Affaires Daewoo : Le « GASY-Pillage » rapide et durable de Madagascar sous le régime de Ravalomanana

Faut-il avoir un visa coréen pour rentrer à Madagascar ?

Pour l’heure, cette question n’est pas encore à l’ordre du jour, mais dans un futur immédiat, et lorsqu’à Madagascar il ne restera plus que des portions congrues de terres appartenant aux déshérités malgaches, cette question ne relèvera plus de la fiction. En effet, dans le projet Daewoo mentionnant la cession des terrains cultivables à cette firme coréenne pour une durée de 99 ans, le risque réel pour une expropriation rapide et durable du peuple malgache laisse à penser que Madagascar ne gardera pas pour longtemps son appellation de « Tanindrazana » ou « Terre des Ancêtres ».

Le 18 novembre 2008, le Financial Times, journal de référence des milieux d'affaires internationaux, révélait que Madagascar s'était engagé à mettre en location 1,3 million d'hectares de terres (soit la moitié de la surface cultivable de la Grande île). Plus sidérant encore, la quasi gratuité du bail de 99 ans car les éventuelles contreparties se feront sous forme d'infrastructures moindres par rapport à des intérêts particuliers et personnels très lucratifs et au détriment de la collectivité nationale. La communauté internationale, quant à elle, cherche à comprendre pour révéler qu’il y a, indubitablement anguille sous roche.

C’est seulement lors de la conférence du mardi 9 décembre 2008, à l'Institut des Sciences Politiques, 27, rue St Guillaume à Paris, que nous avons appris les dessous de cette affaire avec MM Plaquin Zesrin, le journaliste J. Dominique Gelin de Jeune Afrique, le Père Sylvain Urfer, Philippe Rajaona. Ce, en présence de nombreuses personnalités ainsi que plusieurs journalistes de la presse internationale.

Outre l’analyse sociopolitique fort enrichissante des intervenants, cette conférence a permis de lever les voiles sur certaines affaires et actualités politiques ayant trait aux relations franco-malgaches. Pourquoi la France n’a toujours pas d’Ambassadeur à Tananarive alors que le sommet de la Francophonie y aura lieu en 2010 ? Cette situation est-elle révélatrice d’un malaise diplomatique entre le régime malgache actuel et la France ? Et cela depuis que marc Ravalomanana a menacé de retirer Madagascar de la Francophonie et de supprimer le Français comme langue officielle à Madagascar si la France ne cède pas à ses desiderata ?

L’Etat malgache pourrait rester laïque tant que le texte biblique servira de slogan de propagande pour certain candidat. Dans un pays de culture où s’opposer à une autorité -rien que dans les idées et dans les débats-, est perçu comme un signe d’impolitesse, comment peut-on envisager la mise en place effective d’une démocratie constructive prenant en compte une opposition politique ? Autant de questions qui n’ont pas encore reçu de réponses concrètes à ce jour...

Et, par synergie, il va falloir supporter pendant longtemps encore, au nom du «GASY-pillage», les conséquences désastreuses du "débarquement " d'entreprises de très grande taille dont les impacts négatifs se font déjà sentir à Taolagnaro : la hausse vertigineuse du coût de la vie, l'inévitable malaise ressenti par ceux qui n'ont que des mains vides et le syeux pour pleurer, face à l'insolence de ces étrangers qui ont "tout chambouler", fait craindre des troubles.

Le peuple assiste impuissant au SACCAGE de ce qu'il considère comme sa richesse. Ses plages de sable disparaissent sous ses yeux. Dès lors, qui va payer les inévitables et irréversibles détériorations dues à ces gigantesques extractions minières ?

On constate déjà le même phénomène à Ambatovy, à propos du cobalt… Dans le volet de l'agro-industrie, il y a fort à craindre de voir la généralisation de l'ex-territorialisation d’immenses exploitations qui vont détruire l'agriculture familiale avec, comme conséquences prévisibles, l'accentuation de la paupérisation du peuple voire la famine à grande échelle comme conséquence directe.

Cette situation reste encore aussi inquiétante que dramatique pour de nombreux Malgaches vivant au pays complètement déconnectés de la réalité, comme s’ils vivaient dans un autre monde mais sur un même territoire.

Alors que La Gazette de la Grande Île du 25 novembre 2008 avait révélé une demande d'acquisition de 336.200 hectares de terrains domaniaux dans la région de Maintirano, au profit d'une société dénommée « Madagascar Futur Entreprises (MFE) », domiciliée à la Villa Assist (2ème étage) à Ivandry-Antananarivo -. Aussi étrange ceu cela puisse paraître, cette adresse est aussi celle de l'antenne de Daewoo Logistics Corp à Madagascar. Le même quotidien faisait également mention de demandes de 94.182 ha dans le district de Brickaville, et de 33.767 ha dans celui de Toamasina.

Sans remuer le couteau dans cette plaie malgache, Hong Jong-wan, un dirigeant Daewoo ne cache pas son arrogance dans cette affaire. “Nous voulons y cultiver du maïs pour assurer notre indépendance alimentaire. La nourriture peut être une arme dans ce monde”, a-t-il déclaré pompeusement. “Nous pourrons soit vendre les récoltes à d'autres pays soit les rapatrier en Corée du Sud en cas de crise alimentaire”. Et pendant ce temps-là, les pauvres paysans malgaches doivent lutter pour leur autosuffisance alimentaire mais avec moins de surface de terres cultivables.

Peut-t-on imaginer qu’au lieu de défendre l’intérêt suprême du peuple malgache et de la souveraineté nationale, les gouvernants malgaches sont en train de commettre l’irréparable en expropriant des Malgaches de leurs terres ancestrales au profit d’un empire industriel coréen ?

Pourquoi, jusqu’à maintenant, aucune déclaration officielle de la part des autorités de l’Etat malgache ou des opposants politiques qui s’opposeraient à cet accord, n’a été enregistré ?

Peur de représailles ou manque de courage politique ? Pour sa part, l’ancien Président Didier Ratsiraka, surnommé l’amiral rouge, en exil en France, est sorti de son silence en constatant cette situation qu’il voit d’un très mauvais œil. Il déplore la médiocratie ambiante des opposants au régime autocratique de Marc Ravalomanana qui monopolise tous les secteurs qui marchent à Madagascar. Le businessman du soit-disant « développement rapide et durable » a décidé d’avancer droit avec ses énormes bottes, écrasant au passage toute remise en cause de sa méthode quasi-totalitaire à gouverner le pays comme s’il s’agissait de diriger son entreprise personnelle. L’appareil étatique ainsi que la Constitution républicaine malgache n’ont qu’à s’adapter à ses dépens.

En tous cas, il appartient désormais à tous les Malgaches de la terre entière de défendre leur patrie. Ces martyrs de la Nation, du temps des parents qui luttaient pour la libération de Madagascar du joug colonial, n’ont pas donné leur sang pour revenir au néocolonialisme à la sauce asiatique estampillée «Made by Daewoo».

Dossier préparé et mis en ligne par :

Augustin ANDRIAMANANORO

www.madagate.com

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