Le Brésil veut garder ses terres agricoles

Récolte de soja dans la région de Bahia. Les terres agricoles brésiliennes sont très convoitées par les investisseurs étrangers, notamment les multinationales du soja. Reuters

Ouest France | vendredi 27 août 2010

5,5 millions d'hectares seraient passés aux mains d'intérêts étrangers. Une loi voulue par le président Lula devrait mettre un sacré coup de frein à ces acquisitions.

Rio de Janeiro.De notre correspondante

Jusqu'au début de la semaine, il suffisait à n'importe quel investisseur international d'aller sur Internet pour s'acheter un lopin de terre en Amazonie, dans le fertile État de São Paulo, ou dans le Mato Grosso, au coeur du far-west brésilien. Ce n'est désormais plus possible : le président Luiz Inacio Lula da Silva vient de signer un décret limitant drastiquement la vente de terres aux étrangers.

Le texte prévoit qu'une entreprise dont plus de 51 % du capital est contrôlé par une personne physique ou un groupe étranger, ne pourra plus acquérir de superficies supérieures à 50 « modules d'exploration ». Selon les régions du pays, cette limite oscille entre 250 et 5 000 hectares. En outre, la somme des surfaces des terres possédées ne pourra plus dépasser 25 % par municipalité. Enfin, les propriétaires d'une même nationalité ne pourront pas détenir plus de 40 % de ces terres. La décision a pour objectif de freiner un véritable emballement.

La souveraineté menacée

Qu'il s'agisse des multinationales du soja, comme Cargill, Bunge ou Dreyfus, ou de fonds d'investissements intéressés par la spéculation sur les biocombustibles, le Brésil enregistre depuis quelques années une explosion des acquisitions par des intérêts étrangers. 5,5 millions d'hectares de terres seraient passés entre leurs mains. Une estimation qui n'englobe ni les entreprises brésiliennes contrôlées par des multinationales hors du pays, ni les prête-noms. Cela fait seulement un mois que le gouvernement exige un report clair, par tous les notaires, des ces acquisitions. « À ce rythme, on va revenir au temps des colonies », estime Marina dos Santos, de la direction du MST, le mouvement des paysans sans terre.

Pour le gouvernement, la tendance menace la souveraineté nationale, et provoque une inflation artificielle du coût de la terre. La Banque centrale calcule qu'entre 2003 et 2007, les investissements étrangers dans la terre ont bondi de 347 %. Conséquence : certains États sont aujourd'hui dominés par une poignée de pays. Dans le sud de Bahia, par exemple, ce sont les industries de cellulose finlandaises qui font la loi. Dans leur pays, il faut attendre quinze ans avant de recouper les arbres. Au Brésil, le délai n'est que de six ans...

Lamia OUALALOU.
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