La volonté politique est bonne mais ne suffit pas pour débloquer le potentiel foncier de l’Afrique

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UNECA | 26 mai 2017

La volonté politique est bonne mais ne suffit pas pour débloquer le potentiel foncier de l’Afrique

Une récente évaluation sur les investissements fonciers en Afrique établie par l’Initiative sur les politiques foncières indique que 4,5 milliards de dollars seront nécessaires au cours des 10 prochaines années pour résoudre certains des principaux défis identifiés en matière de foncier.

Ces défis concernent l’élaboration de stratégies foncières et de création d’institutions de réforme, l’amélioration de la sécurité du régime foncier dans les terres communales et individuelles, plus d’accès à la terre et à la sécurité du régime foncier pour les pauvres et les personnes vulnérables, une meilleure efficacité et une transparence plus visible de l’administration foncière et la résolution des conflits fonciers et la gestion des expropriations.

Les pays africains ont manifesté ces dernières années une volonté politique et un engagement à transformer l’agriculture sur le continent, comme en témoigne la signature du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) – le cadre général du continent destiné à garantir que les interventions dans le secteur soient systématiques - par 43 pays en Afrique d’ici juin 2016.

Depuis 2000 et surtout en 2008, lorsque la demande de terres agricoles africaines par les investisseurs nationaux et étrangers - à la suite de la crise alimentaire et énergétique - a considérablement augmenté et dans le but d’attirer plus d’IDE, a signé un record de 685 accords d’investissements fonciers à grande échelle (LSLBI) couvrant plus de 40 millions d’acres de terres arables. « Et la marge est encore grande pour plus d’investissements », déclare M. Stephen Karingi, Directeur de la Division du renforcement des capacités de la Commission économique pour l’Afrique.

Il s’exprimait au nom de M. Abadallah Hamdok, Secrétaire exécutif par intérim de la CEA lors de l’évènement parallèle qui avait pour thème « Investir dans les terres africaines pour catalyser la croissance et la prospérité économique », organisé par le l’IPF ce dimanche à Dakar, au Sénégal.

Cependant, la plupart de ces transactions foncières n’ont pas vraiment généré l’investissement envisagé. Il y a des cas où le minimum de terre est attribué pour la production et donc les avantages ne se matérialisent pas comme prévu ou stipulés dans les contrats. Les évaluations par l’IPF indiquent que seulement 58% des 474 accords d’investissements fonciers à grande échelle signés en Afrique depuis 2000 sont opérationnels et seulement 19% de la superficie ont perçu un investissement. En outre, seulement 8,6% de la superficie terrestre sous contrat en Afrique est productive ou en culture.

« Certains de ces investissements ont conduit à des résultats moins favorables, car ils ont privé les communautés locales de leurs moyens de subsistance sans compensations dues ; Ils ont également failli à générer des emplois significatifs, des infrastructures et d’autres avantages attendus », déclare M. Karingi. « Et, du point de vue des investisseurs - la difficulté à faire des affaires, la volatilité des arrangements institutionnels, les coûts élevés de transaction et de paiement, sont quelques-unes des raisons qui ont conduit à l’échec de ces investissements.

M. Jonathan Ocram parlant au nom du Directeur du Département de l’économie rurale et de l’agriculture de la Commission de l’Union africaine partage le même avis que M. Karingi. Il note que les contraintes liées à la gouvernance foncière constituent l’un des principaux obstacles à l’attraction des investissements en Afrique.

« Les régimes fonciers coutumiers qui intègrent beaucoup de droits intégrés dont regorgent le continent, les modèles d’investissement inappropriés dont certains ont échoué, les injustices historiques et les problèmes patrimoniaux ainsi que les marchés fonciers inefficaces ont limité nos capacités à attirer les investissements nécessaires pour stimuler notre développement économique et social », ajoute-t-il.

Au cours des débats qui ont suivi, les participants estiment qu’il est devenu primordial pour les pays africains de s’appuyer sur des instruments tels que la Déclaration de l’UA sur les questions et les défis fonciers et le Cadre et les lignes directrices sur la politique foncière en Afrique, l’initiative tripartite la Commission de l’Union africaine, la Commission économique pour l’Afrique et la Banque africaine de développement - qui contiennent des principes directeurs sur les investissements fonciers à grande échelle.

Les participants ont convenu que ces mécanismes servent d’outils utiles et de référence pour guider les États membres ainsi que les investisseurs dans la négociation d’investissements durables dans le foncier.

Les principes directeurs soulignent l’importance de contextualiser ces investissements dans la stratégie actuelle de développement agricole en reconnaissant la place centrale des petits producteurs pour garantir la sauvegarde de leurs intérêts grâce à des modèles d’investissement qui minimisent les transferts fonciers et favorisent une prospérité partagée aux niveaux local et national.



Note aux rédacteurs :

L’Initiative sur les politiques foncières est un programme conjoint du consortium tripartite constitué par la Commission de l’Union Africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Son but est de permettre l’utilisation des terres pour renforcer le processus de développement de l’Afrique.
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