Accaparement de terres : En Colombie, Oxfam met en cause Cargill

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La France Agricole | 30 septembre 2013

Accaparement de terres : En Colombie, Oxfam met en cause Cargill

La multinationale américaine de produits agricoles Cargill aurait acquis illégalement plus de 50.000 hectares de terres destinées à de petits paysans en Colombie, a accusé vendredi l'ONG Oxfam à Bogota.

Cargill se serait affranchie des limites maximales de surfaces que peut acquérir un propriétaire et aurait acheté, entre 2010 et 2012, quelque 52.576 ha via 36 sociétés différentes dans la région de Vichada (est), selon un rapport de l'ONG britannique intitulé « Divise et tu achèteras ».

Aida Pesquera, directrice d'Oxfam en Colombie, a assuré que Cargill a obtenu 30 fois plus de terres qu'il n'était permis dans cette région à une exploitation familiale, pour qui la limite est de 1.725 ha.

« Depuis la crise de 2008, les grandes entreprises sont de plus en plus désireuses d'acquérir des terres et, en Colombie, 40 % du territoire se trouve d'une façon ou d'une autre sous contrat avec des multinationales, que ce soit pour l'agriculture, les biocarburants ou l'industrie minière », a affirmé Mme Pesquera en présentant le rapport.

Cargill, considérée comme la grande entreprise agricole du monde, a été conseillée pour ces acquisitions par le cabinet Brigard et Urrutia, accusé il y a quelques mois de pratiques similaires au profit d'autres entreprises.

Les plaintes concernant les agissements de ce cabinet d'avocats dans la région de Vichada ont conduit en juillet l'ambassadeur colombien aux Etats-Unis, Carlos Urrutia, à démissionner pour avoir été un des associés du cabinet.

Les terres acquises par Cargill étaient déclarées en friche, ce qui signifie en Colombie qu'elles devaient être destinées à un usage social, a souligné de son côté Stephanie Burgos, également membre d'Oxfam.

Le rapport rappelle que le pays se distingue par une très forte concentration de la propriété de la terre, un pays où la moitié des ménages ruraux vivent dans la pauvreté.

« On sait que près de 80 % de la terre (en Colombie) est aux mains de 14 % des propriétaires. Et que cette concentration ne cesse d'augmenter », a poursuivi Mme Burgos.

« Dans un pays où la propriété de la terre est déjà hautement concentrée, l'appropriation d'énormes surfaces dans des zones destinées à l'agriculture paysanne aggrave les inégalités et les conflits sociaux », selon Oxfam.

« Ceci est particulièrement préoccupant alors que le pays s'efforce de résoudre de régulières et massives protestations sociales en faveur de l'économie paysanne, et de mettre fin à un conflit armé intimement lié à l'accès à la terre », conclut le rapport.

La Colombie est le théâtre depuis un demi-siècle d'un conflit entre l'Etat et des guérillas d'extrême-gauche, dont la principale, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), est justement née d'une insurrection paysanne.

Des pourparlers de paix entre le gouvernement et les Farc se déroulent actuellement à Cuba.

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