Accaparement de terres à Tuléar : 5000 ha volés par les Chinois ?

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Mada Actus | 3 mai 2018

Accaparement de terres à Tuléar : 5000 ha volés par les Chinois ?

Depuis quelques années et spécialement depuis le coup d’État de 2009, l’accaparement des terres par des étrangers a accru de façon exponentielle à Madagascar au point de devenir un véritable désastre pour bien des paysans malagasy. Entre 2009 et 2018, des dizaines de milliers d’hectares auraient été accaparés, en d’autres termes, achetés pour une somme dérisoire ou bien volés aux paysans avec la complicité des autorités malagasy. À noter que Madagascar occupe actuellement la 9e place de la liste des pays les plus courtisés par ces accapareurs de terres.

À titre d’exemple, 5000 ha de terres sont actuellement entre les mains d’une compagnie chinoise, depuis le mois de mai 2017, dans le District de Morombe, à Tuléar. Encore qu’il n’existe aucune corroboration exacte sur les chiffres, parce que ces vols de terres relèvent aujourd’hui du secret d’État.

5000 ha de terres achetés pour seulement 70 000 000 Ariary !

L’année dernière, en mai 2017, des populations du district de Morombe ont subi une spoliation massive de leurs terres par des Chinois. Ces derniers ont acquis « de force » près de 5000 ha de terres pour seulement 70 000 000 Ariary, soit 7 Ariary le m2 dans le but de mettre en place des plantations d’arachides. Situées dans les communes de Befandriana Sud et d’Antanimieva, ces terres de paysans malagasy ont été injustement monopolisées contre leur gré.

Leur voilà donc devenu sans terre ! Si certaines populations locales ont été expulsées et sommées de quitter leurs terrains, d’autres paysans, quant à eux, sont devenus des ouvriers agricoles mal payés travaillant au solde de ces Chinois.

En effet, aujourd’hui encore, cette organisation chinoise occupe toujours ces terres de 5000 ha sur lesquelles des centaines d’anciens propriétaires de terrain travaillent dans des conditions précaires. Ceux-ci doivent travailler presque tous les jours, et ce, depuis 1 an pour tenter de survivre.

Restitution des Terres dans la commune de Basibasy

Un mois après ce « Land Grabbing » dans le district de Morombe, une grande manifestation s’est déroulée le 5 juin 2017 sous la houlette de l’association MAZOTO, dirigée par THÉO RAKOTOVAO. Ce rassemblement public a bien évidemment été porté à la connaissance de l’actuel Président de la République Hery RAJAONARIMAMPIANINA. Ce dernier s’est donc rendu à Tuléar pour procéder à un conseil des ministres décentralisé le 22 juin 2017 et a dénoncé ce même jour cette spoliation massive sur la chaîne TV plus. Le chef de l’État a, en outre, promis qu’il ferait tout son possible pour lever le voile sur cette affaire de corruption. Malheureusement, le dossier a été classé sans suite.

Ce mois d’avril 2018, l’association MAZOTO a donc décidé de porter plainte en vue d’informer le tribunal de Morombe de ces pillages de terres. Inespérément, la plainte portant sur le vol de terres dans la commune de Basibasy a été rendue favorable par la Cour. Néanmoins, cette dernière n’a pas encore rendu son verdict à l’égard des localités de Befandriana Sud et d’Antanimieva. Par ailleurs, cette organisation a également demandé au BIANCO une ouverture d’enquête à propos de ces vols de terrains par les Chinois.

La loi des ZES (Zones Économiques Spéciales) pourrait accroitre davantage l’accaparement des terres à Madagascar

Face à cette frénésie de l’État dans la quête d’investisseurs étrangers tous azimuts, le collectif Tany pour la défense des terres malagasy, a d’ores et déjà, dénoncé cette loi n° 2017-023 du 28 novembre 2017 relative aux ZES.

L’association a, en effet, expliqué que cette loi sur les ZES dépouillera les Malagasy de plusieurs milliers d’hectares de terres pour une durée indéterminée. De plus, la gestion de ces grands espaces échappera aux mainmises des élus et des communautés locales. En d’autres termes, ces investisseurs étrangers auront carte blanche quant à l’exploitation de ces sites riches en ressources naturelles.

Malheureusement, cette loi a été quand même considérée dans le rapport de l’Assemblée Nationale comme votée alors que 48 députés se seraient prononcés contre et seulement 43 se seraient prononcés pour. Cette adoption engendrera bien évidemment un scénario catastrophe, car des centaines de populations malagasy pourraient être expropriées ou expulsées de leurs terres natales.

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