«Un appel est lancé aux cultivateurs de ne surtout pas céder leurs terres en échange de modiques sommes et de ne pas se laisser faire face à la pression des autorités publiques », avertit Malick Sow du FONGS
L’agrobusiness, un moyen d’expolier les paysans de leurs terres
« L’agrobusiness est le prétexte par lequel nos terres sont bradées avec la complicité de nos dirigeants », a déclaré Ibrahima Séne, consultant à Enda pronat, lors du panel du « festival Alimenterre » organisé ce vendredi au Cices sur le thème « foncier et accaparement des terres ».
Les pratiquants étrangers de l’agrobusiness ne se limitent plus à s’accaparer des terres arables, mais commencent à s’adonner à des pratiques de dumping commercial. « Seneginda (entreprise indienne) s’est lancée dans la surproduction de pommes de terre pour inonder le marché et faire baisser les prix afin de décourager la pratique de l’agriculture familiale de pomme de terre », s’indigne M. Bass, producteur de pomme de terre dans les Niayes.
« D’ici 2035, la population sénégalaise s’élèvera à environ 39 millions d’habitants et une grande partie de la population serait victime de faim ou d’insécurité alimentaire, due à l’accaparement des terres arables et au développement de l’agro-business au détriment des exploitations familiales », a déclaré El hadj Faye, coordonnateur de programme à Enda pronat.
« Le phénomène de l’accaparement des terres est aujourd’hui constaté dans plusieurs localité du Sénégal comme à Dolel dans le département de Podor, à Mbane dans la zone des Niayes… », déclare Ibrahima Séne, consultant et modérateur du panel.
La ruée des étrangers sur les terres africaines et sénégalaises en particulier s’explique, de l’avis d’El hadj Faye, par le besoin d’une sécurité alimentaire de certains Etats nantis en manque de terres arables, mais également par la fin prédite du pétrole qui pousse l’Occident à se tourner vers l’énergie bio.
Cette affirmation pousse Malick Sow de la Fédération des organisations non-gouvernementales du Sénégal (FONGS), à souligner que « les terres sont devenues des marchandises cotées en bourses. Ainsi un appel est lancé aux cultivateurs de ne surtout pas céder leurs terres en échange de modiques sommes et de ne pas se laisser faire face à la pression des autorités publiques ».