Les paysans opposent un niet catégorique face aux 20 mille hectares de terres octroyées à des investisseurs italiens
Politique d’accaparement des terres : Les ruraux organisent la résistance
Si l’Etat ne prend aucune disposition face au bradage des terres au profit des investisseurs privés, les populations ne pourront plus se nourrir de leurs terres. C’est l’alerte sonnée par les responsables du Cncr qui étaient en atelier d’échanges à Ndioum.
La réforme foncière et les enjeux de la sécurisation des exploitations familiales constituent les vraies difficultés auxquelles le Sénégal est confronté depuis des décennies. C’est dans ce cadre que le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) a organisé un atelier sur le foncier dans la commune de Ndioum. Les préoccupations essentielles restent relatives au portage politique des propositions du Cncr et aux stratégies locales de résistance face aux accaparements de terres.
Les acteurs ont échangé sur les difficultés rencontrées par les exploitations familiales, sur l’accès ou la sécurisation des terres et sur les stratégies à adopter par le mouvement paysan face à ce fléau. Alioune Guèye, Secrétaire général du Conseil régional de coopération des ruraux (Crcr), qui animait l’atelier, a sonné l’alerte sur la gestion foncière telle qu’elle est menée depuis des années par nos gouvernants. Il pense, en effet, qu’il est une urgence pour les autorités de penser à sécuriser la terre. Car, dit-il, si toutefois des dispositions ne sont pas prises rapidement, d’ici peu les Sénégalais ne vont plus se nourrir de leurs terres. Parce que, celles-ci sont aujourd’hui bradées au profit des investisseurs privés.
Cet atelier de réflexion, qui a réuni les responsables du Cncr et des Crcr de Matam, Podor, Saint-Louis et Tambacounda, l’Upar, le Cadre de réflexion et d’action sur le foncier (Craf), entre autres, a permis de cogiter sur les mesures d’accompagnement à prendre et de soutien à mettre en place pour garantir la mise en œuvre opérationnelle de la réforme foncière, proposée par le mouvement paysan. Les travaux de groupe ont aussi permis d’échanger sur les mécanismes de plaidoyer et les stratégies d’alliance pour lutter contre le phénomène d’accaparement des terres, mais aussi et surtout de demander et d’obtenir une réforme foncière qui prendra bien en compte les préoccupations des exploitations familiales. Selon Oulimatou Ly, présidente du Crcr, c’est l’occasion de réfléchir sur les voies et moyens de contrecarrer le phénomène.
Au cours de ces grands moments d’échanges, le Secrétaire général du Crcr a recommandé à l’Etat à ce qu’il fasse plus d’efforts pour mieux sécuriser le foncier rural et les exploitations familiales en accélérant le processus des réformes foncières qui dorment toujours dans les tiroirs. Les différents participants à cet atelier ont été donc suffisamment informés du cadre juridique et institutionnel du foncier. Mieux, les risques pouvant être occasionnés par une réforme non concertée ont aussi fait l’objet d’analyse et les propositions paysannes de réforme foncière émises en 2004 ont été discutées. De nouvelles propositions ont été formulées sur les enjeux de la réforme faiblement pris en compte.
Les différents participants ont également saisi cette occasion pour dire non à la dilapidation de nos terres. Et ils ont opposé un niet catégorique face aux 20 mille hectares de terres octroyées à des investisseurs italiens dans le cadre de l’exploitation du biocarburant dans la communauté rurale de Fanaye. Pour Oulimatou Ly, ‘20 mille hectares au profit d’une seule personne, c’est trop’.
walf fadjiri