ONU : 72 643 signatures pour l’arrêt des affaires avec le Groupe Bolloré

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Photo : Okpamakhin Initiative

Sauvons la forêt | 14 févr. 2022

ONU : 72 643 signatures pour l’arrêt des affaires avec le Groupe Bolloré

Sauvons la forêt et l’Oakland Institute ont envoyé le lundi 14 février une pétition de 72 643 signatures à trois organisations des Nations Unies - le PNUD, le PAM et l’Unicef - afin de les alerter sur leurs relations d’affaire avec le Groupe Bolloré, qui est accusé de corruption et, via sa filiale Socfin, de liens avec l’accaparement de terres.

Le Groupe Bolloré est un sous-traitant majeur des Nations unies, et reçoit à ce titre au moins 50 millions de dollars chaque année pour des contrats de logistique et de services.

Les allégations s’articulent autour du groupe Socfin, dans lequel le groupe Bolloré détient environ 39 % des parts. Socfin exploite des plantations d’hévéas et d’huile de palme dans dix pays d’Afrique et d’Asie et a mauvaise réputation : là où ses filiales sont actives, les populations locales se plaignent de méthodes brutales, comme l’accaparement des terres. 

Le groupe Bolloré a en outre été accusé de corruption et de pratiques illégales dans un certain nombre d’affaires lui permettant d’obtenir des concessions portuaires en Afrique, écrit le think tank Oakland Institute dans son étude "Doing business with the Bolloré Group". Le 26 février 2021, le Groupe Bolloré a conclu une Convention Judiciaire d’Intérêt Public (CJIP) avec le procureur de la République financier (PRF), acceptant de payer une amende de 12 millions d’euros en contrepartie de l’abandon des poursuites.

« Alors que des organisations des Nations unies comme le PNUD, le PAM et l’UNICEF s’efforcent de lutter contre la pauvreté et la faim, elles font preuve d’un manque de diligence flagrant dans le choix de partenaires commerciaux tels que le groupe français Bolloré »,  déclare Marianne Klute, la présidente de Rettet den Regenwald (Sauvons la forêt). « De nombreuses personnes formidables travaillent dans ces organisations respectées, mais faire des affaires avec le groupe nuit en fin de compte uniquement à la réputation des Nations unies, tandis que des sociétés comme SOCFIN, filiale de Bolloré, nuisent aux populations d’Afrique et d’Asie. »

« Compte tenu des allégations documentées de violations des droits humains, de pratiques illégales et de corruption, cela apparaît comme une violation flagrante du Code de conduite des fournisseurs des Nations unies, des Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, des critères d’éligibilité des fournisseurs des Nations unies, ainsi que de l’accord signé avec le Groupe dans le cadre du Pacte mondial des Nations unies » déclare Frédéric Mousseau, directeur des politiques de l’Oakland Institute (USA).

La pétition fait suite à un appel similaire lancé par 40 organisations de la société civile de 16 pays en mai 2021 et qui a été jusqu’ici ignoré par les Nations unies.

« Les membres de plusieurs des organisations qui ont signé cet appel ont été victimes de harcèlement judiciaire et d’intimidation pour avoir résisté à l’accaparement des terres dans leur pays », poursuit Frédéric Mousseau . « Avec cette pétition, plus de 70 000 personnes du monde entier expriment leur solidarité avec les victimes de ces actes répréhensibles et se font l’écho de l’appel lancé aux organisations des Nations Unies pour qu’elles mettent immédiatement fin à leurs relations commerciales avec le groupe. »

Vincent Bolloré doit prendre sa retraite le 17 février 2022 et céder le contrôle du groupe à l’un de ses fils. Bolloré a également annoncé des discussions avec Mediterranean Shipping Company (MSC) concernant la vente de sa branche logistique africaine. Pour Frédéric Mousseau « cette transmission du pouvoir de la dynastie familiale et les négociations en cours ne changent rien aux violations flagrantes des principes et du code de conduite des Nations Unies qui se déroulent depuis des années. »

Texte de la pétition envoyé au PAM, au PNUD et à l’UNICEF

Monsieur Beasley,
Madame Fore,
Monsieur Steiner,

le Groupe Bolloré est un important prestataire de services de l’ONU, qui lui verse chaque année plus de 50 millions de dollars pour des prestations logistiques et autres. Entre 2015 et 2019, différentes entités des Nations Unies ont signé plus de 200 contrats avec le Groupe Bolloré, pour une valeur de plus d’un quart de milliard de dollars. Vos trois institutions représentent environ 95 % de ce montant.

Nous demandons à vos institutions de mettre fin à leurs relations d’affaires avec le Groupe Bolloré et ses filiales, pour les raisons suivantes :

- Le Groupe Bolloré est impliqué dans les plantations d’hévéas et de palmiers à huile par le biais de sa participation de 39,4 % dans le Groupe Socfin, qui contrôle près de 400 000 hectares de concessions de plantations en Asie et en Afrique. Au Cameroun, au Liberia, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et au Cambodge, les populations locales ont dénoncé des méthodes brutales, comme l’accaparement de terres, partout où ses filiales sont actives. À maintes reprises, les communautés locales ont été victimes de violences, d’intimidations, d’arrestations et d’une profonde détresse.

- Le groupe Bolloré a été accusé de corruption et de pratiques illégales dans une série d’opérations lui permettant d’obtenir des concessions portuaires en Afrique. En février 2021, le groupe Bolloré a conclu une Convention Judiciaire d’Intérêt Public avec le procureur de la République financier et accepté de payer une amende de 12 millions d’euros dans le cadre d’accusations de corruption au Togo.

Toute la documentation et les références de ce qui précède sont disponibles dans le rapport de l’Oakland Institute "Doing business with the Bolloré Group" (Lien : https://www.oaklandinstitute.org/sites/oaklandinstitute.org/files/doing-business-bellore.pdf).

Compte tenu des allégations documentées de pratiques illégales, de violations des droits humains et de corruption, le fait que des organisations et programmes des Nations Unies entretiennent des relations d’affaires avec le Groupe Bolloré apparaît comme une violation flagrante des "Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme", du "Code de conduite des fournisseurs" et du "Pacte mondial des Nations Unies".

Faire des affaires avec le Groupe Bolloré va également à l’encontre de la mission de vos institutions, qui consiste à soulager la faim et la souffrance et à promouvoir le développement.

Nous conseillons donc à vos institutions de mettre fin à toute relation commerciale avec le Groupe Bolloré et ses filiales.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur Beasley, Madame Fore, Monsieur Steiner, l’expression de notre profond respect.

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