Roumanie, la terre promise des agriculteurs européens

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M LE MAGAZINE DU MONDE | 04.08.2017

Roumanie, la terre promise des agriculteurs européens

En vingt ans, la Roumanie est devenue l’eldorado des exploitants de France et d’ailleurs. Attirés par ses sols fertiles à bas prix, sa main-d’œuvre peu onéreuse et les aides de Bruxelles, ces pionniers y ont fondé des exploitations prospères.

Par Pierre Sorgue

Retrouver Proust, Marcel, en pleine campagne roumaine. Laurent Pfeffer, 37 ans, a ouvert une bouteille de l’élégant vin blanc qu’il élabore en assemblant sauvignon et feteasca regala, un cépage local. Le soleil de fin d’après-midi fait scintiller un lointain village au pied des collines couvertes de forêt. A travers les gouttes de fraîcheur qui glissent sur l’étiquette, quelques lignes évoquent les amours de Swann et d’Odette : « Il était si timide avec elle, qu’ayant fini par la posséder ce soir-là, en commençant par arranger ses cattleyas… » Et l’extrait raconte comment, au prétexte de redresser les orchidées à son corsage, le dandy fait comprendre à la cocotte qu’il aimerait se livrer à des plaisirs plus charnels.

Laurent a baptisé son domaine Catleya, la cuvée que l’on sirote s’appelle Freamat qui, en roumain, dit le bruissement du vent dans les feuilles, mais aussi le frisson du plaisir. Plus tard, sous le ciel étoilé, il fait déguster la première édition d’un rouge nommé Epopée. Son étiquette noir et cuivre reprend le tracé de l’Orient-Express, qui faisait escale tout près, sur la route de Constantinople. Le grand jeune homme est un poète. Ce qui doit être un atout pour s’installer en Roumanie et y cultiver la terre. En Europe peut-être, mais dans un autre monde.

Cela fait tout juste dix ans que Laurent a posé ses valises à Corcova, petit village du sud-ouest du pays. Il est arrivé à 27 ans, l’année où la Roumanie entrait dans l’Union européenne. Après ses études d’ingénieur viticole et d’œnologue à Bordeaux, il rêvait de construire le domaine qu’il ne pourrait jamais s’offrir en France. Frédéric Vauthier, propriétaire du Château Lucas, à Lussac-Saint-Émilion, était prêt à investir.

15 millions d’hectares de terres cultivables

Depuis plusieurs années, la Roumanie passe pour l’eldorado des agriculteurs européens. Avec 15 millions d’hectares de terres cultivables, elle est le cinquième pays de l’Union en termes de superficie agricole. Après la « révolution » de 1989, d’anciens apparatchiks ont sauté sur les fermes d’Etat démantelées pour se tailler d’immenses domaines. A partir des années 2000, les perspectives d’adhésion du pays à l’Union européenne s’accompagnaient de fonds spéciaux. Néerlandais, Danois, Allemands, Italiens, Français ou Espagnols sont partis à la conquête de l’Est pour y trouver la place qu’il n’y a plus dans l’Ouest et des terres trois à quatre fois moins chères qu’en France, et jusqu’à dix fois moins qu’aux Pays-Bas ou au Danemark.

Laurent a exploré les différents vignobles. Le paysage vallonné de Corcova l’a séduit, d’autant qu’il a appris que la famille du prince Antoine Bibesco, ami fidèle de Proust, y avait son domaine. La maison d’été de la dynastie se délabre sous les sapins, au milieu du village. Les vergers et les 100 hectares de vignes, réquisitionnés après 1945 pour une ferme collective qui abreuvait l’URSS en gros rouge, avaient été retournés en friche après 1989.

Serban Damboviceanu et Michel Roy, hommes d’affaires roumain et français qui ont réussi avec les enseignes Leclerc, en ont acquis une partie. Ils ont planté 68 hectares, rénové la vieille cave – sur chaque cuve en Inox, un autocollant rappelle que le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural) a couvert jusqu’à 50 % des 400 000 euros d’investissements. Laurent travaille pour eux comme œnologue et chef d’exploitation tout en développant sa propre affaire.

