie, pour accéder aux centres de distribution ) des sols, ( latérites, sable, humus, sels minéraux..) de l'environnement écologique, climatique et des connaissances ( agricoles entre autres).

Toute approche et définition qui ne prend pas en compte l'ensemble de ces données - et quelques autres- est, d'entrée de jeu, non pertinente.Une terre agricole n existe pas sans quelqu'un qui la travaille avec ce que cela entend et comprend de savoir- faire compte tenu des conditions spécifiques de son exploitation.

La propriété juridique des sols n'est en soi pas un problème.

Celui de la possession oui.

Un petit propriétaire - à qui serait attribué une parcelle- peut très bien ne plus vivre au village, donc louer sa parcelle- ainsi fabrique-t-on des rentiers qui tirent partie de leur revenu du sol sans y travailler-ou la vendre ( à des conglomérats)

Une propriété collective peut aussi être vendue. Pour construire une mosquée par exemple ( exemple vécu).

Un conglomérat n'est qu'un conglomérat c est à dire une entreprise d'exploitation. Qu'elle travaille la terre ou qu'elle exploite les minérais et/ou le pétrole ne change rien au fait que quelque soit la propriété juridique elle a et achète la possession et que cette possession, c est à dire ce que l on fait de la terre, est en revanche capital.

Capital de savoir si les techniques utilisées mises en oeuvre sont reproductibles c est à dire si elles apportent un savoir faire que le paysan africain peut reprendre à son compte. Ailleurs ou après. Capital de savoir comment on va enrichir le sol, si les engrais sont produits sur place ou importés, naturels ou chimiques( l'Afrique ne brillant pas par l'importance de ses entreprises et de sa recherche chimiques). Si les insecticides sont également le produit d'une recherche menée à partir des élements locaux.Si l'on va préférer des insecticides pensés et fabriqués en Allemagne par Bayer ou chercher à utiliser des insecticides obtenus à partir des végétaux locaux par des techniques locales.Capital de savoir si ce qui est produit est destiné à l'exportation ou au marché local car si le producteur disparait disparait avec lui le marché d' autant qu'il faille également prendre également en compte le fait que la production concourt à la baisse des prix alimentaires dans son secteur.

Il s'agit donc non de se pencher sur la nature juridique de la propriété mais sur la nature de l'agriculture mise en place.

En d'autres termes je plaide pour une agriculture africaine dont le but serait d'abord de nourrir les africains, pour une agriculture africaine dont les intrants - insecticides, engrais- seraient d'abord africains. pour une agriculture dont les techniques de travail des sols-humus, labours, outils, machines,- et des produits( eau,semences ..) seraient d'abord adaptés aux sols aux conditions et à l'environnement africain. Bref pour une re-africanisation de l agriculture. Que cette re-africanisation soit menée par les entreprises étrangères ( ne soyons pas trop naïfs)ne me dérange pas comme me dérange le fait que des entreprises agricoles sénégalaises travaillent le haricot vert pour l'Europe avec des tracteurs, des tourniquets d'eau, des semences pour des variétés européennes, des insecticides fabriqués en allemagne, des engrais fabriqués en France .

Je plaide avec la dernière énergie pour que nos gouvernants africains imposent, dans le cadre des contrats passés avec les conglomérats étrangers dans le cadre des entorses faites au droit foncier et coutumier, l'implantation d'un service de recherche agronomique qui soit tourné versune autonomie et une indépendance chaque jour plus grande de l' agriculture africaine que ce soit en terme de semences, d'engrais et de phyto-sanitaires que de marché. L'Afrique doit d'abord se nourrir elle même avec une agriculture qui soit adaptée à ce qu'elle peut produire elle-même

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