Total au Congo, les dessous de la compensation carbone

CCFD-Terre Solidaire 09.11.2023

Total au Congo, les dessous de la compensation carbone                       

Au Congo-Brazzaville, le projet BaCaSi mené par TotalEnergies pour compenser ses émissions de gaz à effets de serre prévoit la plantation d’acacias sur 38 000 hectares de terre. Alerté par la Commission diocésaine Justice et paix de Pointe-Noire (CDJP), le CCFD-Terre Solidaire se mobilise pour obtenir une meilleure prise en compte des populations impactées par le projet.

Brice Mackosso, Secrétaire Permanent de la Commission diocésaine Justice et paix de Pointe-Noire (CDJP) est venu spécialement en France à l’occasion de la publication des résultats de l’enquête « LA COMPENSATION CARBONE AU DÉTRIMENT DES POPULATIONS ». Avec Jean-François DUBOST, directeur du plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, ils nous dévoilent dans cette vidéo les problèmes posés par ce projet, le dialogue initié avec Total, et la menace que représente ce type de projets de compensation carbone pour la souveraineté alimentaire des populations.


Qu’est ce que le projet BaCaSi?

Le projet BaCaSi (“Batéké Carbon Sink”) est un projet de compensation carbone de TotalEnergies  au Congo-Brazzaville conçu en accord avec le gouvernement congolais, mais en marge des populations locales. 

Les parties prenantes – propriétaires terriens mais aussi les cultivateurs locataires et des populations autochtones vivant sur ces terres – n’ont été informées des implications du projet qu’un an après la signature de l’accord.  

Aux côtés de la Commission diocésaine Justice et paix Pointe-Noire et du Secours Catholique – Caritas France, le CCFD–Terre Solidaire dénonce l’illusion que représente le projet BaCaSi, censé compenser les émissions de gaz à effets de serre de TotalEnergies, et la non prise en compte des personnes impactées par le projet. 

Les populations évincées

Ce sont les populations évincées qui ont alerté la Commission diocésaine Justice et paix Pointe-Noire, qui a transmis leur interpellation au CCFD-Terre Solidaire et au Secours Catholique en France. La communauté locale qui pratiquait l’agriculture avait perdu l’usage de ses terres. Et la communauté autochtone se voyait refuser l’accès aux forêts, pourtant essentielles à leurs ressources vivrières et leurs activités économiques, comme la culture du manioc et la cueillette de produits forestiers.

Aucune alternative adaptée à leurs besoins n’a été proposée. Si une parcelle d’agro forestation a bien été créée sur le site du projet pour mêler la culture du manioc à la plantation d’acacias, l’absence de formation technique à cette agriculture, très différente du système traditionnel, ne permet pas de compenser la perte des biens et moyens de subsistance des personnes touchées. 

Premières avancées obtenues

Une demande de dialogue a été entreprise par le CCFD- Terre Solidaire et le Secours Catholique. Grace à notre plaidoyer, les populations autochtones ont été à nouveau autorisées à mener leurs activités dans la zone. Et des nouvelles compensations sont prévues pour celles qui cultivaient la terre.

Les illusions de la compensation carbone 

De plus en plus, les multinationales utilisent la compensation carbone comme une solution pour compenser les émissions de gaz à effets de serre liées à leurs activités. 

Pour TotalEnergies, la plantation d’acacias est un moyen d’afficher des objectifs de neutralité carbone tout en maintenant des activités ayant un impact négatif sur le climat. Derrière ce projet, Total mène une stratégie de greenwashing

Nos recommandations

Le CCFD-Terre Solidaire rappelle que la réduction immédiate des émissions à la source doit être la priorité de toutes les politiques et stratégies climat des entreprises. 
Cela implique d’engager des mesures politiques ambitieuses pour réduire réellement les émissions de gaz-à-effet de serre.  

Le CCFD-Terre Solidaire appelle à l’engagement d’actions de remédiations pour les personnes impactées par le projet BaCaSi par les porteurs du projet et l’Etat congolais.  

Des garde-fous contraignants doivent être introduits dans la structure et le fonctionnement des marchés carbone afin d’assurer le respect des droits humains.  

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