Il pensait que tout était réuni pour qu’elle prospère avec des vins de qualité : les sols argilo-limoneux, la forêt autour qui permet des températures plus tranchées entre nuit et jour au cours des étés continentaux, mais aussi le prix de la terre (entre 600 et 900 euros l’hectare) et le coût de la main-d’œuvre (à peine plus de 200 euros par mois pour le salaire minimum). Sans oublier les subventions de Bruxelles (13 500 euros par hectare planté, soit 70 % des dépenses). Restait à constituer le domaine. C’est là que les choses se sont corsées : « La terre est un cauchemar, raconte Laurent Pfeffer. Après la chute du régime Ceaucescu, elle a été redistribuée aux particuliers. Mais pour ne pas faire de jaloux, les parcelles vont de la rivière au sommet des collines, sur 4 mètres de large et 300 de long… Pour une zone de 10 ou 15 hectares, on peut compter 100 à 150 propriétaires. »

En l’absence de cadastre, avec d’innombrables héritiers partis vers Bucarest ou l’étranger sans déclarer la succession afin d’échapper à l’impôt, rassembler les arpents est une gageure : entre les propriétaires, le notaire, le maire et les employés de l’administration, cela fait du monde à « convaincre » : « A l’époque je ne parlais pas roumain et ne comprenais pas les subtilités », regrette Laurent en souriant. Pourtant, il bénéficiait du soutien de Benone Punic, devenu maire adjoint de Corcova. L’homme au front dégarni et à l’œil rusé le reconnaît avec bonne humeur : « En Roumanie, rien ne marche sans spaga (pot-de-vin). »

Quand ce militant du PSD – le parti des ex-communistes – dit sa nostalgie de l’ancien régime, on s’attend à quelque regret pour un idéal perdu. Mais il raconte, blagueur, comment il pompait le diesel des engins de la mine qui l’employait pour le revendre, tout en faisant croire qu’il travaillait. D’un système à l’autre, les combines ont survécu. « Depuis dix ans, la moitié des 20 hectares que je veux acheter n’est pas finalisée. Je ne peux pas planter sur des terres incertaines », dit Laurent. Il a failli renoncer, mais ses employeurs ne voulaient pas qu’il parte et lui ont vendu 10 hectares.

« La Roumanie m’a donné beaucoup »

Toutes ces péripéties n’ont fait que l’attacher à ce coin : « Cela fait dix ans que je me dépense du matin au soir, je ne me considère plus comme un étranger, les gens du village m’ont adopté. » Les travaux de sa nouvelle cave seront achevés dans quelques jours, il sait maintenant comment naviguer dans les administrations : « Je parle couramment roumain, je hurle comme eux, ils m’ont changé », dit-il en riant.

A l’aube, il est avec ceux du village qui travaillent les vignes. Seuls les Tziganes les plus pauvres – non pas ceux qui se font construire les énormes demeures tarabiscotées que l’on voit dans la région – acceptent de biner huit heures durant : « On ne trouve plus de main-d’œuvre facilement. L’Union européenne, ici, c’est un membre du couple qui part faire les récoltes en Grande-Bretagne, Espagne ou Italie. Les faibles salaires là-bas sont des revenus importants ici… »

En fin de journée, lorsqu’elles sont avec lui, Laurent va chercher ses fillettes, Apolline et Zélie, chez la nounou qui garde ses enfants au village. Entre roumain et français, elles se forgent ces souvenirs de campagne qui seront sans doute les meilleurs. Mais le plus souvent, elles vivent à Bucarest avec leur mère Anne-Cécile, salariée d’un grand groupe français. Chaque fin de semaine, pour la rejoindre, Laurent roule cinq heures durant sur les routes défoncées et autoroutes inachevées. Celles qui prouvent que la Roumanie, l’un des pays les plus pauvres de l’Union, est aussi la plus mauvaise élève en matière d’absorption des fonds européens : le pays n’utilise que 57 % des aides qui lui sont attribuées.

Ce qui énerve Raluka Bauer, qui vit avec son époux Oliver à Dragasani, à moins de trois heures de voiture de chez Laurent Pfeffer : « La moitié des fonds disponibles est consommée et on attend des aéroports ou des routes dignes de ce nom. 20 % des financements vont au “consulting”. A votre avis, c’est quoi, sinon des dessous-de-table ? » interroge la pétillante Roumaine. Oliver est arrivé d’Allemagne en 2004 pour diriger le domaine Prince Stirbey, propriété d’une baronne roumaine héritière et de son conjoint autrichien. Il a créé ses propres vins, mais achète son raisin aux producteurs du coin. « La Roumanie m’a donné beaucoup. C’est parfois éprouvant nerveusement, mais je suis heureux de vivre ici », dit-il, assis sous la terrasse de sa vaste villa qui domine les vignes. Il revendique de ne solliciter aucun financement européen :

« La Roumanie produit déjà trop de vin pour son marché, à cause des subventions, et la plupart des exploitations ne sont pas rentables. Les Français et les Allemands veulent juste nous vendre leur matériel et leurs conseils, mais ils n’achètent pas notre vin. Les jeunes partent, attirés par de fausses promesses. Et le gouvernement vend le pays… »

10 % à 13 % des terres contrôlées par des étrangers

Cela fait des années que le pouvoir est accusé de brader la terre aux étrangers. Alors que la Pologne, la Hongrie ou la Bulgarie, démangées par leur prurit nationaliste, se débrouillaient pour interdire ou limiter l’accès aux autres Européens, la Roumanie s’est offerte aux investissements extérieurs. Autour de Timisoara, dans l’ouest du pays, ou dans tout le croissant qui court au sud jusqu’à la mer Noire, le tchernoziom (sol noir en russe) si fertile a suscité les convoitises des Européens, mais aussi des Libanais ou Qataris, agriculteurs mais également firmes agroalimentaires, banques et fonds de pension. Tous contrôlent entre 10 % et 13 % des terres agricoles, selon Ecoruralis, une ONG qui lutte contre ce qu’elle appelle « l’accaparement ».

