Déclaration de la troisième édition de la Caravane Ouest africaine

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CGLTE OA | 10 décembre 2021

Déclaration de la troisième édition de la Caravane Ouest africaine

Nous, Mouvements sociaux constitués d’organisations paysannes , religieux, chefs coutumiers, pêcheurs, communautés rurales, défenseurs des droits humains, universitaires et autres organisations de la société civile des pays : Mauritanie, Sénégal, Mali, Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Nigéria, Ghana, Togo, Burkina Faso, Niger, Liberia, et Bénin.

Après plusieurs campagnes d’informations et de sensibilisations à travers des conférences, débats, marches pacifiques, échanges d’expériences et visites de communautés victimes d’accaparement de terres dans cinq pays (Gambie, Sénégal, Guinée Bissau, République de Guinée, Sierra Leone) parcourus par la Caravane dans le but de contribuer au développement de politiques fondées sur les principes de l’Agroécologie paysanne et de la bonne gouvernance des ressources naturelles en particulier la terre, l’eau et les semences paysannes sommes réunis ce jeudi, 09 décembre 2021 à Freetown, Sierra Leone dans le cadre de la lutte pour la Terre, l’Eau et l’agroécologie paysanne.

Constatant :

• La forte pression sur les ressources naturelles notamment la terre, l’eau et les semences paysannes au détriment des communautés contribuant à l’appauvrissement des populations ;
• La dégradation des ressources naturelles et certaines pratiques agricoles accentuant les effets des changements climatiques ;
• Les effets néfastes de l’agriculture conventionnelle avec l’utilisation abusive et incontrôlées des pesticides et engrais chimiques ainsi que l’exploitation minière détruisant la biodiversité impactant la santé humaine, animale et végétale ;
• La capacité des Exploitations Familiales à lutter efficacement contre le chômage des jeunes et à l’émergence durable des femmes en milieu rural, freinant l’exode rural et contribuant fortement á l’économie nationale de nos pays ;
• La faible reconnaissance des droits coutumiers fonciers dans les politiques et lois foncières de nos pays ;
• La faible application des conventions et traités comme le TIRPAA en son article 09, relative au respect des droits des paysans et des paysannes ;
• La répression et la persécution des défenseurs des droits des communautés victimes de l’accaparement de leurs ressources naturelles ;
• L’urbanisation galopante et l’accaparement des terres menaçant de plus en plus les terres à vocation agricole favorisant l’exode rural et la migration ;
• La faible application du Protocole pour la libre circulation des personnes et des biens de la CEDEAO adopté en 1975 et les mécanismes de suivi pour sa meilleure applicabilité au niveau des frontières ;
• L’insuffisance de politiques de facilitation d’échanges des communautés inter frontalières, entre autres ;

A cet effet, nous nous engageons à :

• Renforcer les synergies entre tous les acteurs et organisations engagés dans la lutte pour la terre, l’eau, les semences paysannes, le pastoralisme, la pêche artisanale et la foresterie afin de développer une vision commune pour un changement global dans nos pays ;
• Œuvrer pour le renforcement du dialogue politique et de la cohésion sociale pour une paix durable ;
• Renforcer la promotion des systèmes semenciers paysans et les systèmes alimentaires locaux et traditionnels qui ont maintenu la souveraineté alimentaire sur le continent depuis des siècles ;
• Vulgariser largement les pratiques agroécologiques paysannes auprès des populations rurales et acteurs/actrices du domaine agricole ;
• Lutter contre le changement de l’article 06 de l’Accord de Paris relatif au crédit carbone ;
• Lutter contre l’utilisation de la terre pour compenser le crédit carbone ;
• Lutter efficacement contre toute forme d’accaparement des ressources naturelles (terre, eau, semences paysannes…) ;

Nous exhortons nos autorités à prendre des mesures concrètes pour :

• Mettre fin au phénomène de l’accaparement des ressources naturelles et l’implication effective des populations locales dans l’élaboration des politiques foncières et agricoles ;
• Arrêter toute forme de criminalisation des défenseurs des droits humains notamment ceux des populations victimes de l’accaparement de leurs ressources ;
• Garantir l’accès des femmes et des jeunes aux ressources naturelles notamment la terre ;
• Appliquer dans tous nos pays l’article 09 du TIRPAA relatif aux respects des droits des paysans et des paysannes ;
• Ratifier la convention 189 de l’OIT (Organisation internationale du travail) relative à la protection des droits des travailleurs domestiques ;

A la CEDEAO, nous recommandons :

• La mise en place de mécanismes pour une meilleure protection du patrimoine foncier des communautés locales et la reconnaissance des droits coutumiers dans les lois foncières ;
• L’harmonisation des politiques de pêche au niveau sous régional pour une meilleure gouvernance des ressources halieutiques ;
• La Promotion de l’agroécologie paysanne pour une meilleure protection de la biodiversité et une alternative au changement climatique ;
• La prise de mesures idoines pour l’arrêt du bradage des forêts en Afrique notamment celles de Ziama et Diécké en Guinée en mettant en œuvre les directives relatives à la protection des forêts ;
• L’harmonisation des codes miniers au niveau sous régional en rehaussant la quote-part des Etats avec un taux plancher d’au moins 35% et ,veiller à l’application de la Responsabilité Sociétale et Environnementale des Entreprises (RSE) ;
• L’application de l’accord de Maputo consacrant 10 % du budget national à l’agriculture ;
• La mise en œuvre du Protocole de la CEDEAO pour la libre circulation des personnes et des biens et des mécanismes de suivi pour sa meilleure applicabilité au niveau des frontières ;
• Implication de la CGLTE-AO dans le processus d’élaboration, de mise en œuvre des politiques de développement notamment celles portant sur les ressources naturelles ainsi que le suivi ;

Oui à une CEDEAO des peuples avec les femmes et les jeunes au cœur de la souveraineté alimentaire !!!

Fait à Freetown, le 09 Décembre 2021.

Les Participants (es)

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