Monsieur Beasley,
Madame Fore,
Monsieur Steiner,
le Groupe Bolloré est un important prestataire de services de l’ONU, qui lui verse chaque année plus de 50 millions de dollars pour des prestations logistiques et autres. Entre 2015 et 2019, différentes entités des Nations Unies ont signé plus de 200 contrats avec le Groupe Bolloré, pour une valeur de plus d’un quart de milliard de dollars. Vos trois institutions représentent environ 95 % de ce montant.
Nous demandons à vos institutions de mettre fin à leurs relations d’affaires avec le Groupe Bolloré et ses filiales, pour les raisons suivantes :
- Le Groupe Bolloré est impliqué dans les plantations d’hévéas et de palmiers à huile par le biais de sa participation de 39,4 % dans le Groupe Socfin, qui contrôle près de 400 000 hectares de concessions de plantations en Asie et en Afrique. Au Cameroun, au Liberia, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et au Cambodge, les populations locales ont dénoncé des méthodes brutales, comme l’accaparement de terres, partout où ses filiales sont actives. À maintes reprises, les communautés locales ont été victimes de violences, d’intimidations, d’arrestations et d’une profonde détresse.
- Le groupe Bolloré a été accusé de corruption et de pratiques illégales dans une série d’opérations lui permettant d’obtenir des concessions portuaires en Afrique. En février 2021, le groupe Bolloré a conclu une Convention Judiciaire d’Intérêt Public avec le procureur de la République financier et accepté de payer une amende de 12 millions d’euros dans le cadre d’accusations de corruption au Togo.
Toute la documentation et les références de ce qui précède sont disponibles dans le rapport de l’Oakland Institute "Doing business with the Bolloré Group" (Lien : https://www.oaklandinstitute.org/sites/oaklandinstitute.org/files/doing-business-bellore.pdf).
Compte tenu des allégations documentées de pratiques illégales, de violations des droits humains et de corruption, le fait que des organisations et programmes des Nations Unies entretiennent des relations d’affaires avec le Groupe Bolloré apparaît comme une violation flagrante des "Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme", du "Code de conduite des fournisseurs" et du "Pacte mondial des Nations Unies".
Faire des affaires avec le Groupe Bolloré va également à l’encontre de la mission de vos institutions, qui consiste à soulager la faim et la souffrance et à promouvoir le développement.
Nous conseillons donc à vos institutions de mettre fin à toute relation commerciale avec le Groupe Bolloré et ses filiales.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur Beasley, Madame Fore, Monsieur Steiner, l’expression de notre profond respect.
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