«La terre source de vie, pas de profit!»

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Cath-fr | mars 2017

«La terre source de vie, pas de profit!»

«La terre source de vie, pas de pro­fit», tel est le thème de la cam­pagne œcu­mé­nique 2017 de l’Ac­tion de Ca­rême, Pain pour le Pro­chain et Être par­te­naire.

L’Afri­ca­num a ac­cueilli une tren­taine de per­sonnes pour la séance de lan­ce­ment de la cam­pagne œcu­mé­nique 2017. La soi­rée a été pré­pa­rée par les Églises fri­bour­geoises ca­tho­lique et ré­for­mée de Fri­bourg grâce à la col­la­bo­ra­tion de Mel­chior Ka­nya­mibwa, nou­veau dé­lé­gué à la Mis­sion pour le can­ton de Fri­bourg et du pas­teur Mar­tin Bur­kard, res­pon­sable de la so­li­da­rité au sein de l’Église ré­for­mée.

La cam­pagne de ca­rême 2017 vise à sen­si­bi­li­ser sur un nou­veau phé­no­mène qui com­pro­met la sé­cu­rité ali­men­taire de mil­lions de per­sonnes: la vente et la lo­ca­tion de vastes ter­rains à des états étran­gers ou à des in­ves­tis­seurs. L’ac­ca­pa­re­ment de terres est une pro­blé­ma­tique af­fec­tant de vastes sur­faces de ter­rain par­tout dans le monde, sur­tout en Afrique et en Asie. Près de 43 à 200 mil­lions d’hec­tares, de­puis 2007, ont été ven­dues ou louées à des gou­ver­ne­ments étran­gers, des ac­teurs de la fi­nance, des mul­ti­na­tio­nales ou des par­ti­cu­liers, pour y culti­ver de ma­nière in­dus­trielle et ex­ten­sive de la nour­ri­ture, des ali­ments des­ti­nés aux ani­maux, des ma­tières pre­mières vé­gé­tales, des agro-car­bu­rants ou en­core à des fins pu­re­ment spé­cu­la­tives. Adap­tée à son en­vi­ron­ne­ment, l’agri­cul­ture pay­sanne se re­trouve pous­sée dans ses re­tran­che­ments par une in­dus­trie agri­cole qui consi­dère la terre comme une mar­chan­dise et comme un moyen de vite ga­gner beau­coup d’ar­gent. Or ce mo­dèle a déjà coûté leur base de sub­sis­tance à des mil­lions d’in­di­vi­dus.

Parmi les pro­blèmes ob­ser­vés sur le ter­rain qui ap­pau­vrissent les sols, il y a la forte pres­sion des culti­va­teurs qui aug­mentent leur zone de pro­duc­tion et ex­ploitent les ré­serves en eau, l’ap­pau­vris­se­ment des sols dû aux pol­lu­tions, au plas­tique, aux en­grais, aux pro­duits phy­to­sa­ni­taires et la sur­ex­ploi­ta­tion. De plus, il n’y a plus de ro­ta­tion de culture ou de ja­chère. Un nou­veau pro­blème est l’uti­li­sa­tion des désher­bants en lieu et place de la pré­pa­ra­tion tra­di­tion­nelle des ter­rains.

La cam­pagne dé­nonce pre­miè­re­ment, l’ac­ca­pa­re­ment des terres: pri­ver quelqu’un de sa terre, source ali­men­ta­tion et re­venu, pour faire de la mo­no­cul­ture et da­van­tage de pro­fit; puis, l’ac­ca­pa­re­ment de l’es­prit: trom­per, ma­ni­pu­ler.

En­fin, la cam­pagne pré­sente le su­jet dé­li­cat de l’aide. Com­ment ai­der de ma­nière éthique pour ar­ri­ver à un par­te­na­riat, à une ré­ci­pro­cité?

Élé­ment terre mon cher Wat­son

Un jeu ap­pelé «Élé­ment terre mon cher Wat­son», dé­ve­loppé par Frères des Hommes, une as­so­cia­tion de so­li­da­rité in­ter­na­tio­nale, a per­mis de dé­cou­vrir la pro­blé­ma­tique de l’ac­ca­pa­re­ment des terres dans le monde, d’ex­pé­ri­men­ter des si­tua­tions réelles d’in­jus­tice ou d’op­por­tu­ni­tés et de prendre conscience qu’il existe des al­ter­na­tives à l’ac­ca­pa­re­ment des terres.

Après la pro­jec­tion du film de cam­pagne «Terres vo­lées» par Do­ro­thée Thé­ve­naz Gy­gax, res­pon­sable de la for­ma­tion à l’Ac­tion de Ca­rême, et Pierre-Gilles Sthioul, res­pon­sable de la cam­pagne au sein de Pain pour le Pro­chain, la pa­role a été don­née à deux in­vi­tés Agnès et Pa­trick Thué­gaz, édu­ca­teurs spé­cia­li­sés et an­ciens en­voyés DM-échange et mis­sion au Ca­me­roun. Ce couple a cap­tivé l’at­ten­tion des par­ti­ci­pants par leur ap­port théo­lo­gique, té­moi­gnage et dis­cus­sion au­tour du lien à la terre. Pour les deux té­moins, être en­voyés est sy­no­nyme d’ou­ver­ture, de dé­pouille­ment, de prise de risque. «C’est un acte de confiance, d’ou­ver­ture et de soif de ren­con­trer l’autre dif­fé­rent. Cette dé­marche de­mande de se re­cen­trer sur l’es­sen­tiel, de la sou­plesse et une ca­pa­cité d’adap­ta­tion. Une fois sur le ter­rain de la mis­sion, il s’agit non pas de faire, mais d’être, d’ac­cep­ter de se lais­ser ac­cueillir, d’ai­der, d’ap­prendre de l’autre et de vaincre la ten­ta­tion de vou­loir don­ner des le­çons. Un défi de tous les jours est de ne pas im­po­ser aux autres ce que nous croyons juste. Ai­der est dé­li­cat il faut ni se dé­tour­ner, ni faire à la place de. Nous de­vons ap­prendre à vivre en­semble sur une même terre pour le bien de tous.»

Conver­sion du re­gard et du cœur

Le lien est clair avec le sens du ca­rême qui de­mande un re­nou­vel­le­ment de nos re­la­tions à nous-mêmes, à l’autre, à la terre, à Dieu. Cela né­ces­site co­hé­rence, prise de conscience, dia­logue, échange, écoute en com­mu­nauté, ou­ver­ture à une pro­blé­ma­tique, don de son temps, de son ar­gent. Être ca­pable, cha­cun là où nous sommes, d’un lé­ger dé­pla­ce­ment pour voir les choses au­tre­ment. Nous sommes ap­pe­lés à conver­tir notre re­gard et notre cœur.

Ce dés­équi­libre de­venu ins­ti­tu­tion­nel, où cer­tains s’en­ri­chissent au dé­tri­ment d’autres qui s’ap­pau­vrissent, met en dan­ger l’en­semble de la terre. Se battre pour la ri­chesse du sol et la di­ver­sité ga­ran­tit la ri­chesse d’une vie pos­sible pour tous et im­plique des choix cou­ra­geux, des prises de risque à contre­cou­rant dont les fruits ne se­ront pas im­mé­diats.

Sur le site de la cam­pagne de ca­rême 2017 (https://​voir-et-agir.​ch/​) vous trou­ve­rez toutes les in­for­ma­tions né­ces­saires:
  • Sign the petition to stop Industria Chiquibul's violence against communities in Guatemala!
  • Who's involved?

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