Accaparement des terres arables en Afrique : Enda Tiers monde cloue au pilori la stratégie de la Banque mondiale

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"La lutte contre l’accaparement des terres en Afrique ne fait que commencer."

Walf Fadjri | 24 décembre 2010

Rien n’est pire, selon Enda Tiers monde, que la stratégie choisie par la Banque mondiale pour amortir les conséquences de l’accaparement des terres en Afrique, objet de convoitise des investisseurs agro-industriels privés au détriment des petits producteurs locaux.

Que les investisseurs étrangers, spéculateurs et autorités étatiques complices se le tiennent pour dit. ‘La lutte contre l’accaparement des terres en Afrique ne fait que commencer. Elle sera difficile et de longue haleine’, avertissent les délégués des entités Enda au Sénégal, en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Ces derniers accusent, sans ambages, la Banque mondiale qui ‘leur complique la tâche, mais ne les décourage pas’ dans le combat qu’ils mènent contre l’accaparement des terres en Afrique. ‘Au contraire, s’exclament-ils dans la déclaration de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (Copagen), heureusement que les organisations de la société civile n’ont pas attendu la Banque mondiale avant de le commencer’. Pour eux, aucun principe au monde ne peut justifier l’accaparement des terres.

En effet, dénonce Enda, la Banque mondiale, tout en soulignant les conséquences néfastes de l’accaparement des terres en Afrique, pousse de façon insidieuse vers le transfert massif de terres des communautés locales vers des investisseurs privés ou étatiques. Apparemment courroucés, les délégués des entités de l’organisation internationale fustigent la Banque mondiale qui recense minutieusement, dans son rapport publié le 8 septembre dernier, les endroits du globe où des terres agricoles intéressantes sont disponibles pour les investisseurs agro-industriels, en se focalisant particulièrement sur l’Afrique où se trouve près de la moitié des 445 millions d’hectares de terres disponibles dans le monde. ‘Elle fait semblant de se soucier du développement des paysannes et paysans petits producteurs en énumérant les conditions dans lesquelles de tels investissements pourraient leur être favorables. Or, pour qui connaît le milieu des affaires dans les pays en développement et en particulier en Afrique - et la Banque mondiale le connaît - lesdites conditions sont irréalisables à très long terme’, relèvent-ils non sans s’en prendre à l’institution financière internationale.

‘La stratégie choisie par la Banque mondiale fait le lit du transfert massif des terres agricoles des communautés locales vers des investisseurs agro-industriels ou des spéculateurs, quand bien même elle demande aux organisations de la société civile de jouer le rôle de chien de garde’, objectent-ils.

Parmi les exigences de la Banque mondiale, on retient qu’il faut, en effet, que le droit à la terre et aux ressources associées soit reconnu et respecté ; que les investissements ne soient pas préjudiciables à la sécurité alimentaire, mais la renforcent ; que soient assurés la transparence, la bonne gouvernance et un environnement des affaires incitatif. En plus, la Banque mondiale demande que tous ceux qui sont concernés soient consultés et donnent leur accord ; que les investisseurs respectent les réglementations et les lois, et observent de bonnes pratiques en affaires ; que les investissements génèrent des impacts sociaux désirables et équitables, et pas la précarité ; que les impacts environnementaux soient évalués et que des mesures soient prises pour les mitiger.

Selon les délégués des entités d’Enda Tiers monde, ce chemin long et compliqué laisse le temps aux investisseurs puissants, beaucoup plus malins que les acteurs locaux et souvent soutenus par les autorités politiques au détriment des communautés locales, de s’accaparer des terres agricoles les plus productives. ‘Au lieu de pousser vers un tel schéma, la Banque mondiale aurait mieux joué son rôle d’appui au développement dans le monde, en soutenant techniquement et financièrement des politiques agricoles en faveur des exploitations agricoles familiales’, déclarent-ils. Ils soutiennent que celles-ci assurent plus de 80 % de la nourriture des pays en développement sans aucun soutien structuré, excepté les programmes récemment développés à l’occasion de la crise alimentaire. Enda Tiers monde d’estimer qu’un soutien technique et financier massif aux exploitations agricoles familiales aurait été plus en lien avec ce qui est dit dans la préface du rapport de la Banque mondiale.

Pour Enda, la meilleure réponse aux conséquences graves de l’accaparement des terres est de faire en sorte que les paysannes et paysans petits producteurs trouvent plus rentable d’exploiter leurs terres que de les céder massivement pour tenter de survivre.

Abdoulaye SIDY

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