La grande majorité des petits paysans ne possède pas plus de 2 hectares et ne peut ni mécaniser ni étendre l’exploitation quand le prix de la terre a augmenté de 300 % en dix ans. Pour Attila Szocs, qui cultive 3 hectares dans la région de Cluj et milite à Ecoruralis, « il ne s’agit pas de nationalisme, mais du droit des paysans locaux à pouvoir vivre de la terre ». Dana Gruia-Dufaut, avocate franco-roumaine qui navigue entre Paris et Bucarest, fut la première à assister les Français désireux de s’implanter. Elle s’agace de ces remarques : « On ne retire pas la terre sous les pieds des Roumains… Sans les Européens, elle serait en friche. Et la plus grande propriété n’appartient pas à un étranger », dit-elle en référence à Constantin Dulute et ses 56 000 hectares sur une île du Danube.

Les Français ne sont pas les plus nombreux dans les champs roumains au regard des Allemands, Néerlandais, Danois ou Italiens : ils étaient 102 en 2016, selon les chiffres fournis par l’ambassade de France. Mais, depuis que des reportages télévisés ont illustré l’« accaparement » en montrant, par exemple, Arnaud Charmetant dirigeant une exploitation de 13 000 hectares pour un fonds d’investissement britannique, beaucoup refusent la visite des journalistes.

Vincent Thierry, lui, n’a pas la réussite honteuse. On l’a rencontré après des heures de route à travers une campagne plate comme la main, où tout ce qui change est la couleur des cultures : blé doré, vert maïs ou jaune tournesol. L’homme aux allures de gentleman-farmer se rend en Roumanie une semaine sur trois. Il a ses bureaux à Constanta (prononcer Constantsa), le port de la mer Noire, dans une maison basse de la vieille ville étouffée par ce que l’architecture socialiste a produit de plus moche. Céréalier dans l’Oise et la Seine-et-Marne, il est arrivé il y a vingt ans et a failli tout perdre dix ans plus tard à cause de la sécheresse et de mauvais choix (« on a fait de la pomme de terre irriguée »). Il s’est refait depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne. Au mur, un plan détaille chaque parcelle de son exploitation de Topraisar, à une heure de route : 1 500 hectares, dont 700 qu’il loue à 150 petits propriétaires. Le fermage est fixé à une tonne de blé par hectare ou son équivalent en liquide (entre 130 et 150 euros), largement payé par les primes européennes (200 euros l’hectare) : « En France, dit-il, elles sont à 300 euros et le fermage à 200. Mais ici, la fiscalité est à 16 %, plus 5 % quand je prends mes dividendes. En France, c’est pas loin du double. »

Plus tard, à Topraisar, il retrouve Julien Gillard, l’ingénieur agricole de 34 ans qui dirige l’exploitation et les six conducteurs d’engin. Ce Breton qui rêvait d’être paysan a trouvé ici les moyens de sa vocation. Cela fait neuf ans qu’il est en Roumanie : « Au début, voir ces surfaces immenses, ce gros matériel… j’étais comme un gamin, dit-il. En France, il m’aurait fallu des années pour avoir ces responsabilités. » Il a dû s’habituer au monde rural, se faire adopter. C’est réussi, il a épousé Emilia, la fille du tourneur fraiseur : « C’est un pays latin, les gens sont ouverts, généreux, on raisonne pareil, on se comprend pour les petites blagues. » Lorsqu’il imagine ses futurs enfants, c’est ici qu’il les voit grandir.

