Alerte – Promotion des techniques et pratiques de l’agriculture industrielle pour augmenter la productivité : Les inquiétudes de Cicodev

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Cicodev soiulign qu'au cours «des dix dernières années, d’importantes étendues de terres ont été accaparées en Afrique par des intérêts agro-industriels»
Le Quotidien | 27 janvier 2023

Alerte – Promotion des techniques et pratiques de l’agriculture industrielle pour augmenter la productivité : Les inquiétudes de Cicodev

Cicodev ne se réjouit pas des méthodes proposées dans le cadre du sommet qui se tient à Dakar pour libérer le potentiel de production alimentaire du continent. Pour les membres de cette organisation, ces stratégies peuvent conduire à l’accaparement «des terres de petits producteurs, les empêchant de satisfaire des besoins essentiels».

Par Dieynaba KANE – La volonté affichée par les autorités d’augmenter la productivité agricole avec de nouvelles stratégies inquiète Cico­dev. Dans un document, l’organisation souligne que de «réelles menaces pèsent en effet sur les exploitations familiales». Et les auteurs d’expliquer : «Car la productivité engendre un besoin accru de surfaces agricoles disponibles pouvant conduire à des accaparements des terres de petits producteurs, les empêchant de satisfaire des besoins essentiels.»

Selon le Directeur exécutif et ses collaborateurs, «la promotion des techniques et les pratiques de l’agriculture industrielle au détriment des pratiques endogènes agroécologiques, qui sont la base d’une souveraineté alimentaire agro­écologique, remet au goût du jour la question de l’incohérence des politiques alimentaires du Sénégal».

L’organisation révèle qu’au cours «des dix dernières années, d’importantes étendues de terres ont été accaparées en Afrique par des intérêts agro-industriels». A en croire les auteurs du document, «dans un récent rapport publié, le Land Matrix estime que 50% des transactions d’investissement foncier en Afrique ont eu lieu sur des terres utilisées par de petits agriculteurs, principalement en Ethiopie, au Sénégal, au Ghana, au Mozam­bique, en Sierra Leone, en Tanzanie et en Ouganda».

Arguments à l’appui, ils soulignent que «parmi les technologies de l’Agriculture intelligente face au climat (Aic) promues lors du Sommet de Dakar II, figure le maïs économe en eau et intelligent face au climat, qui est promu par le  programme «Technologies for African Agricultural Transformation (Taat) Maize Compact» de la Banque africaine de développement». Pour eux, «la promotion et l’introduction de maïs et d’autres semences hybrides risquent d’être un phénomène dévastateur pour les semences paysannes qui nourrissent la population africaine».

D’après Cicodev, cette pratique «va à l’encontre des principes de la souveraineté alimentaire dont l’une des bases est de contrôler la production, l’approvisionnement, la conservation et les échanges de semences paysannes entre les communautés». Parlant de ce sommet qui se tient du 25 au 27 janvier à Dakar, co-organisé par le Sénégal et la Banque africaine de développement pour «libérer le potentiel de production alimentaire» du continent, Amadou Kanouté, Directeur exécutif de Cicodev, fait remarquer, pour le regretter, que cette rencontre, qui «favorise ces semences résistantes aux changements climatiques, est une voie utilisée par les multinationales pour mettre en place un système de dépendance accrue de l’alimentation des pays africains».

Et de poursuivre : «Pour ne rien arranger, il intervient dans un contexte où le Sénégal vient de voter une loi sur la biosécurité, autorisant l’introduction d’organismes génétiquement modifiés dans le territoire.» S’appuyant sur ces éléments, cette organisation de la Société civile soutient que «l’affirmation du sommet, selon laquelle une «Agriculture intelligente face au climat» (Aic) est nécessaire pour lutter contre l’insécurité alimentaire, ne repose sur aucun fondement scientifique».

Par ailleurs, l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement «dénonce le processus non inclusif lié à la préparation de ce sommet». D’après cet institut, «les organisations de la Société civile, qui œuvrent quotidiennement pour l’accès à la souveraineté alimentaire au Sénégal, n’ont pas été consultées et impliquées dans le processus de préparation de ce sommet».

S’adressant aux participants au Sommet de Dakar II et à l’Etat du Sénégal, Cico­dev les exhorte à : «Revenir sur la promulgation de la loi sur la biosécurité, promouvoir l’agroécologie en lui accordant des ressources adéquates dans la finance climatique, mettre fin à l’accaparement des terres, rejeter les approches basées sur l’Aic qui renforcent les grandes entreprises semencières et agro-industrielles et soutenir les initiatives des agriculteurs africains et organisations qui luttent pour la souveraineté alimentaire et l’agroécologie.»

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