Des ONG appellent à une action pour freiner les saisies des terres

  •  Tags:
Medium_8cso-panel_7066Khadija-Catherine Razavi, directrice exécutive du Centre pour le développement durable, à droite, lors de la réunion de la UNCCD en Corée
Inter Press Service | 26 octobre 2011 | English

Des ONG appellent à une action pour freiner les saisies des terres

Mantoe Phakathi

CHANGWON, Corée du Sud, 26 oct (IPS) - Des organisations de la société civile invitent les gouvernements des pays en développement à arrêter la location et la vente des terres aux entreprises transnationales parce que cela conduit à la dégradation des terres et à l'insécurité alimentaire.

L'Afrique est l'un des continents vers lesquels des entreprises affluent pour louer ou acheter des terres pour différents projets, tels que l'exploitation minière, la production des cultures pour le biocarburant ou la construction – expulsant des communautés rurales pauvres de leurs terres.

"Vous constatez que les terres sont saisies auprès des pauvres qui les utilisent pour l'agriculture pour faire place aux cultures de biocarburant ou autres projets qui conduisent à la dégradation des terres", a déclaré Khadija-Catherine Razavi, directrice exécutive du 'Centre for Sustainable Development' (Centre pour le développement durable - CENESTA). C’est une organisation à but non lucratif destinée à promouvoir le développement durable basé sur la communauté et la culture, qui intervient principalement en Iran et en Asie du sud-ouest.

Des organisations non gouvernementales (ONG), représentant les personnes ordinaires à travers le monde, se sont exprimées lors de la 10ème session de la Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), qui a attiré plus de 6.000 délégués venus du monde entier à Changwon, en Corée du Sud, du 10 au 21 octobre.

Elles ont appelé sans succès à une mention, dans la Déclaration de Changwon, qui s’oppose à la poursuite de l’accaparement des terres à travers l'Afrique et l'Asie. Selon Razavi, plus de 200 millions de mètres carrés de terre dans ces régions sont déjà dans les mains des entreprises multinationales.

Elle a ajouté que les gouvernements devraient mettre un terme à l'accaparement de millions d'hectares de terres fertiles des paysans, des éleveurs et des populations indigènes avant qu'il ne soit trop tard. "Nous parlons tous de la terre lors de cette conférence, mais il n'y aura rien à discuter quand toutes les terres seront accaparées", a souligné Razavi.

Alors que beaucoup de gouvernements en Afrique et en Asie affirment qu'ils donnent seulement aux entreprises des terres improductives dans leurs pays, le coordinateur des programmes de l’organisation internationale non gouvernementale 'Amis de la Terre-Ghana', George Awudi, a déclare qu’il n'existe pas de terres marginales en Afrique.

"Avec l’accroissement de la population, la demande pour l'espace et la nourriture ne peut pas être surestimée", a souligné Awudi.

L'ONU estime que d'ici à 2050, la population mondiale aura atteint neuf milliards d’habitants et nécessitera une augmentation de la production alimentaire de 70 pour cent.

Awudi a indiqué qu'en Afrique, où la sécurité alimentaire est une grave préoccupation, l’expropriation des terres des pauvres ne peut pas être une option pour les gouvernements. Pire, l'accaparement des terres rivalise avec la désertification par laquelle des terres fertiles deviennent arides. L'ONU estime que 12 millions d'hectares de terres productives se transforment en désert chaque année.

"Ce qui doit se produire, c’est la réhabilitation des terres arides, afin qu'elles puissent continuer à produire de la nourriture", a-t-il suggéré.

Il était gêné par le fait que la communauté mondiale des entreprises ait noué un partenariat avec l’UNCCD à Changwon, qui, selon lui, pourrait ouvrir la voix à davantage d'accaparement des terres.

"Promouvoir les affaires pour lutter contre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse pourrait conduire à davantage d'accaparement des terres dans nos pays", a déclaré Awudi.

Les terres arides sont en danger, a observé Menberu Lulu, président de la 'Association for Combating Desertification-Ethiopia' (Association pour la lutte contre la désertification en Ethiopie), parce que les entreprises multinationales les ciblent sous prétexte qu'elles ne sont pas utiles pour les communautés.

"Ensuite, elles achètent ces terres à un coût très bas et les communautés ne bénéficient pas de leurs initiatives parce qu’une fois qu'elles trouvent leur argent, elles s’en vont, sans aucun investissement pour la population", a expliqué Lulu.

Toutefois, le secrétaire exécutif de l’UNCCD, Luc Gnacadja, a affirmé que nouer un partenariat avec les entreprises résoudra le problème plutôt que de le perpétuer. Il a estimé que l'Initiative de Changwon sur la désertification fera en sorte que les entreprises fassent partie de la solution, reconnaissant que l'accaparement des terres est un problème sérieux, particulièrement en Afrique.

L'Initiative est une série de plans d'action visant à renforcer les résultats scientifiques derrière les questions de la dégradation des terres, à mobiliser des ressources, à nouer des partenariats plus grands, en particulier avec le secteur privé, et à sensibiliser sur les efforts durables réussis de gestion des terres dans le monde.

"L’investissement dans les terres par le secteur privé n'est pas toujours l'accaparement des terres parce que dans d'autres cas, des entreprises nouent des partenariats avec de petits agriculteurs pour aboutir à des projets viables qui profitent aux communautés", a déclaré Gnacadja.

Il a indiqué que l’introduction de la communauté des entreprises ne signifie pas que l’UNCCD ignore les organisations de la société civile, mais qu'elle tente d'associer tous les partenaires.

George Owour, un représentant du gouvernement kényan, a souligné que ce ne sont pas seulement les entreprises qui accaparent les terres des pauvres, mais même les gouvernements nationaux et des individus riches aussi.

"Les populations rurales sont chassées de leurs terres par des Kényans qui achètent des terres dans des communautés rurales, les laissent en friche et attendent que les prix montent, puis reviennent expulser les petits fermiers qui y vivent", a-t-il déclaré. (FIN/2011)
  •   IPS
  • 26 October 2011

Who's involved?

Whos Involved?


  • 13 May 2024 - Washington DC
    World Bank Land Conference 2024
  • Languages



    Special content



    Archives


    Latest posts