Les évêques mozambicains dénoncent l’exploitation des terres par des étrangers

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La Croix | 9 mai 2017

Les évêques mozambicains dénoncent l’exploitation des terres par des étrangers

L’Église catholique a dénoncé, le 30 avril, l’exploitation des terres africaines par des « pays industrialisés » qui génère « la marginalisation et l’appauvrissement des communautés locales ».

« Entre 2000 et 2013, 56 millions d’hectares de terre africaine ont été vendus ou concédés en gestion à des sujets étrangers », déplore la Conférence épiscopale du Mozambique dans une lettre pastorale publiée le 30 avril. L’Église mozambicaine dénonce ainsi « l’économie qui tue », dans un pays où « 70 % de la population mozambicaine est rurale et dont la majorité dépend de l’agriculture de subsistances », selon ses estimations.

De l’aveu de l’épiscopat, « dans toutes les provinces du pays, les conflits prolifèrent à cause de l’exploitation de la terre, causés par de projets des entreprises étrangères ». Cette observation fait allusion « à l’absence de droits fonciers » qui pousse les « gouvernements des pays industrialisés à surexploiter les terres africaines pour chercher une solution à la crise énergétique et alimentaire mondiale sans cependant chercher à prendre en compte les problèmes de développement des populations locales », déplore Mgr João Carlos Hotoa Nunes, secrétaire général par intérim de la Conférence épiscopale du Mozambique (Cem).

Ce modèle économique d’exploitation conduit à l’« épuisement rapide des ressources naturelles » et entraîne la « marginalisation et l’appauvrissement des communautés locales », affirment les évêques, avant de rappeler l’importance d’avoir, avec la terre, « une relation vitale » parce qu’elle est « une garantie pour la vie de la famille et de la communauté ».

Au vu de l’exploitation considérable des ressources naturelles du pays, ils appellent à « la restauration de l’écologie intégrale » sur le fond d’une réforme agraire « qui respecte tout le monde, en particulier les personnes en perte d’autonomie, sans moyen d’assistance et de protection ». La terre est « donnée à tout le monde et ses fruits sont au bénéfice de tous », conscientisent-ils « les communautés locales expulsées de leurs terres au profit des investisseurs étrangers. »

Dans la fidélité à la Doctrine sociale de l’Église, le message des évêques catholiques du Mozambique plaide pour un « modèle de développement local authentique et équitable pour le bénéfice de tous, sous l’inspiration de l’encyclique Laudato si’ du pape François » où « la terre est un instrument universel de création de richesse et que son utilisation est un droit exercé par tous les peuples. »

En 2025, le Mozambique célèbrera cinquante ans d’indépendance, une date qui, pour l’Église catholique, devrait marquer une nouvelle ère « capable de corriger les effets négatifs causés dans le pays par les politiques actuelles. » D’après le Rapport sur le développement humain du Pnud, le Mozambique est classé 184e sur 187 pays où près de 54 % de la population vit sous le seuil de pauvreté national.

Jean-Paul Musangania (avec Fides)

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Agence Ecofin | 10 mai 2017

Mozambique : le clergé condamne les cessions de terres aux étrangers

(Agence Ecofin) - Le foncier mozambicain est en crise et le clergé de ce pays d’Afrique orientale pointe du doigt l’exploitation des terres rurales par les étrangers. Il l’a fait savoir dans une lettre pastorale publiée récemment.

« L’exploitation des terres africaines par des pays industrialisés génère la marginalisation et l’appauvrissement des communautés locales. Entre 2000 et 2013, 56 millions d’hectares de terres africaines ont été vendus ou concédés en gestion à des sujets étrangers dans un pays où 70 % de la population est rurale et dont la majorité dépend de l’agriculture de subsistances », s’indigne notamment la Conférence épiscopale du Mozambique (Cem).

Un sévère réquisitoire que poursuit Mgr João Carlos Hotoa Nunes (photo), secrétaire général par intérim de la Cem, en estimant que « dans toutes les provinces du pays, les conflits prolifèrent à cause de l’exploitation de la terre par des projets d’entreprises étrangères. L’absence de droits fonciers pousse les gouvernements des pays industrialisés à surexploiter les terres africaines pour chercher une solution à la crise énergétique et alimentaire mondiale sans cependant chercher à prendre en compte les problèmes de développement des populations locales ».

Rappelant le péril qui plane sur la survie et la sécurité alimentaire des communautés locales mozambicaines, la Cem appelle à « la restauration de l’écologie intégrale sur fond d’une réforme agraire qui respecte tout le monde, en particulier les personnes en perte d’autonomie, sans moyen d’assistance et de protection ».

Souha Touré

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