FAO: les multinationales accusées de chasser les paysans de leurs terres

Manifestation devant le siège de la FAO à Rome, le 16 novembre 2009 (AFP - Vincenzo Pinto)

Agence France Presse | le 17/11/2009

ROME (AFP) - Plusieurs ONG ont accusé les multinationales de l'alimentaire de chercher à s'emparer de millions d'hectares de terres de bonne qualité appartenant aux petits paysans du tiers monde, lors du sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire à Rome.

Lundi devant le siège de l'organisation onusienne, une vingtaine d'agriculteurs africains et sud-américains en tenue traditionnelle, ont mené une action symbolique pour dénoncer des "rachats massifs de terrains" par les firmes agro-alimentaires avec, selon eux, la complicité de la FAO et de certains gouvernements.

Ils ont fait semblant de travailler un arpent de terre, d'où ils étaient chassés par des figurants incarnant des émissaires de multinationales.

"Environ 80% des personnes ayant faim vivent dans des zones rurales. Mais la politique de la FAO soutient les multinationales, qui accaparent les terres des petits producteurs en Asie, en Afrique et en Amérique latine", a lancé Henry Saragih, coordinateur du mouvement altermondialiste La Via Campesina.

Ce dernier est l'un des 400 délégués venus de 70 pays qui participent à un forum sur "la souveraineté alimentaire des peuples maintenant", parallèle au sommet de la FAO.

Selon les ONG Grain et La Via Campesina, "certains gouvernements comme l'Arabie saoudite et la Corée du sud font pression dans cette direction (ndlr, l'acquisition de terres) comme nouvelle stratégie pour nourrir leurs populations sans recourir au commerce international".

"Plus de 100 milliards de dollars sont sur la table, et 40 millions d'hectares ont déjà été acquis de l'Ethiopie jusqu'à l'Indonésie", ont-elles affirmé.

Le leader libyen Mouammar Kadhafi a lui aussi dénoncé à la tribune de la FAO contre ce "nouveau féodalisme" en Afrique, où "des investisseurs étrangers achètent les terrains agricoles, se transformant ainsi en nouveaux propriétaires latifundiaires contre lesquels nous devons lutter".

Pour le ministre brésilien de l'Agriculture Guillerme Cassel, "il faut tenir compte de la réalité de chaque pays". "Il y a un mois, le président Lula da Silva a promulgué un décret limitant l'achat de terres par les étrangers", a-t-il indiqué.

Pour la FAO au contraire, le secteur privé est "un partenaire clé pour affronter le problème" de la production alimentaire, "non seulement en terme d'investissement mais aussi de savoir-faire, d'expertise", selon les termes de son directeur général Jacques Diouf.

De leur côté, les ONG ont fustigé des firmes comme le géant américain de l'agro-chimie Monsanto et les nouvelles technologies comme les OGM et les biocarburants promues par les multinationales. "Avec leur huile de palme, ils nourrissent leurs voitures mais pas les gens", a estimé M. Saragih.

Selon Renée Vellve, chercheuse aux Philippines pour Grain, le sommet de Rome qui réunit une soixantaine de dirigeants du monde, va aborder la question mais ne pourra pas apporter de solution viable.

"Les chefs d'Etat disent chercher à favoriser à la fois les petits paysans et les multinationales mais c'est illusoire. Le contrôle des terres par ces dernières, associé à une logique de production de masse destinée à l'exportation, nuit toujours aux producteurs locaux", a-t-elle estimé.
  •   AFP
  • 17 November 2009

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