Québec : Un accaparement de terres agricoles dénoncé dans La Mitis

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En 2022, la moitié des transactions agricoles au Québec ont été faites par des non-agriculteurs, selon l'UPA. Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Le Téléjournal Est du Québec | 11 octobre 2023

Un accaparement de terres agricoles dénoncé dans La Mitis

Une poignée d’investisseurs et d’entreprises agricoles auraient acquis plusieurs terres agricoles dans La Mitis sans pour autant les exploiter, accuse le député Pascal Bérubé. Il presse le ministre de l’Agriculture, dans la foulée des consultations nationales dans ce domaine, de limiter la spéculation sur les terres, qui pourrait mener à une « déstructuration » du milieu agricole, d’après lui.

Le député de Matane-Matapédia reproche à ces acheteurs qui proviennent d’ailleurs au Québec d’avoir mis la main sur des terres agricoles de la région totalisant 2233 hectares pour les liquider et les laisser à l’abandon. On va perdre notre vitalité dans la ruralité, s’inquiète l’élu péquiste.

Ça nuit à la relève, ça nuit à la croissance de nos entreprises locales, se désole pour sa part Yannick Côté, président du syndicat de La Mitis de l’UPA. Son regroupement confirme qu’une dizaine de fermes laitières et bovines sont passées aux mains d’entreprises de l’extérieur de la région.

Ce phénomène fait augmenter le prix des terres agricoles et rend plus difficile la reprise de ces fermes par des agriculteurs du coin, à leur avis.

L’acquisition d’une terre agricole par un non-agriculteur est tout à fait légale. Une fois la transaction complétée, celui-ci met alors la main sur le terrain ainsi que sur la machinerie qui s'y trouve et a le loisir d’en faire ce qu’il veut.

Là où le bât blesse, arguent les élus, c’est par exemple lorsque les troupeaux laitiers et la machinerie sont vendus à l’encan, ce qui diminue fortement le potentiel de reprise par une nouvelle entreprise d’élevage de notre région, peut-on lire dans un communiqué.

Quand on perd des entreprises [locales], on vient mettre en péril le développement d’un milieu au grand complet.

Une citation de Bruno Paradis, préfet de la MRC de La Mitis

Le mois dernier, Radio-Canada révélait que le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon détenait 150 hectares de terres agricoles dans le Témiscamingue, alors que son parti promettait aux dernières élections de limiter la superficie que pourrait avoir un non-agriculteur. Le principal intéressé s’était défendu d’être un spéculateur.

À l’échelle provinciale, l’UPA avait calculé que la moitié des acquisitions agricoles en 2022 ont été réalisées par des non-agriculteurs.

C’est un dossier que l’on suivait, a commenté le préfet Bruno Paradis, mais on s’aperçoit que dans les dernières années, les derniers mois, il y a eu une accélération de la situation.

On sent qu’on est dépossédés de notre territoire, fait valoir Pascal Bérubé.

Investisseur estrien, terres mitissiennes

Selon ce qu'a constaté Radio-Canada, une dizaine terres de Sainte-Luce et de Saint-Donat appartiennent à une entreprise agricole de Stoke, en Estrie.

Le Groupe Mario Côté est aussi propriétaire des Canards du lac Brome, de plus de 200 terres agricoles au Québec et en Ontario, d'usines de transformation de la viande et de meuneries. Il compte plusieurs centaines d’employés.

Au bout du fil, le principal intéressé affirme avoir acquis plusieurs terres, de L'Isle-Verte à Saint-Noël, dans La Matapédia, mais il rétorque qu'il a l'intention de les cultiver à lui seul.

D'autre part, les fermes laitières que le Groupe a achetées ne sont plus en activité en raison de leur désuétude, fait valoir le propriétaire.

Cartographier les propriétés agricoles?

En pleine période de consultations nationales en vue de réformer la loi qui encadre le territoire agricole, Québec est invité à rendre publics les noms des propriétaires de terres agricoles, qu’ils soient producteurs ou non. On le fait avec les claims miniers, j’aimerais qu’on puisse savoir qui est propriétaire du territoire qui nous entoure, propose le député de Matane-Matapédia.

La question de la propriété des terres, c'est vraiment quelque chose qui nous interpelle, reconnaît le ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, en entrevue avec Radio-Canada.

Celui-ci tenait à saluer l'intérêt et le suivi assuré par les élus sur cette question.

Chaque fois qu'on a des terres démantelées ou qui sont amenées à des fonctions qui font en sorte qu'il n'y a presque pas d'habitation du territoire […], il faut que ça attire notre attention.

Une citation de André Lamontagne, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation

La propriété des terres agricoles constituera le cœur du dernier blitz de consultations, attendu en novembre. Le premier volet de la démarche a recueilli plus de 1000 interventions et 22 mémoires, a souligné le ministre.

Ces consultations doivent accoucher d’un projet de loi dont le dépôt est prévu en novembre 2024.

Avec les informations de Marie-Christine Rioux

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