ARTE | 9 mai 2017
Vertueuses, les multinationales ? Le business de l'aide au développement
Une part croissante de l'aide publique au développement serait-elle détournée au profit de grandes multinationales du secteur agroalimentaire ? Une enquête stupéfiante menée dans trois pays africains.
Lutter contre la malnutrition au Kenya en investissant des fonds publics pour l'aide au développement dans une société important à Nairobi des pizzas surgelées fabriquées en Allemagne ? Le projet peut paraître absurde, c'est pourtant l'un des nombreux exemples d'une dérive dans laquelle est impliquée aujourd'hui l'aide publique européenne au développement. Pour lutter contre l'insécurité alimentaire et la grande pauvreté, les pays donateurs misent sur les mécanismes du partenariat public-privé et, ce faisant, investissent une part croissante de leur aide au développement dans le soutien au secteur privé plutôt que dans les structures étatiques. C'est encore plus vrai depuis qu'en 2012 le G8 a lancé l'Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, associant 230 entreprises privées et dix pays africains pour le développement de projets agroalimentaires d'envergure sur les territoires de ces derniers.
"Gagnant gagnant"
Vertueux le partenariat public-privé pour combattre la misère en Afrique ? Pour les besoins de leur enquête, les auteurs de ce film se sont rendus au Kenya, en Zambie et en Tanzanie, mais aussi en Allemagne, en donnant la parole aux investisseurs publics (dont le ministre de la Coopération Gerd Müller) et à des adversaires résolus de cette politique. De fait, dans six des sept projets exposés, le pari du "gagnant gagnant" (quand les entreprises vont bien, la pauvreté recule) se trouve largement infirmé par les faits. Certaines multinationales accaparent les terres, paient des salaires misérables au petit nombre d'ouvriers agricoles qu'elles emploient, et poussent les paysans à leur compte à délaisser l'agriculture vivrière et à s'endetter pour se procurer semences, engrais et pesticides. Si la situation de certains, déjà privilégiés, semble s'améliorer, ils deviennent aussi totalement dépendants, non seulement des intrants (engrais, matériels...) que leur fournissent ces mêmes multinationales, mais aussi des prix agricoles fixés par elles. Pourtant des modèles alternatifs d'aide au développement existent. Tel ce partenariat entre un grossiste européen en épices et condiments exotiques associé à vingt-cinq producteurs d'épices à Zanzibar, et soutenu lui aussi par la coopération allemande. Ne faudrait-il pas encourager plus fortement ce modèle d'association d'hommes et de moyens, respectueux de la liberté et de l'autonomie des petits producteurs, favorisant une agriculture équitable ? C'est une autre variante du "gagnant-gagnant".
Vertueuses, les multinationales ? Le business de l'aide au développement
Une part croissante de l'aide publique au développement serait-elle détournée au profit de grandes multinationales du secteur agroalimentaire ? Une enquête stupéfiante menée dans trois pays africains.
Lutter contre la malnutrition au Kenya en investissant des fonds publics pour l'aide au développement dans une société important à Nairobi des pizzas surgelées fabriquées en Allemagne ? Le projet peut paraître absurde, c'est pourtant l'un des nombreux exemples d'une dérive dans laquelle est impliquée aujourd'hui l'aide publique européenne au développement. Pour lutter contre l'insécurité alimentaire et la grande pauvreté, les pays donateurs misent sur les mécanismes du partenariat public-privé et, ce faisant, investissent une part croissante de leur aide au développement dans le soutien au secteur privé plutôt que dans les structures étatiques. C'est encore plus vrai depuis qu'en 2012 le G8 a lancé l'Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, associant 230 entreprises privées et dix pays africains pour le développement de projets agroalimentaires d'envergure sur les territoires de ces derniers.
"Gagnant gagnant"
Vertueux le partenariat public-privé pour combattre la misère en Afrique ? Pour les besoins de leur enquête, les auteurs de ce film se sont rendus au Kenya, en Zambie et en Tanzanie, mais aussi en Allemagne, en donnant la parole aux investisseurs publics (dont le ministre de la Coopération Gerd Müller) et à des adversaires résolus de cette politique. De fait, dans six des sept projets exposés, le pari du "gagnant gagnant" (quand les entreprises vont bien, la pauvreté recule) se trouve largement infirmé par les faits. Certaines multinationales accaparent les terres, paient des salaires misérables au petit nombre d'ouvriers agricoles qu'elles emploient, et poussent les paysans à leur compte à délaisser l'agriculture vivrière et à s'endetter pour se procurer semences, engrais et pesticides. Si la situation de certains, déjà privilégiés, semble s'améliorer, ils deviennent aussi totalement dépendants, non seulement des intrants (engrais, matériels...) que leur fournissent ces mêmes multinationales, mais aussi des prix agricoles fixés par elles. Pourtant des modèles alternatifs d'aide au développement existent. Tel ce partenariat entre un grossiste européen en épices et condiments exotiques associé à vingt-cinq producteurs d'épices à Zanzibar, et soutenu lui aussi par la coopération allemande. Ne faudrait-il pas encourager plus fortement ce modèle d'association d'hommes et de moyens, respectueux de la liberté et de l'autonomie des petits producteurs, favorisant une agriculture équitable ? C'est une autre variante du "gagnant-gagnant".