Les méthodes de l'Indien Varun à Madagascar

Le Courrier International | 28 octobre 2009

Le contrat de fermage conclu par le producteur d'acier indien avec des cultivateurs locaux n'est pas aussi "gagnant-gagnant" qu'il n'y paraît.

Une tribune du collectif Tany dans Madagascar Tribune

Déjà présent dans le secteur minier à Madagascar depuis quelques années, le producteur indien d'acier Varun International a décidé de se lancer dans l'agrobusiness en 2008 pour cultiver du riz, du maïs et des lentilles. Mais pour que son projet ne connaisse pas le même sort que celui de la société sud-coréenne Daewoo, dont la location de 1,3 million d'hectares a été annulée par le nouveau président Andry Rajoelina, Varun parle de contrat gagnant-gagnant. Il porte sur la location de 232 000 hectares, déjà exploités pour les trois quarts. La société indienne loue ces terres aux paysans, qu'elle rétribuera avec 30 % des récoltes de riz paddy [non décortiqué] produites. Sur cette part, le paysan propriétaire doit revendre 70 % à Varun au cours local, les 30 % restants étant destinés à sa consommation.

Mais l'augmentation des revenus des paysans annoncée par Varun est contestée dans un rapport d'experts du foncier à Madagascar qui ont épluché le contrat. Ses conclusions ont été largement rapportées dans la presse malgache par le collectif TANY, une association engagée dans la défense des terres malgaches face aux projets d'agrobusiness des gros investisseurs étrangers. L'originalité de la méthode Varun consiste à mettre en place des associations paysannes créées de toutes pièces, qui lui cèdent en fermage leurs terres pour une durée de cinquante ans. Le 26 janvier 2009, Varun a signé un contrat (rédigé en anglais) avec 13 groupements de paysans de la région Sofia (au nord-ouest du pays) ainsi qu'avec le chef de région. Les négociations foncières ont été finalisées en l'espace de quinze jours et soumises à une stricte clause de confidentialité. Dans leur rapport, les experts soulignent que les effets d'annonce sur la création d'emplois, d'infrastructures publiques voire de villes nouvelles ne se retrouvent pas dans le contrat de fermage. Ils dénoncent un rendement agricole annuel illusoire (10 tonnes de paddy par hectare et par an) qui ne suffit même pas à subvenir aux besoins alimentaires d'une famille malgache moyenne. Ils craignent une paupérisation de ces paysans sans activité et sans terres.

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