"Nous sommes prêts à tuer"

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Business as usual, in spite of the recent court injunction: palm fruits are trucked away for processing. (Photo : Carlos Hoyos Soria)
Forest Peoples Programme | 26 January 2018

"Nous sommes prêts à tuer" : les menaces prononcées contre Santa Clara de Uchunya s’intensifient à la suite d’une décision de justice price contre une compagnie d’huile de palme

par Tom Younger

Les chefs de la communauté Shipibo de Santa Clara de Uchunya, au Pérou, ont rapporté une augmentation des menaces violentes et des cas d’intimidations ayant eu lieu durant les semaines qui ont suivi la publication d’une décision de justice prise contre une compagnie d’huile de palme responsable de l’appropriation et de la déforestation de plus de 7,000 hectares de leur territoire ancestral.

Carlos Hoyos Soria, chef de Santa Clara de Uchunya, a rapporté deux incidents séparés qui ont eu lieu durant le mois de janvier. La nuit du 5 janvier 2018, deux personnes armées et cagoulées sont entrés dans la maison d’un ancien de la communauté, qui se trouve à la périphérie du village et qui est la maison la plus proche des plantations. Ils ont questionné sa belle-fille, qui était seule à la maison, et lui ont demandé si elle était membre de la communauté. Inquiète pour sa sécurité, elle a nié appartenir à la communauté. Ils lui ont ensuite montré un pistolet et ils lui ont dit qu’ils cherchaient les chefs communautaires et tout autre membre de la communauté, et qu’ils étaient "prêts à tuer."

A la suite de cet événement, la nuit du 20 janvier, plusieurs personnes cagoulées ont tenté d’attaquer la même maison. Hoyos a résumé la réalité face à la quelle les familles de Santa Clara de Uchunya sont confrontées comme des "menaces de mort, des tirs à bout-portant et un harcèlement continuel."

Ces incidents ont eu lieu seulement trois semaines après que des envahisseurs de terres, supposés être associés aux opérations d’huile de palme, ont tiré des coups de feu sur une délégation communautaire afin de réunir des preuves de la destruction des forêts communautaires. En conséquence de quoi un représentant de l’organisation locale autochtone FECONAU, Edinson Mahua, a échappé de justesse à une blessure sérieuse. Hoyos a appelé les autorités locales à l’action car elles ne répondent toujours pas à leur obligation d’assurer la sécurité de la communauté, relevant le fait que, si les chefs de la communauté ont rapporté cet incident le 11 décembre au procureur du district de Campo Verde, ils n’ont toujours pas informé la police de Nueva Requena de l’incident.

Hoyos a également dénoncé la corruption ayant lieu dans le Gouvernement Régional d’Ucayali ainsi que les autorités municipales du district de Nueva Requena (District of Nueva Requena), qui ont soutenu l’expansion de plantations d’huile de palme (oil palm plantations) dans la région. Hoyos a dénoncé le Département Régional d’Agriculture, qui, au lieu de procéder à la délivrance de titres pour les terres ancestrales de la communauté, a continué d’ignorer la demande de la communauté de Santa Clara de reconnaissance légale de ses terres traditionnelles (undermine Santa Clara’s) et a publié des certificats de possession des terres à des individus (issue) qui, selon la communauté, se sont installés dans cette zone sous le prétexte de cultiver du riz, au lieu de quoi ils pratiquent le traffic illicite de terres.

Hoyos a relevé, dans un témoignage enregistré (a recorded testimony), "cela me blesse de constater comment, jour après jour, la communauté continue à faire face à des menaces de mort ainsi qu’à d’autres comportements menaçants de la part des trafiquants de terres, de la part de qui nous continuons de subir un harcèlement continu, jour et nuit, par des personnes cagoulées qui provoquent des inquiétudes, de la terreur et de la peur dans la communauté. Nous sommes une communauté pacifique ; nous ne voulons pas devenir des victimes de ces personnes qui prétendent cultiver du riz mais qui pratiquent en réalité le traffic de terres."

Ces dernières menaces nous parvient quelques semaines après qu’une injonction a été publiée par la Quatrième Cour Nationale d’Enquêtes Préparatoires de Lima (Fourth National Court for Preparatory Investigations in Lima) qui ordonne la suspension immédiate de toutes les activités de déforestation et d’abattage de bois par la compagnie d’huile de palme opérant sur le territoire de Santa Clara de Uchunya, Plantaciones de Pucallpa SAC, également connue sous le nom de Ocho Sur P SAC. La communauté accueille cette décision de justice qui confirme la résolution de septembre 2015 prise par le Ministre de l’Agriculture, déclarant que la compagnie s’était engagée dans des activités de déforestation illégales et ordonnant la suspension des opérations (suspension of operations). Cependant, Hoyos a également exprimé son inquiétude sur le fait que l’injonction récente a "loupé sa cible" car Ocho Sur P SAC continue d’opérer, enlevant les plantes de palme de la concession et les chargeant dans des camions pour les emporter au loin.

Au milieu de cette escalade de violence commise par les trafiquants de terres et de la négligence des autorités locales ne répondant pas à leur devoir de reconnaître et de sécuriser les droits fonciers de la communauté, s’abstenant de promouvoir les droits fonciers face aux opérations d’agribusiness et aux envahisseurs de terres, ainsi que de proposer des moyens de recours aux membres de la communauté et aux chefs, Hoyos a réitéré l’appel de la communauté à une plus grande intervention du gouvernement central et des agences internationales de droits de l’homme, après que des appels formels ont été fait aux Rapporteurs Spéciaux des Nations-Unies sur les Défenseurs des Droits de l’Homme et des Peuples Autochtones en octobre et décembre 2017. De telles interventions, selon lui, seraient vitales afin d’éviter plus de violence envers sa communauté et afin de parvenir à une solution apaisée au problème qui afflige son peuple et ses territoires depuis des années.
  •   FPP
  • 26 January 2018

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