Déjà propriétaire dans le Bordelais, Chanel concrétisait son entrée sur le marché porteur du vin rosé avec le domaine de l’Île
Chanel agrandit son paradis rosé à Porquerolles
En achetant le Domaine Perzinsky, un peu plus de deux ans après l’acquisition du vignoble de l’Île, la maison de couture devient le plus grand propriétaire viticole sur cet eden méditerranéen.
Par Isabelle Spaak
Ils étaient trois propriétaires à se partager les 80 hectares de vignes sur l’île de Porquerolles, avec une production à 70 % de vins rosés. Désormais, ils sont deux. Car les 14 hectares du domaine Perzinsky viennent d’être rachetés par la maison Chanel pour étoffer le domaine de l’Île, qu’elle possède depuis l’automne 2019, dans cette virgule de terre méditerranéenne, face à la pointe de Giens. Une acquisition à haute portée symbolique comme les aime la maison de couture férue d’exclusivité et de transmission. Déjà propriétaire dans le Bordelais (Château Rauzan-Ségla, deuxième grand cru classé de Margaux, Château Berliquet et Château Canon, grand cru et premier grand cru classé de Saint-Émilion), Chanel concrétisait son entrée sur le marché porteur du vin rosé avec le domaine de l’Île, propriété historique du caillou insulaire de 12,4 km2, dont 30 km de côtes ayant jadis appartenu en totalité à un aventurier d’origine belge, Joseph-Alain Fournier.
Forte personnalité, cet ancien propriétaire de mines au Mexique avait consacré sa fortune à son Éden méditerranéen avant qu’il ne soit partagé entre ses six filles, puis, petit à petit, cédé à l’État qui, à son tour, avait rétrocédé quelques arpents au début des années 1980 à des vignerons sous la forme de baux emphytéotiques.
La vigne replantée devait servir de pare-feu. C’est à ce moment-là que les deux frères Alexis et Cyrille Perzinsky s’étaient installés. Parcelle après parcelle, ils ont gagné leur vignoble sur le maquis qui avait envahi une partie du terroir de Jean-Louis Fournier.
Double hommage
En s’étoffant de ces terres, Chanel rend ainsi un double hommage. Non seulement la marque reconstitue une grande partie du domaine historique, mais elle perpétue une belle aventure humaine et entretient la biodiversité. "Il y a trois ans, quand nous sommes arrivés à Porquerolles sans autre ambition que de nous concentrer sur le domaine de l’Île, sa restructuration, et notre volonté de développer la production de vins rosés et vins blancs avec une idée très précise, les frères Perzinsky étaient nos plus proches voisins", explique Nicolas Audebert, le directeur des propriétés viticoles de Chanel.
"Nous nous sommes tout de suite très bien entendus. Ils nous ont aidés à défricher, nous ont épaulés, prêté du matériel. Puis, un jour, ils sont venus nous voir en nous disant : “Voilà, ça fait trente ans que nous travaillons, nous sommes fatigués. Est-ce que ça vous intéresse de reprendre notre domaine? ” C’est vrai, ils étaient à la fin de leur parcours viticole. On a dit oui ! Nous sommes les uns et les autres très fiers et très heureux. Nous partageons les mêmes valeurs agricoles et ils savent que nous allons poursuivre ce qu’ils ont initié." Les vendanges de 2021 intégreront déjà la production des nouvelles parcelles pour former un tout avec le domaine de l’Île (labellisé bio depuis 2015).
D’ici cinq ans, quand tout sera replanté et restructuré, ce seront 40 hectares et 200000 bouteilles par millésime qui vogueront dans le monde. Mais toujours entièrement et exclusivement fait à la main, de la vigne à l‘embouteillage, dans ce paradis terrestre "made in Provence".