Investissements étrangers chinois dans l’agriculture, quelles réalités ?

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Commodafrica | 9 mai 2018

Investissements étrangers chinois dans l’agriculture, quelles réalités ?

Les investissements de la Chine dans l’agriculture à l’étranger ont quintuplé entre 2010 et 2016 pour atteindre $3,3 milliards en 2016. Des investissements diversifiés, tant par les produits que les pays. Une croissance impulsée par les autorités chinoises. Toutefois, s’ils sont croissants, ils semblent surestimés et/ou rencontrent certaines difficultés dans leur réalisation ou simplement abandonnés.

Des plantations d'huile de palme et de caoutchouc naturel en Asie du Sud-Est, aux fermes de soja et de colza en Russie en passant par les exploitations laitières et bovines en Nouvelle-Zélande et en Australie aux fermes de luzerne aux États-Unis et en Bulgarie, les investissements chinois à l’étranger sont diversifiés et croissants.

Selon les statistiques chinoises, les investissements étrangers dans l'agriculture, la foresterie et la pêche sont passés de $300 millions en 2009 à $3,3 milliards de dollars en 2016, souligne une étude du département américain de l’Agriculture (USDA)[1] . Des chiffres surement sous-estimés, le ministère chinois de l'Agriculture indiquant de son côté que la Chine comptait plus de 1 300 entreprises agricoles, forestières et de pêche avec des investissements étrangers enregistrés de $26 milliards en 2016.

Des investissements qui ont été stimulés par les autorités chinoises incitant les entreprises agricoles à investir à l’étranger. Contribuer à la sécurité alimentaire nationale, réduire la dépendance croissante vis-à-vis des importations alimentaires, influencer les prix mondiaux sont quelques uns des moteurs de l’investissement chinois dans l’agriculture.

Les investissements agricoles sont surtout concentrés dans les régions voisines, en particulier l'Asie du Sud-Est et l'Extrême-Orient russe. Les pays asiatiques représentaient la moitié des investissements chinois à l'étranger dans l'agriculture en 2014, l'Europe 15% , l'Océanie 14%, l’Afrique 12%, l'Amérique latine 6% et l'Amérique du Nord 2%, selon le ministère chinois du Commerce.

Afrique, une présence à nuancer

Les investissements agricoles de la Chine en Afrique reflètent un mélange d'entreprises commerciales, d'assistance technique étrangère et de projets liés à des entreprises non agricoles. Ainsi, la construction de routes, de ports maritimes, d'aéroports, de chemins de fer ou d'écoles vise aussi à promouvoir le commerce agricole à long terme. L’étude souligne que si une grande partie de l'attention sur les «accaparements des terres » par les chinois dans les médias internationaux s'est concentrée sur l'Afrique, les enquêtes de Brautigam et Tang (2009) et Brautigam et Zhang (2013) montrent que seulement 4% des acquisitions de terres chinoises ont été confirmées mais aussi que les réalisations ont été bien moins importantes qu’annoncées par rapport au nombre d’hectares effectivement développé. En outre, le lien entre investissement et approvisionnement alimentaire chinois est plus faible que ne le supposent de nombreux observateurs. Ainsi, les importations en provenance d'Afrique ne représentent que 2,5% des importations agricoles de la Chine et sont principalement constituées de tabac, coton, graines de sésame, noix. La Chine n'importe pas de riz ou d'autres céréales des pays africains.

Nouvelles orientations de la politique chinoise

Si entre 2004 et 2012, les investissements chinois étaient surtout orientés sur la production agricole, comme l’huile de palme, le sucre, le manioc ou le bois, la pêche et l'acquisition de matières premières pour le marché chinois et dans les pays asiatiques voisins et en Russie, plus récemment, certaines entreprises ont acquis des sociétés agroalimentaires établies en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie. L'acquisition par ChemChina de Syngenta est emblématique. Ainsi « les stratégies chinoises d'investissement à étranger s'éloignent des achats de terre pour se concentrer sur les fusions et les acquisitions » observe l’étude. L’évolution de l’entreprise étatique COFCO, l'une des premières sociétés mondiales de négoce de céréales par valeur d'actif, est révélatrice de cette évolution en cherchant à mieux contrôler le commerce, le traitement et la logistique des produits de base. Mais, elle n’est pas la seule, l’USDA citant Bright Foods mais aussi le groupe privé WH, qui a acquis Smithfield Foods, le plus grand transformateur mondial de porc au monde ou encore New Hope Group qui a créé des coentreprises avec des partenaires australiens et néo-zélandais afin de répondre à la demande croissante de protéines animales en Chine.

Toutefois, remarque l’USDA, COFCO, par exemple, est confronté à un certain nombres de difficultés et après le départ du président de COFCO en 2016, le nouveau président a présenté un plan d'affaires moins ambitieux, plus axé sur l'achat de produits pour le marché chinois que sur le développement d'une entreprise mondiale qui défierait d'autres multinationales, souligne l’USDA.

En outre, l'investissement agricole est désormais étroitement lié à l'initiative chinoise One Belt One Road, qui cible les pays situés entre la Chine et l'Europe occidentale.

« Les objectifs de la Chine de mieux contrôler les chaînes d'approvisionnement pour ses importations et d'accroître son influence sur les prix mondiaux des produits de base pourraient entraîner de nouveaux investissements dans les marchés du commerce, de la logistique et des matières premières » observent Fred Gale et Elisabeth Gooch, auteures de l’étude.

[1] L’étude China's Foreign Agriculture Investments a été réalisée à partir de sources chinoises, discours, reportages, études, rapports du gouvernement, médias, etc.
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