La moisson bat son plein. Pendant que Vincent Thierry et Julien Gillard supervisent les deux grosses moissonneuses qui crachent le grain dans la remorque du tracteur, les portables sonnent. Les grossistes ont besoin de blé, les prix sont hauts, en partie parce que la récolte française est médiocre. L’essentiel des 5 000 à 6 000 tonnes de blé embarquera à Constanta, direction l’Egypte. La Roumanie a exporté 7 millions de tonnes de blé en 2016. Mais elle a importé la farine et 800 000 tonnes de pain congelé…

La confiscation ou l’« accaparement »

Elle importe aussi du lait. Et pour Jan Boll, c’est un affront. Ce Néerlandais de 51 ans, installé depuis onze ans à Bucu, avec sa famille, a mis des années à rassembler les 400 hectares de sa propriété, à constituer son cheptel de 750 vaches hollandaises, à construire l’étable et la salle de traite équipée de la dernière technologie israélienne, puis le logement situé au-dessus de l’étable, comme au temps d’avant : « Le mot roumain le plus important que j’ai appris, c’est rabdare, patience », dit le géant débonnaire. Il a pris soin d’embaucher douze personnes, six d’un village, six de l’autre, d’acheter sa luzerne aux paysans du coin, ses filles vont à l’école et jouent au handball ici, ils assistent aux mariages et aux baptêmes : « Il faut danser et pleurer avec les Roumains pour se faire des amis. Maintenant, je me sens chez moi. » Mais les deux dernières années ont été terribles : « Avec la fin des quotas laitiers, les Allemands et les Hollandais ont inondé la Roumanie. Je ne pouvais plus vendre. Pendant six semaines, j’ai dû jeter le lait… Dans un pays où des gens ont faim. »

La faute, en partie, à une filière désorganisée : « Les producteurs sont très individualistes, jamais unis. Mais bon, nous sommes du nord de l’Europe. Ici c’est le sud, il faut les respecter… » Il comprend les autochtones qui hurlent contre la confiscation des terres : « Mais entre une famille comme la nôtre qui s’installe et vit ici et des fonds de pension qui achètent pour toucher les subventions et revendre, il y a une différence. C’est cela qui irrite les Roumains et ils ont raison. »

A quelques kilomètres de chez Jan, dans la plaine sans horizon, un homme se tient en lisière des champs et observe la ronde des moissonneuses que les cigognes, en quête de vers ou de souris, suivent comme les mouettes le chalutier. Arnaud Perrein fut l’un des premiers Français arrivés ici, dès 1994. Ingénieur agricole, il a commencé par fournir des prestations aux anciennes fermes d’Etat. En 2004, il a investi dans 300 hectares. Aujourd’hui, il en exploite 4 000 qui produisent blé, maïs, tournesol, orge, soja et colza. L’édition 2016 de la revue Agrointelligenta le classe à la 31e place dans son Top 100 des agriculteurs. Il a fait construire une ferme grande comme un kibboutz avec ses 14 silos pour 12 000 tonnes de stockage et ses 70 employés qui rendent l’exploitation autonome. Il a fait creuser des retenues d’eau, installer des systèmes d’irrigation.

Mais le quinquagénaire au regard timide derrière ses lunettes sans monture n’est pas un flambeur. Les moissonneuses sont d’occasion, les tracteurs neufs mais d’un modèle ancien et robuste, les pièces de rechange mettant des jours à venir. Il dit qu’il réinvestit tout ce que gagne la ferme (1 million d’euros de chiffre d’affaires annuel). Il roule dans la voiture la plus ordinaire du village : « C’est toujours délicat. On n’oublie pas qu’autour, il y a une grande pauvreté », dit ce fils d’agriculteur de la Marne.

Le « paternalisme » ne paie pas

En digne « arrière-arrière-petit-fils de Léon Harmel », industriel qui fut une figure du catholicisme social à la fin du XIXe siècle, il voudrait rendre un peu à ce pays « si ouvert » qui lui a donné sa terre et une épouse, Sanda, rencontrée il y a vingt ans à Bucarest, et où ont grandi ses trois enfants. Il est « honoré » de présider un groupement de producteurs, essentiellement roumains, le premier du genre. Il paie le service de santé à ses employés et leur famille, offre une semaine de voyage à chaque couple, a financé des cours de soutien scolaire avec six professeurs pour les enfants du village, prend en charge trente boursiers qui partent pour leurs études, soutient un club de sport et un groupe de danse folklorique. L’hiver, il prête ses engins pour déneiger les routes : « Paternalisme », dit-il, mais pour lui, le mot semble porter une certaine noblesse.

Il s’est présenté aux élections locales l’année dernière, comme candidat indépendant : « Pour donner de mon temps, faire bouger les choses. » Mais il n’a pas été élu. La même année, 300 des propriétaires auxquels il loue des terres ont manifesté dans la mairie au prétexte que le fermage était insuffisant : « Je suis déçu de comprendre que je n’avais rien compris », lâche-t-il. Dans son bureau de maire, Alexandre Dinu ne semble pas mécontent de la mésaventure : « Les villageois ont cru qu’il voulait les manipuler, qu’il prétendait les diriger. Arnaud n’a pas compris la psychologie des gens d’ici », dit-il en caressant son bouc poivre et sel qui lui donne l’air d’un vieil acteur latin. Nul n’est prophète en son pays. Surtout quand il est d’adoption. 
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